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Analyse

Les relations entre Israël et la Russie de plus en plus mauvaises

"C'est un événement majeur qui nous révèle a posteriori que le prétendu rapprochement" depuis la dislocation de l'URSS en 1991 "était profondément illusoire", commente Cyril Aslanov

Photo d'illustration : Le président russe Vladimir Poutine, à gauche, signe le livre d'or de la résidence du Premier ministre avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu, au centre, et son épouse Sara, à droite, à Jérusalem, le 23 janvier 2020. (Crédit :Amos Ben Gershon/GPO)
Photo d'illustration : Le président russe Vladimir Poutine, à gauche, signe le livre d'or de la résidence du Premier ministre avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu, au centre, et son épouse Sara, à droite, à Jérusalem, le 23 janvier 2020. (Crédit :Amos Ben Gershon/GPO)

Hamas, Iran, Syrie : les intérêts très divergents d’Israël et de la Russie ont entraîné depuis des années une lente dégradation de leurs relations qui s’est brusquement accélérée après l’attaque sans précédent des terroristes du Hamas sur le sol israélien, estiment des experts et observateurs.

L’absence de condamnation par Moscou de cette attaque le 7 octobre, malgré la présence de citoyens russes parmi les quelque 1 140 tués, est « une trahison immonde », lâche l’historien israélien Semion Goldin.

La Russie, qui a accueilli à Moscou des dirigeants du Hamas pour des négociations directes sur la libération de personnes enlevées ce jour-là en Israël par le mouvement islamiste palestinien et retenues en otages à Gaza, est « du côté de l’agresseur, pas du tout de notre côté », explique le chercheur en études russes à l’université hébraïque de Jérusalem.

Le président russe, Vladimir Poutine, a même comparé le siège de Gaza par Israël à celui de Leningrad par les nazis. Et la Russie a soutenu à l’Assemblée générale de l’ONU un cessez-le-feu dans la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza en représailles à l’attaque du 7 octobre qui a fait, selon le Hamas, plus de 20 000 morts côté palestinien, un chiffre invérifiable.

« C’est un événement majeur qui nous révèle a posteriori que le prétendu rapprochement » depuis la dislocation de l’URSS en 1991 « était profondément illusoire », lance le linguiste israélien Cyril Aslanov.

La Russie avait alors coopéré avec Israël dans de nombreux domaines politiques et culturels. Les départs vers Israël étaient devenus massifs. Les échanges à tous les niveaux avaient connu une décennie faste, tentant de surmonter les pogroms antisémites dans l’Union soviétique qui empêchait les Juifs d’émigrer vers un pays qu’elle jugeait aligné sur l’Ouest.

« Israël s’est leurré »

Mais il semble loin, le temps où M. Aslanov multipliait les allers-retours pour diffuser la culture juive dans les universités russes.

Israël déconseille désormais les voyages dans certaines régions russes, en raison d’une nouvelle flambée soudaine de haine contre les Juifs.

Cette image extraite d’une vidéo publiée sur la chaîne Telegram @askrasul le 29 octobre 2023 montre des membres des forces de l’ordre défilant alors que des manifestants (à l’arrière-plan) se rassemblent à l’aéroport de Makhachkala. (Crédit : Telegram / @askrasul / AFP)

Les images de l’aéroport du Daguestan, envahi par une foule hostile avant l’arrivée d’un avion en provenance de Tel-Aviv fin octobre, a rappelé de mauvais souvenirs : celui des pogroms dans l’empire russe.

« Israël s’est leurré, comme toutes les démocraties occidentales », tranche M. Aslanov. Et pourtant, à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine, le pays n’avait participé ni aux sanctions contre Moscou ni à la livraison d’armes à Kiev, ce qui a changé depuis.

Il voulait conserver sa liberté d’action en Syrie, où les Russes « contrôlent l’espace aérien, autorisant Israël » à frapper les combattants pro-iraniens et à empêcher le transfert d’armes fournies par l’Iran, analyse l’ancien ambassadeur israélien à Moscou Arcady Milman.

Or depuis l’invasion russe de l’Ukraine début 2022, un axe Iran-Russie s’est clairement formé, Téhéran livrant des drones explosifs à Moscou.

Le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, au centre, et le président russe Vladimir Poutine, à gauche, se saluent en présence du président iranien Ebrahim Raissi à droite, lors de leur rencontre à Téhéran, en Iran, le 19 juillet 2022. (Crédit : Bureau du Guide suprême iranien via AP)

« Il est clair qu’en échange, l’Iran veut que la Russie neutralise Israël en Syrie, et ça, c’est inacceptable pour Israël », avance Edward Waysband, chercheur associé au New Europe College.

Signe que l’heure est grave, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a critiqué « la coopération dangereuse entre la Russie et l’Iran » et exprimé son mécontentement au sujet des positions adoptées par le Kremlin à l’ONU.

A cela vient s’ajouter la crainte toujours plus vive de voir dans un avenir proche la République islamique, qui prône ouvertement et presque quotidiennement la destruction d’Israël, dotée de la bombe atomique.

La visite récente à Moscou du président iranien, Ebrahim Raïssi, n’a fait qu’enfoncer le clou. « Comme il est soutenu par les Etats-Unis, Israël se retrouve de facto face à cette alliance contre l’Ouest », juge M. Milman, qui a commencé sa carrière en Union soviétique.

Une religieuse priant dans l’église Alexandre Nevski, adjacente à l’église du Saint-Sépulcre, le 11 avril 2022. (Crédit : Amanda Borschel-Dan/Times of Israel)

Les signes du refroidissement en cours se multiplient. Israël s’est rapproché de l’Ukraine, et la Russie « a pris des mesures contre la branche russe de l’Agence juive », chargée d’aider à l’émigration des Juifs vers Israël, rappelle M. Milman, chercheur de l’Institut for National Security Studies (INSS) à Tel-Aviv.

La position du Kremlin en faveur de la création d’un Etat palestinien conforte son ambition d’apparaître en puissance locomotive pour les pays du sud, protectrice également des chrétiens « orthodoxes en Terre sainte », pointe M. Waysband.

Vladimir Poutine réclame en effet la propriété d’un ensemble à Jérusalem comprenant l’église Alexandre Nevski, sur un terrain acheté par le tsar Alexandre II.

Mais malgré tous ces griefs, note Semion Goldin, le dialogue n’est pas rompu : Vladimir Poutine et Benjamin Netanyahu se parlent encore.

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