Les Juifs américains pleurent les atrocités commises par le Hamas
Les dirigeants affirment que les dons reçus pour Israël depuis le 7 octobre dépassent ceux des 50 dernières années ; les liens étroits entre Juifs se manifestent à nouveau
WASHINGTON, JTA – Depuis plus d’une semaine, le téléphone d’Herbert Block n’arrête pas de recevoir des messages de personnes qu’il ne connaît pas et qui veulent lui donner de l’argent.
Ces appels non sollicités ne le dérangent pas, car ils lui demandent tous la même chose : comment faire un don à Israël en ce moment ?
« Des gens de toutes les régions du pays, des gens qui disent : ‘J’ai essayé d’aller sur le site web et je n’ai pas compris’ ou ‘Je ne suis pas doué pour la technologie, comment puis-je faire un don' », a déclaré Block, directeur-exécutif du Mouvement sioniste américain (AZM).
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Block n’est pas le seul. Les responsables juifs affirment que le niveau et l’intensité des fonds reçus pour Israël depuis le 7 octobre, date à laquelle 2 500 terroristes palestiniens du Hamas ont envahi les localités du sud du pays pour massacrer des milliers de civils et pris en otage 210 personnes, dont des nourrissons.
Mardi, les Jewish Federations of North America (JFNA) ont annoncé avoir collecté 388 millions de dollars, cinq jours seulement après avoir fixé un objectif global de 500 millions de dollars. L’argent des JFNA est principalement destiné à l’aide médicale et psychologique. D’autres groupes, comme Friends of the IDF (Amis de Tsahal), collectent des fonds pour répondre à des besoins militaires urgents.
Julie Platt, présidente des JFNA, a déclaré qu’elle se souvenait de périodes similaires lorsqu’elle était enfant et que ses parents étaient actifs dans la collecte de fonds pro-Israël – pendant et après la Guerre des Six jours de 1967 et la Guerre de Kippour de 1973. À l’époque, comme aujourd’hui, les Juifs américains craignaient pour la survie d’Israël et ont ouvert leur porte-monnaie en conséquence.
« En tant qu’adulte, je n’ai jamais vécu une journée comme celle d’aujourd’hui », a déclaré Platt lors d’une interview.
« Depuis l’attaque du Hamas, nous ne ressentons pas un filet de soutien », a-t-elle déclaré. « C’est un déluge. »
Selon Gil Preuss, directeur-général de la Fédération juive du Grand Washington, ce n’est pas seulement l’intensité des dons qui est en cause, mais aussi leur montant. « Les gens donnent 10, 25, 50 000 dollars », a-t-il déclaré.
Preuss a déclaré qu’il s’approchait d’un montant total de 10 millions de dollars au niveau local lundi, un montant qui a été inclus dans les 388 millions de dollars annoncés mardi par les JFNA.
Si les sommes collectées aujourd’hui représentent un pic par rapport aux dernières années, elles sont pour l’instant bien inférieures aux crises précédentes. Dans la semaine qui a suivi le 7 octobre, l’UJA-Federation of New-York, a collecté 75 millions de dollars. La semaine suivant la guerre de 1967, elle avait collecté l’équivalent de 180 millions de dollars en dollars d’aujourd’hui. (Ces 75 millions de dollars, tout comme l’argent collecté par la UJA-Federation of Washington, font partie du total annoncé par les JFNA).
Mais la campagne de collecte de fonds actuelle intervient après des années de relations tendues entre Israël et les Juifs américains, – un groupe croissant de Juifs américains se sentant de plus en plus éloignés d’Israël. Cette année, un autre groupe de Juifs américains a exprimé ses liens avec Israël en s’identifiant aux centaines de milliers d’Israéliens qui ont protesté contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et ses efforts pour affaiblir les tribunaux.
Aujourd’hui, des Juifs américains qui, il y a quelques semaines, n’auraient peut-être pas prêté attention à Israël, voire se seraient sentis étrangers à ce pays, sont venus et ont ouvert leur porte-monnaie, a déclaré Preuss.
« Nous avons eu deux couples, probablement âgés d’environ 40 ans, qui ont réuni leur réseau d’amis, dont certains avaient été impliqués dans la Fédération, mais dont la plupart n’étaient pas impliqués et ne donnaient pas auparavant à la Fédération », a-t-il déclaré, se souvenant d’un événement qui s’est déroulé jeudi dernier, cinq jours après l’attaque. « Ce soir-là, ils ont récolté un million de dollars. »
Platt a déclaré que donner était la chose la plus immédiate et la plus pratique qu’un Juif pouvait faire face à l’impuissance qu’il ressentait devant les images et les récits de terroristes du Hamas assassinant des familles dans leurs maisons et de jeunes adultes lors d’une fête en plein air.
« Vous pouvez exprimer vos émotions de cette manière », a-t-elle déclaré. « C’est la seule chose très concrète et tangible que nous pouvons faire. C’est une façon pour nous d’exprimer notre profond chagrin, notre peur et notre amour pour le peuple d’Israël. »
L’une des grandes différences par rapport à 1967 et 1973 est que les Juifs américains peuvent aujourd’hui donner assez facilement directement aux organisations caritatives israéliennes et rechercher un large éventail de destinations possibles pour leur soutien financier. Cela signifie que les totaux des collectes de fonds rapportés par les JFNA sont susceptibles de refléter une proportion plus faible du transfert total de ressources des États-Unis vers Israël cette semaine.
Néanmoins, les lieux traditionnels de collecte de fonds, notamment les synagogues et les fédérations, se sont avérés durables. Et certains de leurs appels ont été spectaculaires : Le journal The Forward rapporte que la synagogue Park Avenue de New York s’était fixé un objectif de 18 millions de dollars ; vendredi, six jours après le début de la guerre, la synagogue avait atteint 16 millions de dollars. Le rabbin Elliott Cosgrove, citant l’impératif juif de sauver une vie, a demandé aux fidèles d’interrompre leur Shabbat et de scanner un code QR sur leurs programmes pour atteindre l’objectif, et dimanche, l’objectif était pratiquement atteint.
Parmi les 75 millions de dollars collectés par l’UJA figurent 22 000 dollars apportés par des étudiants de l’Université de New York qui se sont réunis pour lire des psaumes en apprenant le carnage et ont décidé qu’ils devaient faire quelque chose d’autre.
Block a indiqué que son organisation s’approchait des 100 000 dollars en date de mercredi – ce n’est pas une somme énorme comparée aux millions que d’autres collectent, mais c’est une somme importante pour un groupe qui se concentre davantage sur le plaidoyer que sur la collecte de fonds. L’argent ira aux efforts de réponse à la crise de l’Organisation Sioniste d’Amérique (ZOA).
L’attrait, a-t-il dit, est la gratification immédiate du besoin de faire quelque chose.
« Voilà quelque chose que je peux faire, vous savez, à mon bureau », a-t-il déclaré. « Le caractère unique de cette situation est sans précédent à tous points de vue. »
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