Les pourparlers sur la réouverture du passage de Rafah restent dans l’impasse
L'establishment sécuritaire israélien soutient l'implication de l'AP dans la gestion du poste-frontière, mais Benjamin Netanyahu pense qu'il y a d'autres options
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Les pourparlers entre Israël, l’Égypte et les États-Unis visant à rouvrir le poste-frontière de Rafah entre la bande de Gaza et l’Égypte restent dans l’impasse en raison du refus d’Israël d’accepter toute implication de l’Autorité palestinienne (AP) dans la gestion du terminal frontalier, selon un responsable américain et un responsable israélien.
Israël, l’Égypte et les États-Unis ont tenu une réunion de haut niveau dimanche pour discuter de la question, réunion qui, selon le Département d’État, a été constructive, mais les deux fonctionnaires qui se sont adressés au Times of Israel vendredi ont déclaré qu’Israël et l’Égypte restaient en désaccord.
Israël a pris le contrôle du côté palestinien du passage de Rafah dans le cadre d’une opération plus large contre le groupe terroriste palestinien du Hamas dans la ville la plus méridionale de Gaza. L’Égypte a depuis refusé de rouvrir son côté du point de passage, tant que les troupes israéliennes opèrent de l’autre côté.
Israël s’est montré disposé à confier la gestion du point de passage à des Palestiniens locaux, mais les seuls qualifiés pour le faire sont affiliés à l’AP. Israël a proposé que les gardes s’identifient comme faisant partie d’un comité civil local, plutôt que comme des officiers de l’AP, ont ajouté les responsables, confirmant les informations du site d’information Axios.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a refusé toute implication de l’AP dans la bande de Gaza, comparant le parti laïc Fatah du président Mahmoud Abbas au Hamas. Les partenaires de la coalition d’extrême droite de Netanyahu sont encore plus opposés à cette initiative et ont plaidé en faveur de l’effondrement de l’AP, qui gouverne certaines parties de la Cisjordanie.
Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, retient des centaines de millions de dollars de recettes fiscales palestiniennes qui appartiennent à Ramallah et que les États-Unis ont demandé à maintes reprises à Israël de débloquer.
La réunion trilatérale de dimanche fait suite à une conversation téléphonique entre le président américain Joe Biden et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, au cours de laquelle ce dernier a accepté que l’aide humanitaire qui s’accumule du côté égyptien de la frontière soit transférée à Gaza via Israël.
Le maintien de la fermeture du poste-frontière de Rafah entrave considérablement les efforts déployés pour acheminer l’aide vers Gaza. Ce point de passage était auparavant l’une des principales portes d’entrée pour les transferts d’aide.
Pour les États-Unis, l’exploitation du point de passage de Rafah par l’AP constituerait un tremplin vers leur objectif plus large d’après-guerre, à savoir la création d’un organe de gouvernement palestinien unifié pour la Cisjordanie et la bande de Gaza. Les États-Unis ont également insisté sur le fait que Ramallah devait subir d’importantes réformes avant de se voir confier la gestion de la frontière.
Le chef des renseignements de l’AP, Majed Faraj, a dressé une liste de quelque 300 employés qui ont été contrôlés pour s’assurer qu’ils n’étaient pas liés au Hamas et qu’ils étaient capables d’exploiter le point de passage, a déclaré un responsable américain.
Les forces palestiniennes travailleront en collaboration avec la mission d’assistance frontalière de l’Union européenne (EUBAM), qui gérait le point de passage de Rafah jusqu’à ce que le Hamas en prenne férocement le contrôle en 2007. Le mois dernier, Josep Borrell, chef de la politique étrangère de l’UE, a déclaré que Bruxelles était prête à relancer la force, sous réserve de l’approbation d’Israël, de l’AP et de l’Égypte.
Toutefois, le projet est retardé en raison de l’opposition de Netanyahu à toute participation officielle de l’AP.
Les services de sécurité israéliens sont favorables à l’implication de l’AP dans la gestion de Rafah, mais ils ont été entravés par les directives de l’échelon politique, qui a l’impression qu’Israël n’a pas d’autre choix, ont déclaré les responsables américains et israéliens.
Les pourparlers entre les deux parties se poursuivront virtuellement dans les jours à venir, ont ajouté les responsables.
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