Israël en guerre - Jour 464

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Les survivants assisteront à ce Yom HaShoah confinés depuis leur salon

Des initiatives comme Zikaron BaSalon connaissent un grand succès auprès du public, car les cérémonies annulées en raison du COVID-19 sont retransmises en ligne. (Voir les liens)

Yaakov Schwartz est le rédacteur adjoint de la section Le monde juif du Times of Israël

Une femme et une jeune fille lisent les noms des victimes de la Shoah. (Crédit: Yad Vashem)
Une femme et une jeune fille lisent les noms des victimes de la Shoah. (Crédit: Yad Vashem)

Il y a deux ans, Livia Bitton-Jackson, survivante de la Shoah, autrice et ancienne enseignante, s’est adressée pour la première fois à un groupe de personnes dans le salon de sa petite-fille à Jérusalem dans le cadre du programme Zikaron BaSalon en l’honneur du Yom Hashoah d’Israël, la Journée de commémoration de la Shoah.

« C’était merveilleux », a déclaré Bitton-Jackson. « Ce fut une expérience très réconfortante pour moi ».

Cette initiative vise à une commémoration plus interactive de la Shoah et constitue une alternative aux cérémonies plus importantes – et par nécessité plus passives. Zikaron BaSalon (en français, « commémoration dans le salon ») réunit les gens chez eux, sur leur lieu de travail et dans d’autres environnements plus intimes pour parler avec les survivants.

Cependant, en raison des directives strictes mises en place pour assurer la distanciation sociale pendant la pandémie de coronavirus, alors qu’Israël va célébrer le début de Yom HaShoah ce lundi soir, Bitton-Jackson sera confinée dans son petit appartement de la résidence pour personnes âgées Neve Shalem, dans le quartier Arnona de Jérusalem. Mais elle attend un public plus nombreux que jamais pour sa présentation.

« Cette année, nous le faisons sur Zoom », a déclaré Bitton-Jackson au Times of Israel. « Je vais faire mon discours sur Zoom, et tous ceux avec qui je suis en relation m’entendront. »

Mme Livia Bitton-Jackson, (à droite), s’exprime lors d’une commémoration de la Shoah de Zikaron BaSalon dans le salon de sa petite-fille en 2019. (Autorisation)

Comme on estime que plus d’un tiers de la population mondiale est sous une forme ou une autre de confinement, Bitton-Jackson et les autres survivants participant à Zikaron BaSalon ne sont pas les seuls à devoir changer de lieu pour raconter leur histoire en ce jour de commémoration de la Shoah. Des institutions à travers Israël, l’Europe et les États-Unis ont mis en ligne des activités et des cérémonies pour tenter de maintenir – et peut-être même d’augmenter – le nombre de participants.

Cérémonies virtuelles

Yad Vashem, le mémorial et musée national de la Shoah en Israël, mettra en ligne sa cérémonie annuelle marquant le début de Yom Hashoah le soir du 20 avril. Le programme a été réalisé conformément aux directives du ministère israélien de la Santé et comprend l’allumage annuel de six torches par six survivants en mémoire des six millions de victimes de la Shoah. Elle a été préenregistrée et sera diffusée sur YouTube et sur le site web de Yad Vashem en six langues, dont le français.

Le musée a également organisé une série de conférences sur Zoom et Facebook Live, et a mis en ligne une exposition intitulée « Rescue by Jews, One for All », qui se concentre cette année sur le thème de l’héroïsme juif pendant la Shoah.

La tradition annuelle de lecture à haute voix des noms des victimes a également été mise à jour : Yad Vashem encourage les gens à participer à une campagne sur les réseaux sociaux en obtenant les noms des victimes de la Shoah sur son site web et en les lisant eux-mêmes sur un enregistrement. Le musée prévoit de faire une compilation des vidéos téléchargées qui sont taguées par les utilisateurs avec les hashtags de la campagne (#RememberingFromHome – #ShoahNames).

Yad Vashem a des comptes Facebook et Instagram en deux langues, Twitter en cinq langues, et son site web en huit, dont le français. Le responsable des nouveaux médias et des projets numériques, Gabi Duec, déclare que le musée est « très à l’aise, pour ainsi dire, en termes de promotion et de partage de nos contenus en ligne ».

Gabi Duec, responsable des nouveaux médias et des projets numériques pour Yad Vashem. (Autorisation)

« Surtout maintenant, avec tout ce qui se passe dans le monde, nous avons vraiment intensifié nos réseaux sociaux et une grande partie de la charge de travail est retombée sur le volet numérique de Yad Vashem », a déclaré M. Duec.

« Le musée étant fermé, et le campus temporairement fermé, nous cherchons à partager des contenus qui sont spécifiquement pertinents à cette période de l’année – Pessah, Yom HaShoah, Yom HaZikaron, Yom HaAtsmaout », a-t-il déclaré. Et en raison de la crise du COVID-19, nous cherchons également à partager des histoires d’espoir, comme « Justes parmi les nations », ou des Juifs qui sauvent leurs compatriotes, ce qui est le thème de cette année pour nos commémorations de Yom HaShoah ».

Bien que l’enseignement de la Shoah ne figure pas en tête de liste des termes de recherche les plus populaires pour les personnes confinées chez elles, M. Duec affirme que Yad Vashem a bien des choses à offrir.

« L’un des défis de la présence de Yad Vashem sur les réseaux sociaux est que les gens… ne savent peut-être même pas qu’ils recherchent des documents sur la Shoah. Mais il y a tellement de sujets, et toutes ces histoires qui peuvent être adaptées à un environnement d’apprentissage, surtout à la maison », a-t-il déclaré.

En plus de Yad Vashem, des institutions, de la Knesset israélienne au United States Holocaust Memorial Museum (USHMM), organisent des événements en ligne. Le 21 avril, le USHMM diffusera simultanément sur Facebook et YouTube une cérémonie au cours de laquelle des discours seront prononcés par d’anciens orateurs, dont Elie Wiesel et le dernier procureur de Nuremberg encore en vie, Benjamin Ferencz.

Des survivants de la Shoah allument six torches représentant les six millions de victimes du génocide nazi lors de la cérémonie au Musée commémoratif de la Shoah Yad Vashem à Jérusalem, alors qu’Israël célèbre la Journée annuelle de Yom HaShoah, le 11 avril 2018. (Crédit : Yonatan Sindel / Flash90)

Le Israeli Jewish Congress (Congrès juif israélien – HAKHEL), une ONG composée d’universitaires, d’hommes d’affaires et de militants, organise lundi soir une cérémonie de commémoration alternative visant à rassembler les populations laïques et ultra-orthodoxes d’Israël.

L’Agence juive organise deux événements virtuels pour Yom HaShoah, qui seront diffusés en direct avec le témoignage de Leah Hason, survivante de la Shoah. Le soir du 20 avril, un événement en langue hébraïque sous-titré en français sera diffusé en direct sur Facebook. Le 21 avril, la page anglaise de l’agence sur Facebook présentera un témoignage sous-titré en espagnol.

Le Congrès juif mondial (CJM) a mis en ligne un rassemblement qui aurait dû avoir lieu dans le camp de personnes déportées de Bergen-Belsen, la commémoration virtuelle ayant lieu le 20 avril. En outre, le CJM a rassemblé une compilation de témoignages de survivants et de films éducatifs, dont un nouveau court-métrage mettant en scène des survivants nés dans le camp de personnes déportées de Bergen-Belsen.

Les ambassades israéliennes dans le monde entier mettent également leurs cérémonies en ligne. Par exemple, l’ambassade israélienne à Berlin, qui a apposé un panneau #stayhome sur son logo, organisera une cérémonie le 21 avril en hébreu et en anglais, avec une prière commémorative, des présentations par le personnel de l’ambassade et un discours de l’ambassadeur Jeremy Issacharoff. Il y aura également une session virtuelle distincte de Zikaron BaSalon avec un survivant de la Shoah, coordonnée par le consulat d’Israël à Munich.

Dana Sender-Mulla a cofondé Zikaron BaSalon lorsqu’elle était à l’université en Israël il y a dix ans.

« La plupart des gens restent devant leur télé et regardent passivement un film ou une cérémonie, ou dans le meilleur des cas, si vous êtes à l’école ou au travail, vous pouvez participer à une cérémonie », a déclaré Sender-Mulla au Times of Israel. Un groupe de jeunes adultes a déclaré : « Ce n’est plus bon pour nous. Ce n’est pas la bonne façon de commémorer et ce n’est pas la bonne façon de regarder notre présent et notre avenir ».

Dana Sender-Mulla, cofondatrice de Zikaron BaSalon. (Autorisation)

Le programme, qui est conçu comme une ressource permettant aux gens d’organiser des rassemblements par eux-mêmes, a depuis été utilisé dans des milliers de foyers à travers le monde, et a cultivé des partenariats avec des organisations allant des agences gouvernementales aux prisons israéliennes, travaillant même avec des rescapés de la prostitution et de la traite des êtres humains.

Alors que par le passé, les gens demandaient de l’aide au personnel pour se mettre en relation avec un survivant de la Shoah, cette année, ils cherchent des ressources en ligne – et demandent même de l’aide pour télécharger Zoom, a déclaré Mme Sender-Mulla. Il y a plus d’un million de personnes qui utilisent le format Zikaron BaSalon cette année « à notre connaissance », dit-elle.

Tout en vantant le fait que Zikaron BaSalon a démocratisé le processus de narration, permettant à un plus grand nombre de survivants de partager leurs expériences, elle a déclaré que « l’engagement cette année a évidemment changé. De nombreux survivants n’ont pas la technologie ou la possibilité d’utiliser Zoom. Et pour certains, cela ne leur convient pas, ou ils ne se sentent pas à la hauteur ».

L’année dernière, plus de 3 000 survivants ont partagé leur histoire par l’intermédiaire de Zikaron BaSalon. Cette année, ce nombre est tombé à un peu moins de 300, a-t-elle déclaré.

Mais cela ne reflète pas nécessairement une diminution du nombre d’auditeurs. La petite-fille de Bitton-Jackson, qui l’a présentée pour la première fois à Zikaron BaSalon, affirme que le COVID-19 ne met pas un frein à ce qui est en train de devenir une tradition familiale.

Livia Bitton-Jackson avec son défunt mari Lenn Jackson, et ses arrière-petits-enfants. (Autorisation)

« Honnêtement, je ne sais pas si ce sera différent, sauf que ce sera plus important ou plus large, et que plus de gens des États-Unis participeront, parce que c’est sur Zoom et que les gens sont à la maison alors qu’ils seraient normalement au travail », a déclaré Yael Bitton.

« Cela signifie que notre famille aux États-Unis peut amener ses amis et sa communauté. Nos proches nous ont déjà dit que nous devrions être conscients du fait qu’il y aura un peu plus de monde », a-t-elle déclaré.

« Les gens n’ont malheureusement pas l’occasion d’entendre un survivant de la Shoah qui a vraiment vécu les expériences et les camps et qui l’a vu de ses propres yeux, alors les gens ont soif de cela », a déclaré Mme Bitton.

Et contrairement à certains, pour Bitton-Jackson, âgée de 90 ans, la technologie est loin d’être intimidante.

« J’ai vécu beaucoup de choses différentes. Je suis une survivante de la Shoah – alors croyez-moi, une survivante de la Shoah peut tout supporter », a déclaré Mme Bitton-Jackson. « Je suis ravie de toutes sortes de nouvelles inventions, et je trouve cela merveilleux. Zoom, c’est très amusant. En fait, une autre petite-fille m’a fait promettre que le prochain Shabbat, je serai avec eux grâce à Zoom, alors j’ai hâte d’y être ».

Quant au sujet de son intervention cette année : « Je pense que je vais faire le même shtick [la même chose en yiddish] », a-t-elle déclaré.

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