Les néo-nazis saluent la « déesse aryenne » Taylor Swift
Des suprémacistes blancs croient que la chanteuse 'attend Donald Trump pour qu’il lui permette d’annoncer sans risques ses idées aryennes au monde'
JTA – Taylor Swift ressemble peut-être trait pour trait à l’Américaine typique, selon la suprématie blanche, elle est en fait une nazie de cœur, nourrissant ses légions de fans avec des messages racistes enrobés dans ses chansons honorées aux Grammy Awards avec des paroles de saccharine et des beats incroyables.
Le blog Broadly de Vice a exploré en détails l’étendue et l’origine de cette théorie du complot dans un post, lundi, parlant à Andre Anglin, écrivain du blog Stormer Daily sur la suprématie blanche, de l’appel fasciste de la chanteuse aux cheveux blonds et aux yeux bleus.
« Tout d’abord, Taylor Swift est une déesse aryenne pure, comme un personnage sorti de la poésie grecque classique. La réincarnation d’Athena », a déclaré Anglin. « C’est également un fait établi que Taylor Swift est secrètement nazie et attend simplement le moment où Donald Trump lui permettra de s’exposer sans risques et d’annoncer ses idées aryennes au monde ». (Il n’a fourni aucune preuve du soi-disant « fait établi »)
La référence à Trump relie ce mème cas particulier au récent phénomène politique du « droit alternatif », plus communément appelé le « alt-right », une sous-culture amorphe et vague qui vit sur internet et est définie par son caractère ouvertement raciste et ses vues ultra-nationalistes – et connue pour son soutien du candidat républicain présumé à la présidence.
Mais la connexion fasciste implicite entre Swift et Hitler date d’avant la montée de Trump, selon Milo Yiannopoulos, un chroniqueur pour le site internet de droite Breitbart. Son origine possible est une série de photos satiriques, commencée en 2013 par l’adolescente utilisant Pinterest, Emily Pattinson, qui a couvert les photos de Swift avec des citations d’Hitler attribuées à la chanteuse.
Cela n’a pas fait rire les avocats de Swift, exigeant que Pinterest supprime les messages et déclarant : « L’association de Mme Swift avec Adolf Hitler est incontestablement « nocive », « abusive », « ethniquement offensante », « humiliante pour d’autres personnes », « diffamatoire », et sans doute « autrement répréhensible ».
Mais les néo-nazis ont embrassé l’idée, écrivant régulièrement sur Swift dans le Stormer Daily avec l’enthousiasme sans limites des groupies du lycée, la qualifiant d’ « avatar nazie des peuples européens blancs », et s’inquiétant qu’elle « succombe au Marchant » – ce qui signifie qu’elle cède face aux Juifs.
Il y a aussi une page Facebook « Taylor Swift pour une Europe fasciste » avec près de 20 000 followers. Un post récent a ainsi été titré : « Je vous remercie pour le soutien continu. Taylor va ramener le Grand Reich ».
Ce groupe est enregistré comme page « comédien », ce qui rajoute à la nature ironique possible du meme, au moins pour certains. Yiannopoulos reconnaît ce point. « Comme le mouvement « alt-right » lui-même, l’histoire d’amour sur internet de l’extrême-droite avec cette pop star est surtout sincère, mais avec un parfum enivrant de satire et de fauteur de trouble » écrivait-il.
Et puis, lorsqu’il a été contacté par Broadly, le community manager de la page, qui est resté anonyme, a écrit dans un mail que, bien qu’il ne pense pas que Swift envoie des messages secrets à travers ses chansons pop, il pense qu’elle « incarne l’esprit aryen ».
« Etre un aryen dans sa tête est ce qui complète le fasciste », a écrit le community manager, en soulignant que Kim Kardashian et Miley Cyrus, par exemple, n’ont pas l’esprit aryen. Dans le cas de Swift, cet « esprit » peut se référer au fait que, comme l’a dit Broadly, « elle apparaît comme une conservatrice de naissance, mais garde également la politique en dehors de son identité publique ».
« [Swift] est l’anti-Miley », a déclaré Anglin du Stormer Daily à Broadly. « Alors que Miley s’adonne à des gang-bangs avec des messieurs de couleur, elle est à la maison avec son chat à lire Jane Austen ».
Que ce soit une pop star ou une femme politique, le mouvement alt-right sait clairement comment trouver des personnalités pour amplifier sa bigoterie.