Les universités catholiques US offrent un refuge aux étudiants juifs « harcelés »
La Yeshiva University a construit discrètement une coalition d'institutions désireuses d'accélérer la procédure de transfert des étudiants juifs fuyant l'antisémitisme sur les campus depuis le massacre du 7 octobre
NEW YORK — La Franciscan University of Steubenville, dans l’Ohio, se décrit comme étant « intensément catholique » – mais les étudiants juifs qui ne se sentent plus à l’aise dans leurs propres établissements d’enseignement supérieur pourront bientôt arpenter son immense campus situé à une heure de Pittsburgh.
Depuis le massacre perpétré, le 7 octobre, par des terroristes du Hamas dans le sud d’Israël – un massacre qui a fait 1 200 morts du côté israélien, notamment 10 000 civils qui ont été tués dans des conditions atroces – et la déclaration de guerre faite par Israël au Hamas qui a suivi, les étudiants juifs font face à un acharnement qui ne cesse de s’intensifier sur les campus américains. Barricadés dans les bâtiments universitaires ou frappés à l’aide de porte-drapeaux, les étudiants juifs de tous les États-Unis – y compris ceux qui fréquentent les institutions considérées comme les plus prestigieuses dans le pays – signalent qu’ils ne se sentent plus en sécurité.
Dans le cadre d’une initiative lancée par la Yeshiva University à New York – qui appartient au mouvement orthodoxe moderne – la Franciscan a rejoint une coalition de cent organisations, une coalition qui comprend « un groupe diversifié d’établissements d’enseignement supérieur et d’universités publiques et privées, confessionnelles ou historiquement afro-américaines ».
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« C’est tout un réseau d’écoles qui se dresse en signe de solidarité », commente Stephen Hildebrand, vice-président de la Franciscan University chargé des affaires du campus.
Toutes les écoles ont promis d’offrir un transfert « accéléré » aux étudiants, sans attente bureaucratique, commente Hildebrand auprès du Times of Israel. Elles ont collectivement « condamné les actions brutales du Hamas » et qualifient la guerre que mène Israël contre le groupe terroriste « de combat contre le mal, similaire au combat contre Daesh », selon un communiqué qui a été émis par cette coalition d’universités.
« Cela semblait tout simplement évident de faire cela, c’était manifeste que c’était la bonne chose à faire », ajoute Hildebrand. « Faire savoir à nos frères juifs que s’ils ont besoin d’aide, nous serons là pour leur offrir un refuge où ils seront en sécurité ».
Il y a plusieurs mois, la Franciscan University et The Philos Project avaient commencé à organiser une conférence consacrée à la résurgence de l’antisémitisme, continue Hildebrand. La conférence était prévue pour la dernière semaine du mois d’octobre mais les coordinateurs « n’auraient jamais pu imaginer l’opportunité tragique de l’événement », fait savoir l’université.
Jusqu’à présent, plusieurs étudiants juifs ont exprimé leur intérêt à l’égard d’un transfert de leur dossier à la Franciscan University de manière à pouvoir y continuer leur cursus, précise Hildebrand, qui ajoute qu’une partie de l’objectif poursuivi par la coalition est de permettre aux étudiants de rejoindre un établissement d’enseignement supérieur plus proche de chez eux, si tel est leur désir.
« Nous faisons cela à cause de notre foi catholique et non malgré elle », s’exclame Hildebrand, qui estime que les terroristes du Hamas sont des « païens » et qui compare le massacre du 7 octobre aux atrocités commises par l’État islamique à l’encontre des communautés musulmanes, chrétiennes et yézidies.
« Nous considérons ce que nous faisons comme un tout petit moyen, une toute petite chose que nous sommes en capacité de faire, pour véritablement témoigner de notre amour à l’égard de nos frères juifs et pour leur montrer notre solidarité ; pour leur faire savoir que nous reconnaissons tout à fait ce qu’ils sont en train de vivre et que non seulement nous nous y opposons, mais que nous désirons les aider », explique Hildebrand.
La Franciscan University a été fondée au lendemain de la Seconde guerre mondiale. La majorité de ses premiers étudiants avaient servi au sein de l’armée et ils avaient utilisé la GI Bill pour payer leurs études. La toute première promotion avait compté 258 étudiants – dont sept femmes – et l’université s’appelait alors le College of Steubenville.
« Nous avons déjà connu ça auparavant »
Pendant le processus de planification de ce programme de transfert, Hildebrand indique avoir gardé en permanence à l’esprit les images de ceux qui avaient proposé de cacher des Juifs pendant la Shoah.
« Nous avons déjà connu ça et nous voulons faire ce qui est juste aujourd’hui, nous voulons faire un acte d’amour », déclare-t-il.
« Nous avons voulu être du bon côté des choses », ajoute-t-il, se référant à ce qui, selon lui, a été le rôle « mitigé » qui a été tenu par l’église catholique pendant la Shoah.
A Loretta, en Pennsylvanie, la Saint Francis University a rejoint la Franciscan University, dont elle est partenaire, dans cette coalition qui ne cesse de se développer.
« En tant qu’institution dont la dynamique reste profondément catholique, dont la mission et les valeurs sont franciscaines, nous affichons notre solidarité à l’égard d’Israël et à l’égard de tous ceux qui souffrent sous le règne cruel du Hamas. Il est déterminant que les universités s’unissent contre le terrorisme, qu’elles fassent la promotion de la paix, de l’entente mutuelle et qu’elles fassent une priorité de la protection de toutes les communautés qui évoluent sur nos campus », déclare le président de la Saint Francis University, Malachi Van Tassell.
Le 23 octobre, la Walsh University — un établissement d’enseignement supérieur catholique romain dans l’Ohio – a annoncé qu’il rejoignait la coalition. Le président de l’université a également écrit un texte défendant les actions israéliennes à Gaza depuis le 7 octobre.
« Israël a le droit moral de défendre sa nation et Israël a le devoir moral de résister et de sanctionner toute tentative visant à éradiquer la nation juive. Les actes commis par le Hamas sont immoraux en tous points », a écrit le président de la Walsh University Tim Collins.
De nombreuses universités de la coalition ont émis des condamnations de l’antisémitisme qui a redressé la tête aux États-Unis, des condamnations parfois accompagnées de conseils donnés aux chrétiens de tous les courants pour qu’ils soient le plus à même de lutter contre la haine antijuive.
Hildebrand note que cet activisme peut se manifester par « une campagne dans votre université pour que les Juifs ne soient pas maltraités ou pour que les étudiants ne soient pas complices de l’antisémitisme », tandis que le président de la Franciscan University s’insurge contre les établissements d’enseignement supérieur qui, selon lui, ne font pas assez pour s’attaquer à l’antisémitisme.
« Avec nos frères chrétiens du monde entier, nous prions pour la justice et pour la paix », dit le père Dave Pivonka, président de la Franciscan University.
« Mais alors qu’un trop grand nombre d’universités prêchent la tolérance tout en pratiquant le préjugé, nous nous sentons dorénavant dans l’obligation de faire davantage. Nous assistons à une recrudescence très troublante de l’antisémitisme, nous voyons les menaces graves proférées à l’égard des étudiants juifs. Nous voulons leur offrir la chance de pouvoir effectuer un transfert immédiat de leur dossier au sein de notre université », ajoute Pivonka.
« Notre communauté accueillera les étudiants juifs avec générosité et avec respect », continue-t-il. « Nos différences religieuses ne causeront aucun conflit. Au contraire, à la Franciscan University, notre fidélité radicale à Christ et à la foi catholique exigent que nous fassions preuve d’une charité fraternelle à l’égard de nos frères et sœurs juifs, comme c’est également le cas à l’égard de tous », conclut-il.
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