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Les statistiques de la population haredi en Israël

Ils seront 1,28 million en 2023, avec un taux de pauvreté deux fois supérieur à la moyenne. Les femmes haredi sont toujours plus nombreuses sur le marché de travail, pas les hommes

Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

Élèves d'une école ultra-orthodoxe à Jérusalem, le 9 août 2021. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Élèves d'une école ultra-orthodoxe à Jérusalem, le 9 août 2021. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

La population ultra-orthodoxe d’Israël s’élève aujourd’hui à 1,28 million, soit 13,5 % de la population totale (9,45 millions), selon un rapport statistique annuel publié lundi.

Les données du Bureau central des statistiques (CBS) établissent qu’avec son taux de croissance actuel – 4 %, le plus élevé de toutes les communautés en Israël – la population ultra-orthodoxe représentera 16 % de la population totale d’ici la fin de la décennie.

Plus de 40 % de ces 1,28 million d’Israéliens vivent dans deux villes, Jérusalem et Bnei Brak, en dehors de Tel Aviv. 7 % vivent à Beit Shemesh, et le reste, dans des villes et implantations majoritairement ultra-orthodoxes, comme Modiin Illit, Beitar Illit et Elad, ou dans de petites enclaves au sein de grandes villes comme Ashdod, Petah Tikva, Haïfa, Rehovot et Netanya.

L’analyse, établie par l’Institut israélien de la démocratie (IDI), offre un aperçu de la population ultra-orthodoxe ou haredi d’Israël, qu’elle qualifie de pauvre, en croissance rapide, avec une éducation laïque très limitée et un fort sentiment de communauté et de charité.

Les données montrent que le taux de pauvreté des ultra-orthodoxes est deux fois plus élevé que celui de la population générale : près de la moitié d’entre eux vivent en effet sous le seuil de pauvreté.

Les Haredi utilisent de plus en plus Internet, en grande partie depuis la pandémie de coronavirus, estime l’IDI, qui précise que la prévalence d’Internet reste toutefois bien moindre que dans le reste de la population.

« Les changements introduits par la pandémie, qui a entraîné une augmentation spectaculaire du nombre d’internautes ultra-orthodoxes, ne sont pas remis en cause et les deux tiers des Haredi utilisent aujourd’hui régulièrement Internet. Nous constatons une augmentation de la proportion de femmes actives et des données – incomplètes pour 2022 – indiquent une augmentation de la proportion d’hommes actifs », expliquent Lee Cahaner et Gilad Malach, auteurs du rapport.

L’analyse de l’IDI révèle qu’en 2019 – dernière année pour laquelle les données sont disponibles – le taux de pauvreté des Haredi était de 44 %, et de 22 % pour le reste de la population. Cela représente une légère amélioration par rapport aux années précédentes, quand la pauvreté haredi était plus élevée, avec un pic à 58 % en 2005 (21% pour le reste de la population).

En 2021, le taux d’emploi des femmes haredi était légèrement inférieur à celui de la population féminine juive non haredi, avec 78 % contre 82 %. Dans le même temps, le taux de chômage des hommes haredi était trois fois supérieur à celui des non haredi, à 49 % contre 14 %.

Selon l’IDI toujours, les premières statistiques disponibles pour 2022 laissent entrevoir une légère baisse du taux de chômage masculin haredi, à 46,5 %, même s’il demeure trois fois plus élevé que celui des non haredi.

Le nouveau gouvernement va promouvoir un grand nombre de mesures en faveur de la population haredi, parmi lesquelles la revalorisation des allocations des étudiants de yeshiva, ce qui pourrait dissuader les hommes haredi d’entrer sur le marché du travail.

Le président du parti Yahadout HaTorah, le député Moshe Gafni, et d’autres membres du parti en compagnie du rabbin Baruch Mordechai Ezrachi lors d’une tournée électorale à Beit Shemesh, le 14 mars 2021. (Crédit : Yaakov Lederman/Flash90)

Ces chiffres constituent un changement radical en matière d’emploi, pour les Haredi, par rapport au début des années 2000, quand un peu plus de la moitié des femmes haredi et environ un tiers des hommes travaillaient. Bien que le nombre de femmes haredi sur le marché du travail n’ait cessé d’augmenter depuis lors, le taux d’emploi masculin a en revanche stagné ces dernières années, oscillant autour de 50 % depuis 2015, selon les chiffres de l’IDI.

Le salaire mensuel moyen des ménages haredi – 14 121 shekels – est également bien inférieur à celui des non haredi, qui gagnent en moyenne 21 843 shekels.

Bien que beaucoup plus pauvres, les Israéliens haredi donnent plus volontiers à des œuvres caritatives et font davantage de bénévolat que les autres Israéliens juifs, selon les données du CBS.

Une enquête de CBS révèle qu’en 2021, 86 % des Israéliens haredi âgés de plus de 20 ans déclaraient avoir fait don à des œuvres caritatives, contre
58 % des Israéliens juifs non haredi. Cela s’est largement maintenu pour les Israéliens haredi, car le nombre d’Israéliens non haredi déclarant avoir fait des dons à des œuvres caritatives a chuté au fil des ans, passant de 72% en 2008 à son niveau actuel.

Les Israéliens haredi sont également presque deux fois plus enclins à faire du bénévolat au sein de leur communauté : 40% d’entre eux déclarent l’avoir fait, contre 23% du reste de la population juive en Israël.

Dans le même temps, les Israéliens haredi ne sont généralement pas volontaires pour effectuer leur service national : 4 % seulement des femmes haredi l’ont fait en 2021, contre 22% des femmes juives non haredi. Les hommes haredi ne sont pas plus nombreux dans l’armée : 1 200 d’entre eux ont effectué leur service en 2020, contre le double en 2015.

Des soldats religieux du bataillon Netzah Yehuda prient pendant les dernières étapes d’une expédition de 40 kilomètres en 2010. (Crédit : Abir Sultan/Flash90)

En raison de taux de natalité élevé, les enfants haredi représentent près de 20 % de tous les élèves et plus d’un quart de tous ceux parlant hébreu.

La majorité – 74 % – étudie dans des écoles « non officielles mais reconnues », supposées suivre l’essentiel du programme de base laïc (bien que la plupart ne le fassent pas) en échange d’un financement à hauteur de 75 %.

22,5% étudient dans des écoles « exemptées », qui enseignent moins de matières du programme de base mais perçoivent moins de subventions publiques, tandis que seuls 3,5 % suivent les cours d’écoles Haredi entièrement gérées par l’État qui enseignent le programme de base complet.

Les filles haredi son toujours plus nombreuses à bénéficier des enseignements laïcs de base, car elles sont davantage orientées vers le marché du travail. Près de 60 % d’entre elles ont passé les épreuves du bagrout en 2019/2020, soit près du double du nombre de celles qui l’avaient fait en 2008-2009, toujours selon l’IDI.

Les garçons sont beaucoup moins susceptibles de passer – et de réussir – les épreuves du bagrout. En la matière, il n’y a eu quasiment aucun changement au cours des 13 dernières années, 15 % ayant passé les tests en 2019-2020, contre 16 % en 2008-2009.

Dans l’ensemble, seulement 14 % des étudiants haredi ont réussi l’examen du bagrout en 2019-2020, contre 83 % des étudiants juifs non haredi.

Ce nombre n’est pas susceptible d’augmenter à l’avenir, car le nouveau gouvernement projette de financer les écoles haredi sans condition d’enseignement du programme laïc de base, à savoir les mathémathiques, l’anglais.

Le nombre d’étudiants haredi au sein des établissements d’enseignement supérieur reste extrêmement faible, représentant 10,5 % seulement de la population étudiante d’Israël, malgré une augmentation sensible ces 13 dernières années. Plus de 90 % de ces étudiants fréquentent des instituts universitaires, dont les conditions d’admission sont moins drastiques que celles des universités, toujours selon les données de l’IDI.

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