Les Israéliens se lancent dans les mariages natures, des mariages uniques en leur genre
De nombreux Israéliens n’apprécient pas l’approche 'copier-coller' des salles de mariage, qu’ils considèrent inauthentiques
JTA – Dans ce petit pays, vous pourriez penser qu’il n’y a que peu d’endroits où célébrer un mariage. Que nenni.
Un nombre croissant d’Israéliens imaginent des mariages en extérieur uniques en leur genre.
« Nous avons fait venir des bulldozers pour un couple », a raconté Ori Fuks, organisateur de mariages israélien. « Ils voulaient se marier dans une ferme d’avocats, donc nous leur avons construit un parking. »
Les « mariages natures », comme ils sont parfois appelés, sont une option de plus en plus en plus plébiscitée par les jeunes couples qui cherchent à convoler en justes noces de manière unique. Ces dernières années, une véritable industrie a émergé de ces évènements en extérieur, proposant une alternative aux salles de mariages classiques.
Sani Maaman, employée dans le high-tech et âgée de 31 ans, et son futur époux Ran, étaient décidés à préparer leur mariage eux-mêmes. Avec l’aide des blogs de mariages israéliens et des groupes Facebook, ils ont passé des mois à prévoir un mariage, qui, disent-ils, leur ressemblait.
Contrairement à d’autres couples, Maaman et son fiancé n’ont pas commencé à partir de rien. Ils ont transformé un centre touristique biblique, appelé Genesis World, en une escapade dans le désert avec des tentes de style bédouins, des coussins, des décorations en macramé qui tourbillonnaient au vent, et une caravane de chameaux. Un DJ jouait de la musique du monde jusque tard dans la nuit.
« Les mariages natures sont devenus communs, mais je sais que notre mariage était très très spécial », a expliqué Maaman. « Ce qui était bien avec cet endroit, c’est qu’il n’était pas fait pour les mariages, ça ne fait pas commercial. Ils ne vous font pas payer pour chaque petite prestation. Si vous voulez un espace de détente, ils vous le donnent sans problème. »
Fuks a expliqué que de nombreux Israéliens n’apprécient pas l’approche « copier-coller » des salles de mariages, qu’ils considèrent inauthentiques. Après avoir travaillé dans deux de ces salles, que sa famille possède, il a lancé, en 2009, sa propre société, Bloom, qui se spécialise dans les mariages natures, dans des lieux qui ont peu ou pas d’infrastructure adaptée.
« Les jeunes israéliens veulent un mariage qui leur soit propre », a-t-il dit. « Ils veulent avoir l’impression qu’ils vous reçoivent chez eux. C’est pour cela que nous leur disons : nous créerons ce que vous voudrez. »
Fulks laisse les couples concocter chaque détail de leur mariage, à commencer par le lieu. En plus de la ferme d’avocats, il organise des mariages dans des forêts, des déserts, des vignobles, et des champs. L’an dernier, il a organisé un mariage dans une usine de palettes. Il travaille avec des fournisseurs qui proposent les infrastructures nécessaires, comme un générateur pour l’électricité, une cuisine et un bar, une sono, des systèmes d’éclairages, des toilettes, des tentes et des fleurs.
Juste après la fête, tout est démonté. Aucune infrastructure ne peut rester en place, explique Fuks, parce qu’il loue les espaces à des particuliers, et qu’il peut ne pas avoir les permis requis. Heureusement, il dit ne jamais avoir dû interrompre un mariage.
Fuks affirme que son affaire a pris de l’ampleur, et qu’il organise une trentaine de mariages par an, principalement durant les mois ensoleillés, entre mars et octobre. Parallèlement, il dit avoir vu ses concurrents, dans le secteur du mariage nature, se multiplier. Il n’étaient que deux il y a 8 ans et sont près de dix concurrents expérimentés, et de nombreuses personnes se lancent également dans cette voie.
Une commerciale de l’une des salles de mariage les plus huppées d’Israël a expliqué que la popularité grandissante des mariages nature n’a pas réduit pour autant sa clientèle. Mais elle a expliqué, sous couvert d’anonymat pour protéger son emploi, qu’elle s’attend à ce que cela change dans un futur proche. Chez ses amis de Tel Aviv, les salles de mariages sont déjà démodées.
« Les gens veulent se sentir spéciaux pour leur mariage », dit-elle. « Mais cette industrie n’est qu’une question d’argent. Vous dépensez de l’argent que vous n’avez pas, et nous gagnons de l’argent. Dans quelques années, tout le monde organisera son propre mariage. »
Cependant, les mariages nature ne sont pas nécessairement moins onéreux. Fuks indique que le coût moyen d’un mariage s’élève à 40 000 dollars, ce qui se situe en haut de la moyenne nationale, selon une enquête de 2015. Les mariages à 25 000 dollars de Maaman sont plutôt en bas de la moyenne nationale.
Lira Wieman, propriétaire de LW Events, a affirmé que les mariages nature ne sont pas une nouveauté pour ses clients, qui comprennent les célébrités israéliennes. Près des trois quarts des mariages qu’elle organise ont lieu en pleine nature, dit-elle. En mai, elle a organisé un mariage haut de gamme dans le désert pour le top model Shlomit Malka et l’acteur Yehuda Levy.
« Ils voulaient un évènement du style Burning Man », a expliqué Wieman, en référence au festival de rencontre artistique contre-culture américain. « C’était de la folie, trois jours dans un ranch isolé, avec ambiance dansante en permanence. »
Dans une certaine mesure, le mariage de Maaman, qui s’inspirait également de Burning Man, était également contre-culture. Comme un grand nombre d’Israéliens, elle et son mari ont fui le grand-rabbinat, l’autorité orthodoxe qui gère les mariages en Israël. Ils ont opté pour un rabbin humaniste laïc, et, parce que seul un rabbin orthodoxe peut officier lors d’un mariage, ils ne sont pas encore officiellement mariés.
Maaman a expliqué qu’ils ont l’intention de se marier à l’étranger, et de faire reconnaître leur mariage par la bureaucratie laïque israélienne, ou de faire un mariage de droit commun, deux options très en vogue.
Elle a expliqué que ce qui les a poussés à contourner le rabbinat était davantage d’ordre personnel qu’une question de principe. Ils voulaient se marier à une date interdite par loi juive, et souhaitaient une cérémonie égalitaire. Sous la ‘houppa (dais nuptial) en macramé, Maaman et son époux, ont, ensemble, brisé le verre en souvenir de la destruction de Jérusalem.
« Nous ne sommes pas des ‘anti’ », dit-elle. « Ce qui nous a guidé, c’était de faire un mariage qui nous ressemble. Nous avons fait ce que nous avions à faire. »
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