Washington réaffirme auprès de l’AP son attachement à la solution à deux Etats
Lors de réunions avec les plus hautes autorités, le ministre Hussein al-Sheikh dit vouloir la fin des "actions unilatérales qui sapent" les chances de paix
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
L’administration Biden affirme avoir rappelé son engagement en faveur d’une solution à deux États, lors d’une série de réunions tenues cette semaine à Washington avec un haut responsable palestinien de Rammalah.
Le ministre des Affaires civiles de l’Autorité palestinienne, également secrétaire général du Comité exécutif de l’OLP, Hussein al-Sheikh, s’est entretenu, lundi et mardi, avec plusieurs hauts responsables américains, dont le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, et la secrétaire d’État adjointe, Wendy Sherman
Un compte rendu du cabinet de Sullivan indique qu’al-Sheikh et lui « ont évoqué l’intérêt des États-Unis à promouvoir la paix et la stabilité, préserver les chances de négociations d’une solution à deux États et garantir des conditions de sécurité, prospérité et liberté égales pour Israéliens et Palestiniens ».
Ces propos sont repris dans la quasi-totalité des déclarations relatives au conflit israélo-palestinien publiées par l’administration Biden ces 20 derniers mois.
Sullivan a souligné la nécessité de prendre des mesures pour désamorcer les tensions en Cisjordanie en luttant contre le terrorisme et les incitations à la violence, rappelé l’importance pour toutes les parties de s’abstenir de toute action unilatérale de nature à menacer la stabilité et relevé la nécessité de renforcer les institutions palestiniennes, ainsi que leur engagement en faveur de la non-violence », a ajouté la Maison Blanche.
Le compte-rendu du Département d’État sur la rencontre d’al-Sheikh avec Sherman est sensiblement identique, à ceci près qu’il précise les contours de la solution à deux États que soutient l’administration Biden, à savoir celle « correspondant aux lignes d’avant 1967, avec des échanges de terres mutuellement agréés ».
Cette position a été exprimée pour la première fois par le président américain, Joe Biden, lors de sa visite dans la région en juillet dernier.
Il s’agit d’un retour à une approche américaine traditionnelle, bien davantage que celle de Donald Trump, qui avait publié un plan de paix en vertu duquel Israël aurait conservé l’ensemble de ses implantations en Cisjordanie.
التقيت يوم أمس في مقر الوكالة الأمريكية للتنمية الدولية (USAID) في واشنطن بالسيد أندرو بليت مساعد نائب مدير الوكالة و السيدة ميغان دوهرتي نائبة مساعد مدير الوكالة الأمريكية للتنمية الدولية (DAA) لمكتب الشرق الأوسط ،حيث شكرتهم على دعمهم للمؤسسات الفلسطينية والشعب الفلسطيني pic.twitter.com/CipOE1p4l5
— حسين الشيخ Hussein AlSheikh (@HusseinSheikhpl) October 5, 2022
Dans son propre compte-rendu des réunions auxquelles il a pris part à Washington, al-Sheikh a écrit sur Twitter que ses homologues américains et lui-même avaient évoqué la nécessité de « préserver la solution à deux États », au-delà de la seule « définition d’un horizon politique et de la cessation de toutes les mesures unilatérales qui sapent cette solution ».
Considéré comme l’un des plus proches confidents du président de l’AP, Mahmoud Abbas, Al-Sheikh était accompagné du conseiller diplomatique de ce dernier, Majdi al-Khalidi.
Mercredi, ils se sont rendus au siège de l’Agence américaine pour le développement international, où ils se sont entretenus avec de hauts responsables de l’USAID. Ils les ont remerciés pour les programmes humanitaires qui viennent en aide au peuple palestinien.
Les fonds de l’USAID sont versés au réseau hospitalier de Jérusalem-Est ainsi qu’à des projets de distillation de l’eau en Cisjordanie, où les Palestiniens se plaignent d’un accès à l’eau limité par l’expansion des implantations israéliennes.
Biden est l’un des tout premiers dirigeants américains à ne pas pousser en faveur d’une initiative de paix, au motif que les conditions ne sont pas réunies pour des négociations à enjeux aussi élevés.
Cette position a considérablement déçu les responsables palestiniens et la colère a filtré lors du discours d’Abbas, la semaine passée, à la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies.
Au cours d’une réunion en marge de l’ONU, tenue à huis clos en présence d’Américains d’origine palestinienne, Abbas a confié avoir traité le Secrétaire d’État américain, Antony Blinken, de « petit garçon » incapable d’utiliser sa position pour persuader Israël de faire la paix.
Dans un enregistrement de la réunion obtenu par le Times of Israel, on entend Abbas dire aux participants qu’il croit les Américains lorsqu’ils assurent qu’Israël ne veut pas la paix.
Mais il ajoute s’être aperçu que « les Israéliens n’étaient pas les seuls à ne pas vouloir la paix, les Américains ne sont pas davantage intéressés ».
La visite d’Al-Sheikh fait suite aux craintes exprimées par plusieurs hauts responsables de Biden face à la détérioration de la situation sécuritaire en Cisjordanie.
Sullivan a évoqué la question lors de sa rencontre avec le président du Conseil de sécurité nationale israélien, Eyal Hulata, mercredi dernier à la Maison Blanche.
Les États-Unis ont rappelé leur attachement à l’amélioration des relations entre Israël et l’AP, cruciale pour la stabilité en Cisjordanie.
Les collaborateurs de Biden ont mis en garde contre une focalisation excessive sur le maintien de la coordination sécuritaire israélo-palestinienne, insistant pour que des mesures soient prises par Israël pour stimuler l’économie palestinienne.
Mercredi dernier, quatre Palestiniens ont été tués et 44 blessés lors d’une opération militaire israélienne dans la ville de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie.
Le Chef d’état-major de Tsahal, Aviv Kohavi, a déclaré que l’opération avait permis de neutraliser une menace terroriste précise.
Il s’agit de l’épisode le plus meurtrier depuis qu’Israël a lancé sa campagne anti-terroriste, suite à une vague d’attentats palestiniens qui ont tué 19 personnes en Israël et en Cisjordanie.
Plus de 2 000 Palestiniens ont été arrêtés et une centaine, tués, dans des opérations nocturnes, ce qui en fait l’année la plus meurtrière dans ce territoire depuis 2015.
La plupart des victimes avaient ouvert le feu ou lancé des pierres, voire des bombes incendiaires, sur les soldats israéliens chargés des raids.
Mais on déplore également la mort de civils innocents, étrangers à toute violence.