Israël en guerre - Jour 364

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Les investisseurs VC restent confiants dans la tech israélienne et sa « résilience »

Après une année de mise en veille, le secteur pourrait revenir à une "nouvelle normale" en 2024, et peut être même en sortir renforcé

Investisseurs, fondateurs et entrepreneurs se réunissent lors de la conférence annuelle VC trends à Tel Aviv, le 28 décembre 2023 (Crédit : Talmid Tali)
Investisseurs, fondateurs et entrepreneurs se réunissent lors de la conférence annuelle VC trends à Tel Aviv, le 28 décembre 2023 (Crédit : Talmid Tali)

Malgré les deux crises qui ont contribué à une réduction des financements dans ce secteur qui est le moteur de croissance du pays, les fonds de capital-risque locaux et internationaux restent optimistes en ce qui concerne la technologie israélienne.

« Le monde entier est conscient de l’impact très profond qu’Israël a eu au cours des dernières décennies sur la technologie mondiale », a indiqué Adam Valkin, directeur général de General Catalyst, une société de capital-risque basée aux États-Unis qui a investi des « centaines de millions de dollars » dans des entreprises fondées par des Israéliens ces huit dernières années, et notamment dans les sociétés de fintech Melio, Rapyd et Lemonade, ainsi que dans la société de soins de santé par intelligence artificielle Aidoc. Le fonds de capital-risque gère 25 milliards de dollars d’actifs.

« Israël est une composante très importante de notre stratégie mondiale et continuera de l’être », a-t-il déclaré lors d’un entretien téléphonique. « Sur le long terme, il est difficile de ne pas être très optimiste en ce qui concerne la technologie israélienne. »

Ce sentiment a été partagé par d’autres gestionnaires de fonds de capital-risque et investisseurs interrogés par le Times of Israel et par ceux qui ont assisté à une conférence technologique intitulée « Trends & Forecasts for 2024 – Israel’s VC Landspace » (Tendances et prévisions pour 2024 – l’espace VC d’Israël), à Tel Aviv la semaine dernière. La résilience des entrepreneurs israéliens face à l’adversité a été discutée lors de l’événement, soulignée par le fait que, malgré les roquettes, malgré le fait que beaucoup d’entre eux ont été mobilisés comme réservistes, ou ont des enfants qui font leur service militaire, malgré le soutien plus important qu’ils ont dû apporter à leurs conjoints et enfants, malgré la douleur des pertes subies à la suite des massacres commis par le Hamas le 7 octobre, et malgré la guerre qui a suivi dans la bande de Gaza et qui fait toujours rage, malgré tout cela, les entrepreneurs israéliens ont réussi à continuer à gérer leurs entreprises.

2023 a vu les levées de fonds des start-ups et des entreprises technologiques israéliennes chuter de 56 % par rapport à la même période en 2022. Le secteur est en effet confronté à un climat d’incertitude politique résultant du projet de réforme du système judiciaire proposé par le gouvernement de droite du Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a été suivi par le déclenchement de la guerre avec le Hamas, deux événements qui ont contribué à dissuader les investisseurs.

Après une période d’engouement mondial pour la technologie en 2021, au cours de laquelle le secteur technologique israélien a attiré 25,6 milliards de dollars d’investissements privés, on a assisté à un ralentissement des financements au cours du second semestre 2022. Ce ralentissement reflétait la tendance mondiale, les taux d’intérêt étant élevés et la chute des marchés boursiers mondiaux ayant entraîné des licenciements dans le secteur technologique. La tendance à la baisse s’est poursuivie en 2023, mais elle a été exacerbée en Israël par la refonte judiciaire controversée annoncée au début de l’année, qui a fait craindre aux investisseurs un affaiblissement des contrôles et des contre-pouvoirs démocratiques.

Puis vint le 7 octobre. Des milliers de terroristes de la bande de Gaza ont déferlé sur le sud d’Israël, tuant près de 1 200 personnes et en enlevant au moins 240 autres.

Adam Valkin, directeur général de General Catalyst, une société de capital-risque basée aux États-Unis. (Crédit : Autorisation)

Quelque 350 000 réservistes ont été rappelés après le déclenchement de la guerre, dont 10 à 15 % de la main-d’œuvre du secteur technologique, tant au niveau des fondateurs que des cadres et des employés.

« Nous avons plus d’une douzaine d’équipes fondatrices basées en Israël et chaque individu doit également faire face à sa propre situation », a expliqué Ed Sim, fondateur et partenaire général de boldstart ventures. « Alors oui, il y a un impact », a-t-il ajouté, « mais le niveau de résilience est exceptionnel. »

Depuis 2010, boldstart ventures dirige ou co-dirige des investissements dans 12 entreprises technologiques fondées par des Israéliens, dont Snyk et BigID, qui sont devenues par la suite des licornes de la cybersécurité évaluées respectivement à plus de 7 milliards et 1 milliard de dollars. Boldstart a investi plus de 150 millions de dollars dans ces 12 entreprises.

Sim, neuvième sur la Midas Seed List 2023 de Forbes, un classement des 25 premiers investisseurs mondiaux en capital d’amorçage, a déclaré qu’il venait de signer un nouvel accord d’investissement en Israël au début du mois de septembre, un mois avant le début de la guerre avec le Hamas.

Il a ensuite ajouté qu’il avait récemment parlé au fondateur du projet dans lequel il avait investi en septembre, qui lui avait annoncé avoir embauché les deux premiers employés de la startup. Un autre fondateur, qui avait également été rappelé en service de réserve, a fait savoir à Sim pendant une de ses permissions de l’armée qu’il avait conclu deux accords, que quatre autres étaient en passe d’être signés et que la startup avait embauché un employé pour le service clientèle aux États-Unis et qu’elle était en train de recruter un autre vendeur au Royaume-Uni, explique Sim qui a ajouté : « J’aimerais que tous mes fondateurs soient aussi résilients que les fondateurs israéliens ».

Dans le même esprit, Davor Hebel, associé gérant et directeur de la société Eight Roads Ventures Europe, basée à Londres, a indiqué que sa société avait élaboré, peu après le début de la guerre, une feuille de conditions pour un investissement de suivi dans l’une des entreprises de son portefeuille en Israël. Une autre opération est en cours de préparation, a-t-il ajouté.

De gauche à droite : Gigi Levy-Weiss, associé général chez NFX ; Liad Agmon, associé directeur chez Insight Partners ; Hamutal Meridor, associée chez Vintage Investment ; Yifat Oron, responsable des investissements technologiques en Israël pour Blackstone ; et Daniel Shinar, associé directeur chez Claltech/Access Industries s’expriment lors d’un panel de conférence à Tel Aviv le 28 décembre 2023. (Crédit : Talmid Tali)

Hebel gère des fonds d’une valeur de plus d’un milliard de dollars axés sur les investissements dans la modernisation des technologies en Europe et en Israël. Ces dix dernières années, Eight Roads a investi plus de 200 millions de dollars dans dix entreprises fondées par des Israéliens, dont HiBob, un fabricant de solutions RH, AppsFlyer, une société d’analyse marketing, et Fireblocks, une entreprise de fintech. Les sociétés qui composent son portefeuille ont rapporté qu’entre six et dix pour cent de leurs employés avaient été appelés au service de réserve, a souligné Hebel, mais les entreprises continuent à fonctionner selon leurs budgets et leurs plans initiaux.

« Je pense que cela fait partie de l’attrait de l’écosystème israélien : la résilience qui s’est construite au fil des ans », a-t-il expliqué.

L’avantage d’être orienté vers l’extérieur

Le secteur high-tech israélien est le moteur de l’économie du pays. Il représente 18 % du produit intérieur brut, 48 % des exportations et 11 % de la main-d’œuvre, selon Start-Up Nation Central (SNC). L’économie israélienne sera donc affectée par la manière dont elle traversera cette crise. La Banque d’Israël a déjà revu à la baisse ses prévisions de croissance du PIB pour 2023 et 2024, prévoyant une croissance de seulement 2 % pour chacune de ces années, alors que les prévisions de juillet, avant la guerre, étaient de 3 % pour chacune de ces années.

Selon Adam Fisher, partenaire de Bessemer Venture Partners, le secteur technologique est plus résistant que le reste de l’économie israélienne parce que ses produits sont presque tous destinés à l’exportation et ne sont donc pas affectés par la baisse de la demande locale. Axées sur l’exportation, beaucoup d’entreprises, en particulier les plus grandes, disposent également d’équipes opérationnelles basées aux États-Unis ou en Europe, qui peuvent intervenir en cas de crise.

En outre, du fait que le secteur israélien de la technologie est axé sur les logiciels, il peut facilement et rapidement passer en mode de travail à distance et/ou virtuel, comme cela a été le cas lors de la pandémie du COVID. Il ne nécessite ni logistique ni ports, car la plupart de ses produits sont basés sur le cloud computing, et n’est donc « pas impacté matériellement », a-t-il déclaré.

Bessemer est une société de capital-risque basée à San Francisco et à New York qui a investi dans plus de 70 entreprises technologiques israéliennes pour un total de 1,5 milliard de dollars au cours des 15 dernières années. Parmi les entreprises dans lesquelles elle a investi figurent Fiverr, Habana Labs, Melio, Wix et HiBob.

Ed Sim, fondateur et partenaire général de boldstart ventures. (Crédit : Autorisation)

« Les gens… font plus avec moins », a expliqué Alan Feld, fondateur et associé gérant de Vintage Investment Partners, en faisant référence à son capital-risque et aux employés des entreprises dans lesquelles ses fonds ont investi. Vintage est une société d’investissement basée à Herzliya qui gère 3,8 milliards de dollars d’actifs.

« Ce qu’un investisseur veut voir, c’est une entreprise capable de relever le plus grand défi imaginable et de survivre, car toutes les entreprises sont confrontées à des incertitudes », a déclaré Feld.

Ralentissement temporaire de l’afflux de nouveaux capitaux

S’exprimant lors d’un webinaire organisé le 2 novembre par l’IATI, une organisation faîtière des industries de haute technologie et des sciences de la vie, Ronen Nir, directeur général de PSG Equity à Tel Aviv, a déclaré qu’en raison du degré élevé d’incertitude, il est probable qu’il y ait un ralentissement temporaire du flux de nouveaux capitaux dans les entreprises technologiques israéliennes à court terme, car les investisseurs préfèrent attendre de voir comment la situation évolue et revient à la normale. Cette situation affectera davantage les petites entreprises que les grandes, qui ont généralement levé suffisamment de fonds pendant le boom financier qui a suivi la pandémie du COVID pour les aider à traverser cette crise. À plus long terme, l’économie devrait revenir à une « nouvelle normale au cours de l’année 2024 », et les investissements suivront.

Lors de la conférence « Trends & Forecasts for 2024 » qui s’est tenue fin décembre à Tel Aviv, un événement annuel organisé par l’accélérateur technologique Fusion et le cabinet d’avocats Pearl Cohen Zedek Latzer Baratz, auquel ont participé des investisseurs, des fonds de capital-risque et des cadres du secteur technologique, le message était que si les entreprises israéliennes continuent à tenir leurs promesses, l’industrie finira par se redresser. Les responsables politiques devront assurer un flux régulier de nouvelles startups, dont le nombre est en baisse depuis 2014. L’industrie a besoin d’une plus grande diversification, et doit cesser de se concentrer principalement sur les technologies de l’information et de la communication (TIC) pour s’orienter vers des domaines à forte croissance tels que les technologies climatiques, l’IA et la santé.

« Nous avons gaspillé une année entière de l’avenir de l’industrie », a déclaré Gigi Levy-Weiss, partenaire général de NFX. Israël doit s’assurer que 2024 sera une année charnière, a-t-il ajouté.

Liad Agmon, directeur général d’Insight Partners, a déclaré que le groupe mondial de capital-risque était toujours à la recherche d’investissements en Israël, un sentiment partagé par Yifat Oron, directrice générale principale et responsable des investissements technologiques et de croissance en Israël pour Blackstone, dont les actifs sous gestion s’élèvent à 1 000 milliards de dollars.

Le fait que la conférence se soit tenue alors que la guerre faisait rage depuis près de trois mois était un signe clair à la communauté internationale que le secteur israélien de la haute technologie se portait bien, même si cette année les choses étaient manifestement différentes.

Uria Lin, directeur d’Elron Ventures, a assisté à la conférence en uniforme de réserviste de Tsahal et muni d’un fusil. Guy Katsovich, partenaire fondateur de Fusion et l’un des organisateurs, a expliqué qu’à cause de la guerre, il avait parfois besoin de tendresse. D’autres ont parlé de leurs enfants dans l’armée, de leurs larmes, de la nécessité de jouer un rôle plus actif dans la société. Si sonner la cloche du Nasdaq était autrefois considéré comme une signature du caractère « israélien », aujourd’hui ce sont les larmes dans un cimetière militaire qui sont évoquées, a déclaré Levy-Weiss.

Ronen Nir, de PSG Equity, a déclaré lors du webinaire de novembre que la guerre pouvait même être une aubaine pour l’innovation israélienne.

Les conflits de sécurité et les guerres, a-t-il dit, sont généralement des « événements technologiques majeurs », où les technologies sont développées pour répondre aux besoins immédiats du front et sont ensuite réutilisées à des fins civiles.

Fort de son expérience, Nir a déclaré que « malgré le chaos et les temps difficiles que nous traversons, ils pourraient bien représenter les meilleurs catalyseurs pour une nouvelle vague d’innovation en Israël ».

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