USA : Les manifestations anti-Israël gâchent déjà la rentrée sur plusieurs campus
4 personnes ont été arrêtées - aucun étudiant - lors d'un « die-in » à l'Université du Michigan ; A Cornell, 150 étudiants manifestent contre Israël dans le réfectoire le jour de la rentrée
JTA – Ce mercredi, les services de sécurité de l’université du Michigan ont dispersé une manifestation étudiante anti-Israël et la police a interpelé quatre personnes, signe de la reprise de l’activisme sur les campus des États-Unis en cette rentrée.
Aucune des quatre personnes interpelleées n’était étudiante, a déclaré à la presse le porte-parole de l’université. L’un d’entre eux est un contractuel de l’université. Un des manifestants arrêté a eu une altercation physique avec la police, précise le Michigan Daily, le journal étudiant.
Soutenue par un collectif étudiant propalestinien notamment composé de la section locale de l’organisation antisioniste Jewish Voice for Peace, la manifestation avait été organisée au moment d’une présentation en plein air des activités étudiantes pour le premier semestre.
Des membres de ce collectif ont indiqué sur Instagram qu’un étudiant avait été interpellé puis relâché.
De nombreuses universités, dont celles du Michigan, ont fait savoir qu’elles feraient respecter les règles relatives aux manifestations avec davantage de fermeté, ce trimestre.
L’université du Michigan a revu sa politique de mise en œuvre du règlement suite aux conclusions du département américain de l’Éducation ayant statué qu’elle avait enfreint les droits de ses étudiants juifs en intervenant peu pour contenir les manifestants. Des organisations juives et de défense de la liberté d’expression avaient fait part de leur inquiétude face à ces manifestations, et les arrestations massives qui avaient suivi avaient achevé d’installer une atmosphère hostile sur les campus, au printemps dernier.
A Ann Arbor comme ailleurs, les organisations en faveur de la rupture des relations avec Israël sont revenus sur le campus, plus déterminés que jamais à reprendre leur action.
La veille des arrestations, le Conseil étudiant de l’Université du Michigan avait adopté un budget provisoire pour les activités étudiantes de ce premier semestre suite à l’élection d’un président opposé au financement de toute organisation étudiante jusqu’à la rupture des relations de l’université avec Israël.
Arrests made at the University of Michigan after police mobilized to stop pro-Palestine campus takeover during The Diag Festival on campus.#michiganstate #PalestineProtests #CampusProtests pic.twitter.com/1iEJ4Qz0jg
— Ukraine Lives Matter (@ULM_Info) August 28, 2024
Ce qui s’est passé dans le Michigan illustre le retour, avec la rentrée, des manifestations violentes sur les campus. D’autres campus ont eux aussi renoué avec la controverse autour d’Israël et de Gaza.
Au Massachusetts Institute of Technology, un tract propalestinien a évoqué le Mapping Project, un site Internet qui répertorie les institutions juives de Boston et que nombre d’organisations et hommes politiques juifs estiment antisémite, sans compter le désaveu officiel dont il a fait l’objet de la part du mouvement Boycott, Désinvestissement, Sanctions.
La présidente juive du MIT, Sally Kornbluth, a condamné cet incident.
L’an dernier, elle s’est attirée de sévères remontrances en raison de l’antisémitisme qui a sévi au sein du MIT, mais a pu conserver son poste. Elle est la seule présidente d’un établissement de l’Ivy League à avoir professionnellement survécu à sa comparution devant le Congrès à ce titre.
« Je suis d’avis que le Mapping Project promeut l’antisémitisme », a écrit Kornbluth dans une lettre adressée aux étudiants cette semaine, ajoutant : « Des étudiants m’ont dit que ces prospectus diffusaient le message qu’ils n’étaient pas les bienvenus au MIT. Voulons-nous vraiment tracer des lignes de démarcation dès la rentrée, au risque que nos nouveaux étudiants se demandent s’ils ont vraiment leur place ici ? »
Le jour de la rentrée à l’université Cornell, lundi, près de 150 manifestants se sont retrouvés dans un réfectoire du campus pour protester contre Israël. Ils ont déployé des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Si on ne le fait pas maintenant, alors quand ? » en hébreu, allusion à une célèbre citation attribuée à Hillel, un sage juif. Ces manifestants ont reçu le renfort d’employés syndiqués de l’université, en grève pour des questions salariales. Personne n’a été interpellé, mais l’université a condamné le faux sang répandu sur un bâtiment administratif.
Cette semaine, certaines universités, comme Harvard, ont mis en garde leurs étudiants contre leur participation à des manifestations perturbatrices. Mais même dans les établissements ayant pris des mesures supplémentaires pour prévenir les troubles, des manifestations sont attendues.
Dans plusieurs universités californiennes, des militants propalestiniens avaient préparé des actions coordonnées jeudi. Au Pomona College, université privée des environs de Los Angeles, des manifestants masqués ont interrompu la cérémonie de rentrée, mardi. L’événement, diffusé en streaming, n’a donné lieu à aucune interpellation, et ce alors même que la direction avait fait savoir que les contrevenants à l’interdiction du port de masque seraient sanctionnés.
Bien qu’un juge fédéral ait rappelé que les universités ne pouvaient pas laisser des manifestants restreindre la libre-circulation des étudiants juifs sur le campus, des manifestants de l’Université d’État de Sonoma ont mis en place de faux « check points» israéliens et empêché l’entrée des étudiants sur le campus.
Sur le plan politique, la résistance conservatrice à ces manifestations s’est elle aussi remobilisée. Cette semaine, 24 procureurs généraux républicains ont mis en garde l’Université Brown contre la tentation de procéder à un vote sur le désinvestissement d’Israël en octobre, expliquant que cela pourrait avoir pour conséquence de priver Brown de subventions publiques conformément aux lois contre le boycott d’Israël. Brown avait accepté le principe d’un tel vote dans le cadre des négociations avec le mouvement de campement propalestinien qui avait affecté son campus au printemps dernier.
Certains campus, intenses foyers de protestation l’an dernier, restent jusqu’à présent relativement calmes. À l’Université Columbia et au Barnard College de New York, où les étudiants ont commencé à s’installer mais où les cours n’ont pas encore repris, de petits groupes d’activistes ont distribué des tracts sur Broadway, la rue qui sépare les campus, pour dénoncer Israël sans toutefois organiser de manifestation jeudi.
Sur les deux campus, l’accès est interdit aux personnes étrangères à l’université dans le but de limiter les influences extérieures sur l’activisme qui s’y déploie.