Les médiateurs espèrent qu’un accord sera conclu la semaine prochaine
Biden a déclaré que les parties étaient plus proches que jamais d'un accord après des progrès qui ont été réalisés au cours des dernières 48 heures ; le Hamas rejette les "nouvelles conditions", dit-il, d'Israël ; Netanyahu rencontrera Blinken lundi
Les discussions de haut-rang visant à conclure un accord qui ouvrirait la porte à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à la libération des otages retenus en captivité depuis plus dix mois ont été suspendues après quarante-huit heures d’avancées. C’est ce qu’ont indiqué les pays médiateurs qui ont fait preuve d’optimisme alors qu’ils viennent de présenter une proposition susceptible de résoudre les désaccords qui persistent entre Israël et le Hamas.
Le président américain Joe Biden a annoncé que le travail n’était pas terminé mais que les négociateurs étaient plus proches que jamais de conclure un accord et ce même si le Hamas, qui n’a pas pris part à cette série de pourparlers, a semblé rejeter « les nouvelles conditions », a-t-il dit, qui seraient imposées par Israël.
A Gaza, l’armée israélienne a émis de nouveaux ordres d’évacuation et elle a réduit les frontières d’une zone humanitaire après des tirs de roquette qui ont émané de cette dernière – avertissant les civils qu’ils devaient partir se réfugier ailleurs. Les militaires se préparent actuellement à de nouvelles offensives dans certaines parties de l’enclave, malgré les supplications de la communauté internationale qui demande avec ferveur à l’État juif d’éviter les actions susceptibles de saper les efforts menés en vue d’une trêve.
Les discussions entre les négociateurs israéliens et les médiateurs américains, qataris et égyptiens avaient commencé à Doha dans la journée de jeudi et elles se sont poursuivies vendredi. Les trois pays intermédiaires ont fait savoir, dans un communiqué, que ce sommet avait été « constructif ».
Le communiqué a ajouté que les équipes en charge des pourparlers se retrouveront au Caire pour finaliser un accord d’ici la fin de la semaine prochaine.
« Nous sommes plus proches que jamais » d’un accord, a confié Biden aux journalistes vendredi à la Maison Blanche après la suspension des négociations. Il a ajouté qu’un cessez-le-feu était « beaucoup, beaucoup plus proche qu’il ne l’était il y a trois jours ».
« On pourrait avoir quelque chose ici », a ajouté le président américain. « Mais nous n’y sommes pas encore ».
Un responsable israélien a fait savoir que la délégation qui était partie à Doha était revenue vendredi en fin d’après-midi et que le Premier ministre Benjamin Netanyahu devait s’entretenir lundi avec le Secrétaire d’État américain Antony Blinken qui doit effectuer un déplacement dans la région au début de la semaine prochaine.
Les membres de la délégation israélienne partiront au Caire dimanche pour tenter de résoudre les problématiques qui n’ont pas encore été réglées avant le sommet, a fait savoir la Douzième chaîne.
« Nous pensons, en quittant Doha, que nous avons fait un pas en avant positif mais ce n’est qu’un pas en avant. Il y a encore un travail énorme à réaliser », a commenté le porte-parole du Conseil national de sécurité de la Maison Blanche, John Kirby, devant les caméras d’une chaîne de télévision.
Dans une déclaration émise par son Bureau, Netanyahu a remercié les médiateurs pour leurs efforts visant à convaincre le Hamas de conclure un accord.
« Israël espère que leurs pressions amèneront le Hamas à accepter les principes de la proposition qui a été soumise le 27 mai par Israël de manière à ce que les détails de l’accord puissent être mis en vigueur », a-t-il déclaré.
La délégation israélienne a compris le chef des services d’espionnage israéliens, David Barnea, le responsable des services de sécurité du Shin Bet Ronen Bar et Nitzan Alon, qui est chargé de la question des otages au sein de l’armée.
La Maison Blanche, de son côté, avait envoyé le directeur de la CIA, Bill Burns, et l’envoyé sur le Moyen-Orient, Brett McGurk. Le Premier ministre qatari Sheikh Mohammed bin Abdulrahman Al Thani et le chef des renseignements égyptiens Abbas Kamel étaient également présents.
Les médiateurs ont expliqué que la proposition qui est actuellement réexaminée respectait les principes d’une offre présentée, fin mai, par Biden et qu’elle respectait aussi la Résolution 2 735 du Conseil de sécurité des Nations unies.
La proposition présentée par Biden au mois de mai, qui se basait sur l’offre soumise par Israël en date du 27 mai, consistait en un plan en trois phases aboutissant, à terme, à la libération de tous les otages, à la fin de la guerre et à la reconstruction de la bande de Gaza – une bande où le Hamas ne serait plus au pouvoir.
Les principes de l’accord avaient été adoptés par le Conseil de sécurité dans une résolution approuvée au mois de juin.
Le Hamas s’est officiellement tenu à l’écart des discussions mais il a rencontré les médiateurs dans leur sillage pour des consultations – de hauts-responsables du groupe terroriste rejetant la proposition et estimant qu’elle s’était éloignée de façon importante de l’offre qu’il avait lui-même soumise au début du mois de juillet.
Le Hamas a indiqué que la proposition comprenait « de nouvelles conditions » de la part d’Israël, avec notamment la demande de longue date de l’État juif de conserver une présence militaire le long de la frontière séparant Gaza de l’Égypte pour empêcher les trafics.
Israël « n’a pas respecté ce qui avait été convenu » dans des pourparlers antérieurs, a déclaré un officiel de premier plan du Hamas, Izzat al-Rishq, à Reuters.
Une source proche du dossier a expliqué à l’AFP que le groupe terroriste réclame « un cessez-le-feu complet, un retrait complet de la bande, le retour normal des déplacés et un accord d’échange » sans restriction.
La guerre à Gaza avait éclaté lorsque des milliers d’hommes armé du Hamas avait commis un pogrom dans le sud d’Israël, le 7 octobre, massacrant près de 1 200 personnes, des civils en majorité. Les terroristes avaient également kidnappé 251 personnes, qui avaient été prises en otage dans la bande de Gaza. Il resterait 111 captifs dans les geôles du Hamas. L’armée israélienne a confirmé la mort de 39 d’entre eux.
Le groupe terroriste avait libéré 105 civils au cours d’une trêve d’une semaine, à la fin du mois de novembre, et quatre otages avaient été remis en liberté avant cette pause dans les combats. Sept otages, dont une soldate, ont été secourus vivants par l’armée israélienne et les corps sans vie de 24 captifs ont aussi été rapatriés – notamment ceux de trois hommes qui avaient été accidentellement tués par l’armée alors qu’ils étaient parvenus à échapper à leurs geôliers à l’occasion d’un incident tragique survenu en décembre.
Le Hamas détient par ailleurs les corps des soldats de Tsahal Oron Shaul et Hadar Goldin depuis 2014, ainsi que deux civils israéliens, Avera Mengistu et Hisham al-Sayed, qui sont tous deux censés être en vie après être entrés dans la bande de Gaza de leur propre chef en 2014 et 2015 respectivement.
Le ministère de la Santé de Gaza, qui est placé sous l’autorité du Hamas, affirme que plus de 40 000 personnes ont été tuées ou sont présumées mortes dans les combats jusqu’à présent. Ce bilan ne peut être vérifié et ne fait pas la distinction entre terroristes et civils. Israël, de son côté, déclarait, au début du mois d’août, avoir tué environ 17 000 hommes armés au sein de l’enclave côtière en plus d’un millier sur le territoire israélien, le 7 octobre.
Une nouvelle opération de l’armée
Dans un communiqué transmis dans la soirée de jeudi, Hossam Badran, membre du Bureau politique du Hamas, a indiqué que les opérations continues à Gaza étaient un obstacle aux progrès en vue d’un cessez-le-feu.
Les combats ont toutefois continué vendredi, avec au moins cinq roquettes qui ont été tirées depuis le sud de la bande de Gaza vers la communauté frontalière de Nirim. L’une d’entre elles a été interceptée et les autres sont retombées dans les champs, a dit l’armée.
De son côté, l’armée a indiqué qu’elle se préparait à élargir son offensive dans certaines parties de Gaza, vendredi, demandant aux civils de trouver un refuge ailleurs.
Une partie du nord de Khan Younès était intégrée à la zone humanitaire désignée par Israël – mais Tsahal a fait savoir que ce statut serait révoqué et que des raids seraient lancés pour mettre un terme aux activités que mène le Hamas depuis ce secteur.
« En raison de nombreux actes de terrorisme, de l’exploitation de la zone humanitaire à des fins terroristes et aux tirs de roquettes en direction de l’État d’Israël qui émanent des quartiers situés au nord de Khan Younès, rester dans ce secteur est devenu dangereux », a noté l’armée.
Elle a aussi indiqué que les militaires pourraient entrer à l’Est de Deir al-Balah, dans le centre de Gaza, l’une des rares zones où l’armée n’a pas mené d’offensive terrestre intensive.
Dans le nord de Gaza, les Palestiniens de Beit Hanoun ont reçu l’ordre de « s’abriter dans le centre de Gaza City » en amont d’un raid prévu, a annoncé Tsahal.
Une source militaire a précisé que les hôpitaux situés dans le secteur n’avaient pas besoin d’être évacués et que Tsahal a transmis cette information aux responsables palestiniens de la santé et aux officiels au sein de la communauté internationale.
Le bilan humain du côté d’Israël, dans le cadre de l’offensive terrestre contre le Hamas et des opérations militaires qui ont eu lieu le long de la frontière, s’élève à 332 morts.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.