Les vaccins Pfizer et Moderna produisent une immunité « durable » – étude
La recherche indique que les rappels ne sont peut-être pas nécessaires et que l'inoculation est capable de fournir une défense contre au moins certains des variants du coronavirus
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël
Les vaccins Pfizer-BioNtech et Moderna contre le coronavirus produisent une réponse immunitaire continue, selon une étude, ce qui indique qu’ils offrent une protection durable contre la COVID-19.
L’étude, publiée lundi dans la revue à comité de lecture Nature, révèle que les vaccins « induisent une production persistante » d’anticorps « permettant la génération d’une immunité humorale robuste ».
En outre, les vaccins ont permis de produire des niveaux élevés d’anticorps contre trois variantes connues du coronavirus, y compris la variante Beta détectée pour la première fois en Afrique du Sud. La réponse en anticorps contre les variantes était encore plus forte chez les personnes vaccinées qui ont auparavant été infectées par la COVID-19.
Bien que les chercheurs n’aient étudié que les personnes ayant reçu le vaccin Pfizer-BioNtech, celui-ci utilise la même technologie ARNm que les vaccins Moderna afin de produire l’inoculation.
Alors que de nombreux vaccins existants utilisent des fragments de protéines virales ou bactériennes pour déclencher une réponse immunitaire, les vaccins contre le coronavirus basés sur l’ARN demandent à l’organisme de fabriquer et de libérer des protéines dites « spike », qui déclenchent ensuite la réponse immunitaire.
« La réponse immunitaire à ces vaccins est à la fois forte et potentiellement durable », selon un rapport publié lundi par la Faculté de médecine de l’université de Washington, dont les scientifiques ont dirigé la recherche.
Bien que d’autres études aient suivi au fil du temps les niveaux d’anticorps dans le sang des personnes vaccinées, la nouvelle recherche a examiné de plus près la façon dont la réponse immunitaire se développait dans le corps.
Les chercheurs ont découvert que les centres germinatifs dans les ganglions lymphatiques des participants à l’étude étaient encore très actifs quatre mois après qu’ils aient reçu leur première injection de vaccin.
« Les centres germinatifs sont la clé d’une réponse immunitaire persistante et protectrice », a expliqué l’auteur principal Ali Ellebedy, professeur associé de pathologie et d’immunologie, de médecine et de microbiologie moléculaire. « Les centres germinatifs sont l’endroit où se forment nos mémoires immunitaires. Et plus longtemps nous avons un centre germinatif, plus forte et plus durable sera notre immunité, car un processus de sélection féroce s’y déroule, et seules les meilleures cellules immunitaires survivent. »
41 personnes ont été examinées pour l’étude, dont huit avaient déjà été infectées par la COVID-19. Toutes avaient reçu les deux doses standard du vaccin Pfizer-BioNTech.
Des échantillons germinatifs ont été prélevés sur 14 des personnes ayant reçu le vaccin, trois semaines après leur première dose et juste avant de recevoir leur deuxième dose. Des échantillons supplémentaires ont été prélevés aux semaines 4, 5 et 7. En outre, 10 des participants ont donné des échantillons 15 semaines après avoir commencé à recevoir le vaccin. Aucune des personnes ayant donné des échantillons germinatifs n’avait déjà contracté la COVID-19.
Les chercheurs ont constaté qu’après trois semaines, des centres germinatifs, situés dans les aisselles, s’étaient formés chez les 14 participants et qu’à la fin de la période d’étude, 8 des 10 participants testés avaient encore « des centres germinatifs détectables contenant des cellules B ciblant le virus », selon le rapport de l’EUMC.
Même 15 semaines après l’administration du premier vaccin, les centres germinatifs produisaient encore des cellules immunitaires.
« C’est la preuve d’une réponse immunitaire vraiment robuste », a déclaré la co-auteure principale Rachel Presti. « Votre système immunitaire utilise les centres germinatifs pour perfectionner les anticorps afin qu’ils se fixent bien et durent aussi longtemps que possible. Les anticorps présents dans le sang sont le résultat final du processus, mais c’est dans le centre germinatif que tout se passe. »
L’étude a examiné les échantillons de sang des 41 personnes qui ont reçu le vaccin Pfizer.
On a constaté que le taux d’anticorps augmentait lentement après la première dose chez les personnes qui n’avaient pas été exposées au virus auparavant, mais qu’il augmentait beaucoup plus rapidement chez celles qui avaient été infectées par la COVID-19.
Ellebedy a déclaré au New York Times qu’une injection de rappel du vaccin pour les personnes n’ayant jamais été infectées par la COVID-19 produirait probablement le même effet.
« Si vous leur donnez une autre chance de s’engager, elles auront une réponse massive », a-t-il dit, en faisant référence aux cellules qui ciblent le virus.
Israël utilise le vaccin Pfizer-BioNTech pour sa campagne nationale d’inoculation, qui a jusqu’à présent permis d’administrer les deux vaccins à plus de la moitié de la population. Bien que les infections par la COVID-19 soient passées de plusieurs milliers par jour à quelques dizaines seulement, le pays a connu une récente résurgence de cas attribués au variant Delta détecté pour la première fois en Inde.
Israël a déjà passé des commandes pour des millions de vaccins supplémentaires alors que le pays a ouvert l’inoculation aux enfants âgés de 12 à 15 ans et au cas où une décision serait prise de faire des rappels à l’ensemble de la population.