Les militants du mont du Temple appellent Netanyahu à “ouvrir les portes” à la prière juive
Deux ans après avoir failli être assassiné lors d'un évènement appelant au droit de prier sur le lieu le plus saint du judaïsme, Yehuda Glick est député du Likud, et sa cause est entrée dans les couloirs du pouvoir

Lundi, les militants du mont du Temple sont montés à la Knesset. Ils sont venus par dizaines assister à la conférence annuelle de l’organisation Dorshei Zion, qui coïncide avec une visite du sage juif Maïmonide au lieu saint il y a 851 ans.
Et ils sont venus célébrer le rétablissement de l’ancien militant Yehuda Glick, qui a été blessé par quatre balles tirées par un terroriste palestinien devant la convention de l’organisation à Jérusalem il y a deux ans jour pour jour, selon le calendrier hébraïque.
La conférence de lundi n’était pas la première à avoir lieu au Parlement israélien, et elle était organisée en coordination avec Glick, qui est à présent un actif député du Likud. Il a certainement fait plus que quiconque dernièrement pour faire entrer le sujet du droit à la prière juive sur le complexe sacré et instable dans le discours public.
Autrefois sujet marginal, le militantisme pour le mont du Temple est devenu de plus en plus courant ces dernières années dans les cercles orthodoxes israéliens, alors même que les Palestiniens attribuent la vague d’attaques terroristes longue d’une année à la colère de leur population devant les changements imminents en Israël des accords sur le lieu saint, qu’Israël dément fermement prévoir.
La popularité croissante du mouvement a semblé être corroborée par la localisation de la conférence de lundi, au cœur du royaume politique d’Israël, et les appels des ministres du Likud et du parti de droite HaBayit HaYehudi à un élargissement de l’accès au site. Yuli Edelstein, le président de la Knesset, et Glick ont également utilisé l’évènement pour annoncer le lancement d’un nouveau lobby du mont du Temple à la Knesset.

L’évènement parfois excentrique, parfois émouvant a également été l’occasion d’une leçon d’histoire par un Sheikh autoproclamé « sioniste coranique », et de la remise de récompenses au ministre israélien de la Sécurité intérieure, à la mère de Hallel Ariel, victime du terrorisme de 13 ans qui a été poignardée à mort dans son lit en juin dernier, et à un jeune militant qui a récemment été arrêté par la police, après avoir tenté de mener le sacrifice rituel de Pessah sur le mont.
« Ouvrir les portes »
Autrefois visiteur fréquent du complexe, avant qu’une interdiction des visites des députés sur le site ne soit mise en place il y a un an, le ministre de l’Agriculture Uri Ariel (HaBayit HaYehudi) a imploré lundi pendant son discours le Premier ministre Benjamin Netanyahu d’ « ouvrir les portes » aux fidèles juifs du mont du Temple, que, dans le cadre de l’accord de statu quo avec ses gardiens jordaniens, les non musulmans peuvent visiter, mais où ils n’ont pas le droit de prier.
« Ouvrez les portes du mont du Temple, a exhorté Ariel. Mettez fin à la honte, mettez fin à la détresse, mettez fin à l’absence de souveraineté. »
Le ministre de HaBayit HaYehudi a également parlé de l’interdiction qui l’empêche actuellement lui, et les autres députés, de visiter le site, disant aux membres du public qu’il était « jaloux » d’eux.

« Malheureusement, les conseillers du Premier ministre et lui-même l’empêchent, injustement, et à tort », a-t-il ajouté.
Ariel, qui a été filmé en train de réciter une prière sur le mont en octobre dernier, a été précédé sur scène par un autre membre de son parti, le vice-ministre de la Défense, Eli Ben Dahan, qui a également appelé le gouvernement à modifier le statu quo. A son précédent poste de ministre des Affaires religieuses, Ben Dahan avait préparé des régulations de la prière juive sur le site, a-t-il déclaré. « Le gouvernement d’Israël doit adopter ces régulations le plus tôt possible », a-t-il déclaré.

Dans son discours, la vice-ministre des Affaires étrangères Tzipi Hotovely (Likud) a déclaré que le ministère israélien des Affaires étrangères commencerait à offrir aux dignitaires étrangers des découvertes archéologiques de la Cité de David voisine, suite aux récentes résolutions de l’UNESCO qui ont ignoré la relation du judaïsme au lieu saint, et peu avant le 50e anniversaire de la guerre des Six Jours, pendant laquelle Israël a conquis la Vieille Ville et le mont du Temple.
« J’appelle quiconque n’est pas monté sur le mont du Temple à visiter le mont du Temple », a déclaré Hotovely.
D’autres députés du Likud, dont Edelstein, Zeev Elkin, ministre de Jérusalem, et Gilad Erdan, ministre de la Sécurité intérieure, ont été plus modérés dans leur soutien, prodiguant leurs hommages à Glick et soutenant la prière juive sur le lieu saint, mais n’allant pas jusqu’à soutenir une modification du statu quo.
En acceptant une récompense de l’organisation pour ses efforts d’amélioration de la situation sur le site contesté, Erdan a déclaré que le sujet était « très, très compliqué et très explosif ».
Faisant une différence entre ses opinions personnelles sur le sujet et ses responsabilités professionnelles, Erdan a déclaré que, « à mon avis, notre droit au mont du Temple est inébranlable. »

Le ministre, qui supervise la police, a ajouté que le statu quo était « discriminatoire envers le peuple juif. Qu’y pouvez-vous ? C’est la vérité. »
Et pourtant, a-t-il souligné, ni la police, ni aucun député ne peut changer le statu quo, mais seule « la direction politique », une référence à Netanyahu, en coordination avec la Jordanie et d’autres pays, le peut.
Edelstein a annoncé qu’il avait lancé avec Glick un nouveau lobby au parlement, dans l’objectif de faire avancer le sujet de la prière sur le mont du Temple.
Comme beaucoup d’autres orateurs, Edelstein a longuement fait référence aux résolutions de l’UNESCO, disant qu’elles étaient une « blague ». « Vous ne pouvez pas débattre avec une blague », a-t-il déclaré.
Un Sheikh sioniste, la mère d’une victime du terrorisme
Assis au premier rang, entouré de son épouse et de députés de droite, Glick s’est levé pour serrer la main de chacun des orateurs. Mais le rabbin, né aux Etats-Unis, a réservé ses remerciements les plus affectueux, une accolade chaleureuse, au député du Likud Amir Ohana, le seul député ouvertement gay du parti, qui a été le garde du corps bénévole de Glick après la tentative d’assassinat.

La conférence a également permis à un Sheikh sioniste de lire des passages de la Bible (sous les applaudissements) et du Coran (avec moins d’applaudissements), et d’argumenter avec passion en faveur des relations du judaïsme au mont du Temple.
Plusieurs militants ont reçu des récompenses de l’organisation, dont Rena Ariel, mère endeuillée, qui a été honorée par le ministre de l’Agriculture, son cousin par alliance. Rena Ariel, calme et fervente, fondatrice du mouvement des « Femmes du Temple », a accepté la récompense et reçu une standing ovation. Elle a appelé à plus de visites sur le site, et particulièrement à des visites d’enfants.
« Je suis un peu embarrassée qu’après 50 ans, nous devions supplier pour prier sur le mont du Temple… Nous avons toujours l’opportunité de réparer cela, parce que cette année est l’année de Jérusalem dans le système scolaire : plaçons le mont du Temple au centre, montrons le mont du Temple aux enfants et aux familles, et l’année prochaine cette conférence aura lieu sur le mont du Temple », a-t-elle déclaré.

Le militant Refael Morris a également été honoré. Il dirige le mouvement « Retour au mont » et a été arrêté en avril par la police alors qu’il était en chemin pour le mont du Temple, avec une chèvre vivante dans une remorque, pour préparer un sacrifice rituel de Pessah.
Pendant son discours, Morris s’est éloigné de manière surprenante du ton conciliant adopté par la plupart des orateurs de la conférence, qui ont appelé à la prière juive aux côtés des fidèles chrétiens et musulmans. Il a appelé à la construction d’un troisième Temple et à raser les sites musulmans. « Et nous conquerrons aussi la Jordanie et la Syrie », a-t-il ajouté, et « construirons un état réellement juif ici. »
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