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Les thématiques de Pessah se mêlent aux rassemblements pour les otages

"Au lieu d'être assis à la table du Seder, vous devriez l'être à la table des négociations," ont déclaré les protestataires

Des manifestants lors des rassemblements pour les otages brandissent une photo de la ressortissante américano-israélienne Hersh Goldberg-Polin près de la résidence du Premier ministre à Jérusalem, le 20 avril 2024. (Crédit :Ahmad Gharabli/AFP)
Des manifestants lors des rassemblements pour les otages brandissent une photo de la ressortissante américano-israélienne Hersh Goldberg-Polin près de la résidence du Premier ministre à Jérusalem, le 20 avril 2024. (Crédit :Ahmad Gharabli/AFP)

Des milliers de personnes se sont réunies dans tout le pays, dans la soirée de samedi, pour demander la libération des otages détenus à Gaza et pour s’opposer au gouvernement, faisant le lien entre la situation critique des otages et le message de la fête de Pessah – une fête qui débutera lundi dans la soirée.

Les protestataires se sont interrogés sur la manière de célébrer la fête juive – qui dure une semaine et qui commémore la liberté à travers le récit de l’exode des anciens Israélites d’Égypte où ils étaient retenus en esclavage – alors que 129 personnes sont encore aujourd’hui dans les geôles du Hamas, dans la bande de Gaza, après avoir été kidnappées lors du massacre du 7 octobre.

« Il est incompréhensible que nous en soyons arrivés à devoir célébrer cette fête, qui est le symbole même de la liberté, alors même que les otages ne sont pas avec nous », a commenté Tom Barkai, une organisatrice appartenant au Forum des Familles d’otages et de portés-disparus, alors qu’elle s’exprimait devait une foule silencieuse sur la place de Paris, à Jérusalem, près de la résidence officielle de Netanyahu.

Les mouvements de protestation qui étaient organisés à Tel Aviv, à Haïfa et dans des dizaines d’autres villes ont évoqué le même thème. A Jérusalem et à Tel Aviv, de nombreux manifestants qui s’opposaient au gouvernement se sont mêlés aux rassemblements placés sous la houlette du Forum des Familles d’otages au fur et à mesure de la soirée, et vice versa.

Les manifestations des familles de captifs et celles des opposants du gouvernement – des mouvements qui étaient hebdomadaires avant l’attaque commise par le Hamas, le 7 octobre – ont tendance à davantage fusionner les unes avec les autres depuis quelques semaines. Certaines familles accusent Netanyahu de bloquer la conclusion d’un accord pour des raisons politiques.

A Jérusalem, ce sont des centaines de personnes qui se sont réunies à proximité de la résidence officielle du Premier ministre, environ une heure après la fin du Shabbat, pour réclamer un accord qui ouvrirait la porte à la remise en liberté des otages.

« Est-ce que vous avez seulement pensé à la manière dont les familles des otages vont vivre cette fête ? », a interrogé Barkaï, qui a prononcé le discours qui ouvrait le rassemblement, s’adressant aux dirigeants israéliens. « Au lieu d’être assis à la table du Seder, vous devriez l’être à la table des négociations ».

L’organisatrice des rassemblements pour les otages s’exprime devant la foule lors de la manifestation hebdomadaire organisée aux abords de la résidence du Premier ministre à Jérusalem, le 20 avril 2024. (Crédit :Ahmad Gharabli/AFP)

Alors qu’elle parlait, Barkaï a levé sa main gauche, montrant la date du 7/10 écrite sur sa paume.

L’un des intervenants a réclamé clairement le départ du gouvernement.

« La date d’expiration de ce gouvernement est arrivée et il doit partir », a dit Eyal Eshel, dont Roni, la fille de 19 ans, une soldate de surveillance, avait été tuée sur la frontière avec Gaza pendant l’assaut meurtrier du Hamas, le 7 octobre. « Le temps est venu de donner les rênes à un nouveau leadership. »

Des paroles qui ont été accueillies avec enthousiasme et les manifestants, tout en demandant la démission du Premier ministre, ont entonné le slogan « Honte ».

Shlomo Alfasa-Goren, un proche de Maya Goren, une otage qui a été assassinée, a aussi eu des mots durs pour la coalition au pouvoir de Netanyahu.

« Vous nous avez abandonnés et vous devez payer », a-t-il déclaré. « Trouvez un accord, même si le prix à payer doit être élevé ».

Une foule de manifestants lors d’un rassemblement pour les otages près de la résidence du Premier ministre à Jérusalem, le 20 avril 2024. (Crédit : AHMAD GHARABLI / AFP)

Le rabbin Benny Lau, un éminent responsable orthodoxe, est lui aussi monté à la tribune. Il a tenté de répondre à une question posée par Barkaï au début du rassemblement : l’intervenante avait demandé qui, dans la foule, s’apprêtait à célébrer Pessah.

Lau a expliqué qu’il avait lui-même l’intention de prendre place à la table du Seder et il a évoqué son père, un survivant de la Shoah, qui avait fêté Pessah dans le ghetto et, plus tard, dans le camp de concentration de Buchenwald.

« En 1942, pendant la nuit du Seder, mon père, qui avait alors 16 ans, s’était assis à la table avec son père. Il avait dit que ce Seder avait été silencieux – une partie de la famille n’était plus là et la Solution finale allait très rapidement être lancée. Mon grand-père, son père, avait été assassiné très vite », a dit Lau. « Jamais nous n’aurions pu penser que nous devrions nous aussi, un jour, raconter ce genre d’histoire dans notre pays libre ».

« Nous sommes une nation qui raconte des histoires dans toutes les situations », a-t-il continué, ajoutant que cette année, il prévoyait de laisser une chaise vide à la table du Seder en hommage aux otages et qu’il présenterait des photographies des captifs qui se trouvent encore dans les geôles du Hamas, à Gaza, à ses petits-enfants.

En tête de la manifestation, les manifestants ont brandi une large bannière où un extrait de la hagaddah était écrit :  » Il nous a faits passer de l’esclavage à la liberté, de la tristesse à la joie, et du deuil à la fête, et de l’obscurité profonde à la grande lumière et de la servitude à la libération. » Sous cette phrase écrite en noir et en caractères gras, le slogan « Un accord maintenant ! »

Après la fin des discours, les manifestants, à Jérusalem, ont marché de la place de Paris jusqu’à la résidence du président pour rejoindre un mouvement de protestation qui était organisé par les opposants au gouvernement et par le groupe « Sauvegarder notre foyer commun ».

Le professeur Tsevi Mazeh, lauréat du prix d’Israël en sciences physiques, cette année, a évoqué Pessah en affirmant que les citoyens israéliens vivaient actuellement « dans un état de servitude », placés sous la coupe du gouvernement.

Tsevi Mazeh, un professeur d’astrophysiques, s’exprime lors d’un rassemblement anti-gouvernement à Jérusalem, le 20 avril 2024. (Crédit : Charlie Summers/Times of Israel)

« Nous sommes réduits en esclavage par un gouvernement qui n’a pas de mandat ; nous sommes dirigés par un gouvernement qui n’a aucun moyen ; nous sommes devenus les esclaves de messianiques zélés qui veulent nous faire plonger dans la guerre de Gog et de Magog, », a-t-il affirmé.

Au cours d’un rassemblement qui était organisé sur la Place de la Démocratie à Tel Aviv, Hagit et Ruby Chen, les parents d’Otay Chen, un soldat assassiné, ont déclaré qu’ils avaient reçu un appel téléphonique du président américain Joe Biden après avoir été informés que le corps sans vie de leur fils, qui avait été tué lors du massacre du 7 octobre, était retenu à Gaza. Ils ont ajouté ne jamais avoir été contactés par Netanyahu.

« Comment est-il ainsi possible que le pays vous ait abandonné, comment est-il possible que le pays m’ait abandonné ? », a interrogé Hagit Chen, ne parvenant pas à retenir ses larmes. « Quand me rendrez-vous donc mon fils ? »

Ruby et Hagit Chen, les parents d’Itay Chen, un soldat assassiné, prennent la parole sur la place de la démocratie à Tel Aviv, le 20 avril 2024. (Crédit : Iddo Schejter/Times of Israel)

Les protestataires ont ensuite rejoint les familles d’otages qui se trouvaient rue Begin et après la lecture, par les organisateurs des rassemblements, des noms de tous les captifs encore entre les mains du Hamas, le groupe a continué à défiler dans certaines des rues les plus animées de Tel Aviv, exhortant les clients des bars à rejoindre la marche.

De nombreuses personnes brandissaient des panneaux faisant référence à la Hagaddah et aux Quatre Questions. L’un d’entre eux interrogeait : « Comment ce gouvernement est-il différent de tous les autres ? »

La police a finalement dispersé les protestataires qui étaient arrivés au centre commercial Dizengoff. Si elle a dû recourir légèrement à la force, il n’y a pas eu d’arrestation lors de cette soirée relativement calme et aucune amende n’a été distribuée.

Plus au nord, le leader de l’opposition, Yair Lapid, s’est exprimé lors d’une manifestation des opposants au gouvernement qui a eu lieu à Haïfa, samedi soir, qualifiant la coalition de « plaie qui s’est abattue sur le pays ».

« Vous êtes tous sortis après le 7 octobre, vous êtes allés faire tout ce que ne faisait pas ce gouvernement. Vous avez assumé vos responsabilités, chacun dans sa communauté ; vous avez préparé des repas pour les évacués et pour les réservistes, vous avez accroché des rubans jaunes pour les otages – Oui, vous êtes dignes de confiance », a dit Lapid.

Le chef de l’opposition, Yair Lapid, prend la parole à Haïfa lors d’une manifestation appelant à de nouvelles élections, le 20 avril 2024. (Autorisation : Eilat Markovitch)

Il a ajouté qu’il lui avait été demandé d’expliquer pourquoi il n’avait pas voulu rejoindre le gouvernement quand la guerre a éclaté et il a dit qu’il n’avait pas voulu renforcer le pouvoir de ce dernier.

« Ce n’est pas la meilleure solution qu’Israël peut offrir à ses citoyens », a-t-il poursuivi. « Pour les otages, nous voulons des élections et nous les voulons maintenant ».

Avec l’approche de la fête de Pessah, des rassemblements pour les otages ont été organisés dans 55 localités de tout le pays cette semaine à l’initiative du Forum des Familles d’otages et de portés-disparus.

Lors d’un mouvement de protestation qui a eu lieu aux abords de la résidence privée de Netanyahu à Césarée, un intervenant a déploré que les circonstances ne se prêtaient guère à la réjouissance – « et certainement pas à une fête de la liberté alors que 133 de nos frères et sœurs ont passé plus de six mois dans les tunnels de Gaza où ils sont quotidiennement agressés, volontairement affamés et violés ».

A Kfar Saba, les personnes qui ont pris la parole ont vivement recommandé aux protestataires de continuer à prendre part aux rassemblements, notamment pendant la fête de Pessah. Les manifestants se sont réunis en masse à Beersheba, Rehovot, Raanana, Hod Hasharon, à proximité de Netanya et ailleurs.

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