Israël en guerre - Jour 429

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Les missions diplomatiques de l’UE réclament l’arrêt des démolitions en Cisjordanie

Différentes missions européennes estiment qu'Israël "doit rendre ou indemniser" dix pays ayant versé des aides humanitaires après la destruction d'une école près de Bethléem

Un Palestinien âgé s'éloigne alors que les bulldozers militaires démolissent une école qui aurait été construite, selon Israël, sans autorisation dans le village de Jabbet al-Dhib, à l'Est de Bethléem en Cisjordanie, le 7 mai 2023. (Crédit : Hazem Bader/AFP)
Un Palestinien âgé s'éloigne alors que les bulldozers militaires démolissent une école qui aurait été construite, selon Israël, sans autorisation dans le village de Jabbet al-Dhib, à l'Est de Bethléem en Cisjordanie, le 7 mai 2023. (Crédit : Hazem Bader/AFP)

Un groupement de missions diplomatiques de toute l’Europe, avec à leur tête le bureau du représentant de l’Union européenne (UE) en Cisjordanie et à Gaza, a appelé Israël à stopper toutes les démolitions des écoles et autres structures construites avec l’aide humanitaire de l’UE en Cisjordanie. Ils ont aussi demandé que les employés des organisations humanitaires aient le droit de se déplacer librement sur tout le territoire de la Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

Dans un communiqué de presse qui a été émis vendredi, les consulats-généraux de Belgique, de France, d’Espagne, de Suède et du Royaume-Uni, aux côtés des bureaux de représentation du Danemark, de la Finlande, d’Allemagne et d’Irlande – en plus du bureau de l’Union européenne en Cisjordanie et à Gaza – s’en sont pris à Israël pour la démolition récente – elle avait eu lieu au début du mois – d’une école qui avait été financée par les Européens dans le village de Jubbet al-Dhib, aux abords de Bethléem, et pour « les menaces de démolition qui pèsent sur 57 autres écoles de Cisjordanie ».

Début mai, les ingénieurs de l’Administration civile avaient rasé l’école de Jubbet al-Dhib, construite par les Palestiniens sans les autorisations nécessaires dans le parc national de Herodium, en Cisjordanie.

Une démolition qui avait suivi un jugement émis au mois de mars par une Cour de district, qui avait estimé que la structure était dangereuse et qu’elle risquait de s’effondrer rapidement.

L’UE avait critiqué âprement cette démolition et un porte-parole avait indiqué que l’UE « est sous le choc de cette nouvelle ».

Dans leurs échanges avec les autorités israéliennes, les missions diplomatiques ont appelé Israël, vendredi, « à rendre ou à indemniser toute l’aide humanitaire qui a été financée par le groupe de donateurs », disant que « la valeur totale des objets donnés et qui ont été détruits, démontés ou saisis depuis 2015… a été évaluée à 1 291 000 d’euros. ».

Une image prise par l’ONG israélienne Regavim montrant une école de la zone C portant un drapeau de l’UE. (Crédit : Regavim)

Les missions ont aussi fait part, vendredi, de leur « vive inquiétude » pour les plus de 1 000 Palestiniens dont l’expulsion d’une zone aride de Cisjordanie – connue sous le nom de Masafer Yatta – est imminente. Le secteur a été désigné comme zone d’entraînement pour les soldats qui y apprennent à tirer à balle réelle.

L’ordonnance d’expulsion avait été confirmée au mois de mai dernier par la Cour suprême israélienne après une bataille judiciaire qui avait duré vingt ans. La majorité des résidents sont restés dans les parages, même si les forces de sécurité israéliennes viennent périodiquement y détruire des structures.

Masafer Yatta est une zone constituée de huit hameaux qui sont situés dans les 60 % de la Cisjordanie connus sous le nom de Zone C, dont l’armée israélienne a le contrôle dans le cadre des accords de paix qui avaient été conclus avec les Palestiniens dans les années 1990. Les constructions palestiniennes édifiées sans autorisation militaire – une autorisation qui est presque impossible à obtenir, déplorent les habitants – sont susceptibles d’être détruites.

Mohammed Abu Sabaha, 46 ans, et sa fille Zeynab posent parmi les ruines de la maison familiale démolie par l’armée israélienne, dans le hameau palestinien d’al-Fakhit à Masafer Yatta, en Cisjordanie, 1er lundi août 2022. (AP/Nasser Nasser)

En 1979, l’armée avait exproprié 30 kilomètres-carrés de terres, déclarant le périmètre zone de Tir 918. Depuis, les militaires ont cherché à évincer les Palestiniens qui vivent dans les huit villages qui se trouvent dans le secteur, la majorité d’entre elles étant des habitations basses, avec des toits de fortune.

Les Palestiniens locaux déclarent, pour leur part, qu’ils étaient là avant que la zone de tir ne soit créée – ce qui signifie que la loi israélienne ne permet pas qu’ils soient expulsés. Les autorités israéliennes rejettent cet argument et les défenseurs du gouvernement ont eu l’occasion de présenter des photos par satellite qui, selon eux, prouvent qu’aucune structure résidentielle n’était visible sur les collines avant les années 1990.

Vendredi, les missions diplomatiques ont aussi évoqué « l’incapacité, par Israël, à protéger les Palestiniens et à poursuivre les partisans violents du mouvement pro-implantation », notant des incidents récents survenus dans la ville palestinienne de Burqa, où des résidents d’implantations extrémistes ont mis le feu à des habitations et où ils ont agressé des villageois. Les Européens ont aussi parlé de Huwara, où des Israéliens du mouvement pro-implantation avaient saccagé le village suite à un attentat terroriste – un saccage et des violences qui avaient été qualifiées de « pogrom » par un général israélien.

Les missions « ont souligné leurs inquiétudes au sujet des déclarations dangereuses, continues, qui sont susceptibles d’inciter à encore plus de violences, et ils ont aussi affirmé que leurs partenaires présents sur le terrain considéraient que l’expansion des implantations a entraîné des violences plus fortes encore de la part des partisans du mouvement pro-implantation ». Elles ont appelé Israël « à mettre un terme à une politique d’expansion qui refuse tout développement palestinien » en Cisjordanie.

Capture d’écran d’une vidéo tournée dans le village de Burqa, en Cisjordanie, montrant un incendie déclenché lors d’affrontements entre Palestiniens et partisans extrémistes du mouvement pro-implantations, le 24 mai 2023. (Capture d’écran : Twitter. Used in accordance with Clause 27a of the Copyright Law)

Alors que la communauté internationale considère comme illégales toutes les implantations de Cisjordanie, Israël fait la différence entre les habitations construites dans les implantations sur des terres appartenant à l’État et qui sont autorisées par le ministère de la Défense et les avant-postes édifiés sans les permis nécessaires et souvent sur des terres privées palestiniennes.

Au mois de mars, les députés ont donné le feu vert à l’abrogation d’une loi datant de 2005 qui avait interdit la présence israélienne dans quatre implantations du nord de la Cisjordanie.

Un vote qui avait eu lieu un mois après que le cabinet du Premier ministre Benjamin Netanyahu a approuvé la légalisation de neuf avant-postes localisés dans les profondeurs de la Cisjordanie en réponse à une série d’attentats palestiniens – une décision qui avait été largement condamnée.

La semaine dernière, les députés ont adopté un budget de l’État qui investira plusieurs milliards de shekels dans les implantations et dans les infrastructures de transport en Cisjordanie, ancrant encore davantage la présence israélienne dans le territoire disputé.

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