Les pépinières employant des Juifs le Shabbat font face à de lourdes amendes
"Maintenant, c'est notre tour", dit un entrepreneur alors que le ministère de l'Economie cible l'industrie à propos de la loi sur le repos hebdomadaire

Une pépinière a été contrainte de fermer le Shabbat après avoir été informée qu’elle devrait payer une lourde amende si elle continue à employer des employés juifs le samedi.
Selon un post de Facebook plus tôt cette semaine de Galit Or, une employée de la pépinière Saloner dans le centre d’Israël, l’entreprise a été avertie qu’elle ferait face à une amende de 321 000 shekels (74 000 euros) pour violation de l’interdiction de travailler le jour du Shabbat, qui fait partie de la loi sur les heures de travail et le repos.
La loi, qui vise à protéger l’exploitation des employés, remonte à 1951 et est plus ou moins appliquée. De nombreuses entreprises considérées comme des lieux de divertissement (cinémas, théâtres, etc.) sont autorisés à ouvrir le samedi, tandis que d’autres entreprises dédommagent les employés travaillant le Shabbat avec un salaire plus élevé. D’autres entreprises, par leur nature, doivent rester ouvertes le week-end et les jours fériés.
Or et d’autres employés de la pépinière se tiennent aux côtés des propriétaires, a-t-elle écrit sur Facebook.
« Nous devons travailler le Shabbat – nous voulons aussi travailler le Shabbat ! », écrit-elle.
« Une grande partie de notre revenu est le salaire supplémentaire substantiel que nous recevons en travaillant le Shabbat et en raison [de la mesure proposée] nos salaires vont être touchés de façon significative. Nous semblons un petit groupe, mais si vous mettez ensemble toutes les personnes qui travaillent dans les pépinières à travers le pays, le nombre est non négligeable ».
Les propriétaires Tzipi et Brian Saloner, tous deux dans la cinquantaine, sont agronomes de formation et leurs trois enfants font partie de l’entreprise familiale. Tzipi dit qu’elle et son mari ont été surpris de recevoir la lettre du ministère de l’Economie les menaçant d’une amende et a dit que le couple avait décidé de fermer le Shabbat parce que « nous ne pouvons nous permettre » les amendes éventuelles.
Le portefeuille du ministère est actuellement détenu par le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Fermer la pépinière, a déclaré Tzipi Saloner à Ynet, « nous nuit ainsi qu’à nos fidèles employés qui sont avec nous depuis 20 et 30 ans. Cela revient à nuire à l’ensemble de la culture du jardinage en Israël ».
Des familles avec enfants viennent beaucoup le samedi à la pépinière, ajoute-t-elle . « Les familles apprennent à leurs enfants les noms des fleurs et des plantes. Je respecte toute personne qui décide de passer leur Shabbat dans une synagogue ou dans une salle de cinéma, mais je ne pense pas que le gouvernement doive décider que les gens ne viennent pas dans une pépinière ».
Le propriétaire d’une autre pépinière a déclaré que le ministère de l’Économie vise à chaque fois un secteur différent et c’est maintenant le tour des pépinières.
« Je peux ouvrir l’entreprise le Shabbat, mais je ne suis pas autorisé à employer des Juifs, et en tant que propriétaire, je ne suis pas autorisé à être ici, » a déclaré à Ynet Nir Almagor, le propriétaire de la pépinière Izraela au kibboutz Yifatt.
« [Les inspecteurs] sont venus chez nous et ont vérifié la religion de chaque employé – c’est quelque chose à laquelle nous n’aurions jamais pensé. Ensuite, ils convoquent les propriétaires de l’entreprise pour l’interroger au ministère de l’Economie et leur disent qu’ils violent la loi sur les heures de travail et le repos droit, indépendamment de combien d’argent les employés ont été payés. »
Almagor a dit que les pépinières font une grande partie de leur chiffre d’affaire le samedi.
« Ce qui me sauve maintenant est le site Internet nous mettons en place, où les gens achètent des choses le Shabbat, » a-t-il dit.
La pépinière d’Almagor avait l’haibitude de faire 60 % de son chiffre d’affaire le samedi. Maintenant, il n’ose pas ouvrir de peur qu’il soit contraint de payer des amendes qui le conduiraient à la faillite. Outre une importante amende générale, le propriétaire d’une entreprise risque également une amende de 37 500 shekels (8 650 euros) pour chaque employé juif qui travaille le Shabbat.
Le ministère de l’Economie a déclaré dans un communiqué que la loi « vient défendre les employés en leur donnant un jour de repos par semaine où ils ne peuvent pas être obligés de travailler par les employeurs. Ceci est une législation sociale qui existe et est appliquée depuis des dizaines d’années. La loi n’interdit pas l’ouverture des entreprises le Shabbat, mais seulement l’emploi des employés le jour de leur repos hebdomadaire – pour les Juifs le Shabbat et pour les non-Juifs en fonction de leurs croyances ».