Les surprises culturelles du festival d’été de Jérusalem
En présentant au public des artistes "qui font tous des choses étonnantes", le festival annuel de Mekudeshet permet d'abolir les frontières grâce aux spectacles et à l'art
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »
Posted by מקודשת Mekudeshet مقدسة on Sunday, June 10, 2018
Le festival d’été Mekudeshet a été créé il y a dix ans pour faire de Jérusalem un lieu de découvertes culturelles inattendues, de talents surprenants et de spectacles intéressants. C’est ainsi qu’il est devenu la Saison de la culture de Jérusalem.
Au cours des dernières années, cependant, le festival a évolué vers la mise en valeur de la forte vague d’innovation sociale de la capitale, car les habitants de Jérusalem ont lancé toutes sortes de projets visant à faire de la ville un endroit meilleur.
« Nous avons d’abord voulu montrer qu’il y avait de la culture à Jérusalem, et nous l’avons fait », a déclaré Naomi Fortis, directrice exécutive de Mekudeshet.
« Maintenant, il nous faut montrer le reste ».
Le festival de quatre semaines, qui débute le 8 août, est un tourbillon d’activités et d’événements où le public peut se promener sur les toits de la ville, assister à un feu de joie au néon, traverser les quartiers de la ville à pied ou en voiture, participer à une expérience auditive à minuit dans la piscine du YMCA, assister à une cérémonie les yeux fermés, courir dans la ville avec un acteur local, méditer sur la compassion et l’acceptation ou écouter une multitude de musiciens israéliens aux portes de la Vieille Ville.
Le festival célèbre Jérusalem – mais la Jérusalem que Fortis et son équipe ont passé des mois à étudier, pas la Jérusalem des gros titres des journaux.
« Tout le monde est persuadé que Jérusalem est raciste, terroriste, trop religieuse, compliquée, effrayante ; c’est une des réalités », avoue Mme Fortis.
« Mais il y a une autre réalité, que je connais et que tout le monde à Mekudeshet connaît, et dont personne ne parle. Jérusalem est le laboratoire d’innovation sociale le plus étonnant. Nous avons des listes de centaines de personnes qui font toutes des choses étonnantes à Jérusalem, qui abolissent les frontières ».
Lors de chacun des événements du festival, Mekudeshet est accueilli par des habitants de Jérusalem qui font partie du réseau de la ville découvert par les équipes de Mekudeshet, des gens que Fortis appelle des « modèles de coexistence sociale ».
« Il y a une abondance d’influenceurs à Jérusalem », dit-elle. « Et nous voulons que notre public les rencontre. »
« Ils ne le savent peut-être pas, ils ne se perçoivent peut-être pas de cette façon, mais il y a ici un potentiel dont il faut parler », ajoute Mme Fortis. « Les problèmes de Jérusalem sont si compliqués que les gens ont dû trouver une issue, alors ils ont créé des solutions qui préemptent tout et qui sont pertinentes pour tout le monde ».
Chaque événement, qu’il s’agisse d’un spectacle, d’une tournée ou d’un rassemblement, permet de créer une rencontre entre le public et ces Hiérosolymitains uniques.
« Vous grimpez sur les toits, et soudain vous êtes dans les airs, et vous bénéficiez du panorama de la ville », dit-elle. « Et puis il y a l’actualité, en marchant sur les toits de ces bâtiments historiques, depuis la Histadrout jusqu’à l’hôpital Bikur Holim qui a donné naissance à la moitié de Jérusalem, jusqu’à la rue Jaffa, qui vous permet de faire le tour de cette ville et de voir tout ce qui s’y trouve ».
Elle a insisté sur l’événement Atlantis au YMCA, un vénérable centre communautaire qui attire les Juifs et les non-Juifs des environs de la ville et les plonge tous dans l’eau de sa piscine intérieure afin de leur montrer le miracle de cette « île de coexistence », dit Fortis. « Nous essayons de brouiller les frontières sans nous en débarrasser. »
Le public ne sait peut-être pas à quoi s’attendre lorsqu’il participe à un événement de Mekudeshet, mais il sait qu’il veut découvrir les faces cachées de Jérusalem. Même les habitants de Jérusalem qui vivent dans la ville depuis des générations sont souvent surpris par l’endroit où ils sont emmenés pour participer à un événement de Mekudeshet, où ils découvrent des lieux et des gens dont ils ignoraient l’existence.
« Il y a le noyau de gens qui aiment ce que nous faisons et qui aiment l’art, mais nous sommes très exigeants, nous faisons des promenades qui peuvent durer cinq heures, et d’autres qui durent sept heures, qui étaient complets avant même que nous les mettions en ligne », dit-elle.
« Nous faisons tellement de recherches avant de créer quelque chose, en pensant à cette constellation de personnes et de partenaires. »
L’équipe de Mekudeshet commande chaque œuvre d’art et spectacle spécifiquement pour le festival, sans jamais s’appuyer sur celles que les artistes ont conçues auparavant – toujours en pensant d’abord au concept, puis en le réalisant pour eux-mêmes.
Il y a une longue liste manuscrite dans le bureau de Fortis, gribouillée sur des feuilles de papier blanc surdimensionné, énumérant les dizaines d’endroits, d’événements et de personnes qui ne faisaient pas partie du patrimoine vernaculaire de Jérusalem il y a dix ans, mais qui font maintenant autant partie de la scène urbaine que le mur Occidental, Mahane Yehuda et la rue Ben Yehuda. Les réalisations marquantes inspirées par Mekudeshet vont des food-trucks d’été aux partis politiques alternatifs.
« Nous observons la ville, nous l’apprenons, nous apportons des informations et nous faisons ressortir tout cela », a déclaré Mme Fortis. « Notre tâche est toujours de découvrir la prochaine chose, et ensuite nous la rendons à la ville. Mais vous ne pouvez pas rester là où vous étiez il y a dix ans. La ville évolue aussi et passe à l’étape suivante. »
Mekudeshet a été dirigé dès le début par Fortis, ex-directrice de la Batsheva Dance Company et ex-épouse du rocker punk Rami Fortis. Elle a passé plus de temps à New York et en Europe qu’en Israël, et encore moins à Jérusalem.
Elle n’était pas sûre, au début, d’avoir fait le bon choix.
« Au début, ma réponse a été : ‘Quoi ? Vous plaisantez ? Jérusalem, et tous ces clichés, c’est Haredi, religieux et pauvre et non pertinent' », raconte Fortis.
Dix ans plus tard, Fortis est lovée dans un coin du canapé dans son bureau de Mekudeshet, des semaines avant le début de la nouvelle saison et elle travaille déjà sur la saison de l’année prochaine.
Elle se considère maintenant comme une citoyenne d’honneur de Jérusalem. Ce n’est pas seulement parce qu’elle passe une grande partie de l’été à Jérusalem. C’est surtout le temps et l’attention qu’elle a consacrés à la ville au cours de la dernière décennie, et la façon dont elle pense maintenant à cet endroit.
« Je me revendique Hiérosolymitaine, c’est devenu ma ville », dit-elle. « Je ne pense qu’à elle, je ne parle que d’elle, et je ne pourrais pas dire que c’est ma ville ? Je ne peux pas prétendre que je suis à Jérusalem depuis huit générations, mais je suis cette ville. »
Avec le directeur artistique et fondateur Itay Mautner, qui a récemment quitté Mekudeshet, elle et son équipe ont créé un festival destiné à faire redécouvrir la ville. A l’époque, dit Fortis, elle avait besoin d’être convaincue de se joindre à cette aventure.
« J’adore les boulots difficiles, et ces éléments sont devenus partie intégrante de l’ADN de cette organisation, et cela fait partie de l’expérience que nous essayons de transmettre », explique-t-elle. « Ça m’a changé de A à Z. Je suis venue ici très sûre de moi, je pensais en savoir beaucoup, je pensais que j’étais très ouverte d’esprit et libérale, et cette ville m’a appris à me débarrasser de mes certitudes, et à changer mon état d’esprit ».
Pour plus d’informations sur les événements de Mekudeshet et pour acheter des billets, rendez-vous sur le site de Mekudeshet.