Les objectifs du raid de Jénine étaient clairs mais son impact reste à voir
L'armée a voulu restaurer la dissuasion dans le nord de la Cisjordanie pour des opérations futures et moindres ; les terroristes palestiniens n'auront opposé que peu de résistance
Mercredi à environ deux heures du matin, les dernières troupes israéliennes ont quitté Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, après une incursion de deux jours qui a pris pour cible les petits groupes terroristes dans le camp de réfugiés rebelle de la ville.
L’armée israélienne avait un objectif clair lorsqu’elle a lancé ce qu’elle a qualifié de « raid à l’échelle des brigades » – une expression qu’elle a préféré au terme « d’opération » – lundi, aux toutes premières heures de la matinée : Faire en sorte que les terroristes palestiniens ne puissent plus considérer le camp de réfugiés de Jénine comme un « refuge » et permettre aux soldats israéliens de bénéficier « d’une plus grande liberté d’action » lors des prochains raids qu’ils seront amenés à mener dans cette ville de Cisjordanie.
En interne, l’armée a nommé l’opération « Bayit Vagan » – ce qui signifie littéralement Maison et Jardin. C’est une référence au nom biblique de Jénine et le terme a aussi été utilisé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Le porte-parole de Tsahal a toutefois insisté sur le fait que la campagne n’avait pas de nom officiel. Les militaires ont ainsi semblé chercher à minimiser l’ampleur du raid.
Tsahal, en effet, retournera bientôt à Jénine. De hauts-responsables militaires ont indiqué, pendant toute la campagne, que les activités des soldats, entre lundi et mercredi, n’étaient que la première phase d’une série de raids visant à sévir contre un « bastion du terrorisme, » selon l’armée, qui s’est implanté dans la ville et dans ses alentours. Un certain nombre d’attaques contre des Israéliens ont été commises, ces dernières années, par des Palestiniens du secteur et les observateurs s’accordent à dire que l’Autorité palestinienne n’a que très peu de contrôle sur le terrain.
Selon l’armée, depuis l’année dernière, environ 50 attentats à l’arme à feu ont été commis par des terroristes originaires de Jénine et de ses environs et 19 Palestiniens qui étaient recherchés par les forces de sécurité israéliennes avaient trouvé refuge à Jénine.
Le raid de Tsahal s’est concentré sur une aile locale du groupe terroriste du Jihad islamique palestinien, connue sous le nom de Bataillon de Jénine, ainsi que sur d’autres organisations armées de taille plus modeste de la ville et du camp de réfugiés. Ces organisations ont opposé une résistance féroce aux opérations israéliennes depuis un an, avec notamment, le mois dernier, une bombe qui avait été placée au bord d’une route et qui a explosé au moment du passage d’un véhicule militaire, blessant sept soldats.
Mais pendant le raid de cette semaine, les combattants palestiniens ont été largement aux abonnés (presque) absents.
Selon Tsahal, les 300 hommes armés palestiniens à peu près qui se trouvaient dans le camp de réfugiés de Jénine ont pris la fuite, permettant aux soldats de localiser et de détruire leurs infrastructure au prix d’affrontements de moindre ampleur.
Les militaires ont fait savoir que plus de 300 suspects palestiniens ont été interrogés et que 30 d’entre eux subiront des interrogatoires supplémentaires.
Pendant toute la campagne, qui a impliqué plus d’un millier de soldats, les troupes ont localisé et démoli huit entrepôts de stockage d’armement, six laboratoires qui fabriquaient des explosifs – avec un grand nombre de bombes prêtes à être utilisées – trois cellules de crise qui étaient utilisées par des combattants palestiniens pour observer les forces israéliennes et d’autres « infrastructures terroristes ».
Les bulldozers de l’armée ont détruit plusieurs routes du camp pour trouver les potentielles bombes improvisées qui leur avaient été signalées par les services de renseignement – une leçon tirée de l’explosion du véhicule qui avait blessé les sept soldats, le mois dernier.
Tsahal a précisé avoir saisi au moins 24 fusils d’assaut, huit armes de poing et des dizaines de balles – ce qui reste une goutte dans l’océan s’agissant du nombre incroyablement élevé d’armes qui, selon les estimations, se trouveraient entre les mains des Palestiniens à Jénine.
L’armée estime avoir tué au moins 18 combattants palestiniens pendant le raid. Plusieurs sont morts dans les frappes aériennes qui ont eu lieu au début de l’opération et qui ont pris pour cible un centre de commandement conjoint qui était partagé par des groupes armés variés de la ville.
Les responsables palestiniens de la Santé ont annoncé, de leur côté, que douze personnes avaient été tuées et qu’une centaine de personnes avaient été blessés pendant les frappes aériennes de Tsahal et les affrontements qui ont opposé les soldats et les Palestiniens au cours du raid. 20 personnes seraient actuellement dans un état grave.
Les Palestiniens qui sont morts étaient impliqués dans les combats mais quelques civils figurent parmi les blessés, a annoncé l’armée israélienne.
Un soldat a perdu la vie alors que les troupes commençaient à se retirer de la ville, mardi en fin d’après-midi, même si l’armée soupçonne qu’il a pu être la malheureuse victime d’un « tir ami ».
L’opération de cette semaine ne visait pas à éradiquer, comme par magie, le terrorisme palestinien dans le nord de la Cisjordanie. Il visait plutôt à commencer à restaurer la dissuasion israélienne contre les hommes armés palestiniens qui font preuve d’une audace croissante dans leurs attaques.
Les militaires espèrent qu’ils seront maintenant en capacité d’entrer dans Jénine pour y mener les raids « habituels » dans le cadre de la lutte antiterroriste qu’ils ont pu mener jusqu’à présent, avec un nombre moindre de soldats et sans affronter la résistance acharnée à laquelle ils font face depuis un an.
Si les combattants palestiniens n’ont pas lancé de combat majeur dans l’opération de cette semaine – une opération qui figure parmi les plus importantes à avoir été réalisée en Cisjordanie en l’espace de deux décennies – son impact majeur ne sera véritablement établi que lorsque l’armée retournera à Jénine pour son prochain raid, qui pourrait avoir lieu d’ici quelques jours.
« Il y a une série d’opérations prévues ici », a commenté lundi le général Yehuda Fox, chef du Commandement central de Tsahal, en s’adressant aux journalistes. « Tout comme nous nous trouvions là-bas il y a une semaine et il y a deux semaines, nous terminerons cette opération et nous reviendrons dans quelques jours ou dans une semaine, et nous ne permettrons pas à cette ville d’être un refuge pour le terrorisme ».
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