L’ex-directeur d’un journal juif arrêté pour agression lors de l’assaut du Capitole
À la tête du Jewish Press à l'époque des faits, Elliot Resnick fait aujourd'hui face à plusieurs chefs d'accusation criminelle pour l'agression d'un policier anti-émeutes
L’ex-rédacteur en chef d’un site d’information juif orthodoxe de droite a été interpellé jeudi. Il est accusé d’avoir agressé un policier lors de l’assaut du Capitole américain, le 6 janvier 2021, par les partisans du président Donald Trump.
New-Yorkais âgé de 39 ans, Elliot Resnick était rédacteur en chef du Jewish Press au moment de l’insurrection.
Selon un communiqué de presse du bureau du procureur du district de Columbia, il est accusé d’avoir empêché un policier d’agir lors d’une émeute, de s’être introduit et d’avoir séjourné dans des enceintes d’accès réglementé, d’y avoir eu un comportement inapproprié et enfin d’avoir manifesté à l’intérieur du Capitole.
Resnick a été arrêté à New York et devait comparaître devant le tribunal hier, jeudi.
Selon des documents judiciaires, Resnick aurait fait partie des foules qui se sont précipitées sur les marches centre-est du Capitole après le débordement du cordon de police.
Des images le montrent en train de faire signe aux autres de le suivre dans les escaliers.
Devant les portes du bâtiment, on le voit saisir le bras d’un policier qui tentait de disperser un irritant chimique pour empêcher les émeutiers d’entrer dans le Capitole.
Resnick est l’une des premières personnes à s’être frayé un chemin en passant par les portes de la rotonde Est.
Une fois à l’intérieur, Resnick a tenté d’ouvrir une autre porte pour permettre à un plus grand nombre de personnes d’entrer.
Comme la porte ne bougeait pas, il s’est employé à faire entrer des émeutiers par l’autre porte, qui avait été ouverte.
Resnick s’est promené dans plusieurs zones d’accès limité du Capitole avant de retourner à l’entrée et de faire entrer d’autres émeutiers.
Selon des documents judiciaires, il a quitté le bâtiment 50 minutes plus tard, mais a été vu dans le parc du Capitole pendant encore une heure.
Selon le ministère de la Justice, Resnick fait partie du millier de personnes arrêtées dans tous les États des USA pour des crimes liés à l’assaut du Capitole : 320 d’entre elles sont accusées de s’être livrées à des agressions ou d’avoir entravé l’application de la loi.
Resnick a été licencié de son poste de rédacteur en chef de Jewish Press en mai 2021, plusieurs semaines après avoir été identifié dans des vidéos YouTube de l’assaut sur le Capitole.
À l’époque, Naomi Mauer, l’éditrice au Jewish Press, avait paru soutenir Resnick.
« À notre compréhension des faits, nous pensons que M. Resnick a agi dans le respect de la loi », déclarait alors Mauer à Politico par courrier électronique, refusant de répondre à toute autre question.
Resnick était rédacteur en chef de Jewish Press depuis 2018.
Il était connu pour ses propos volontiers provocateurs, qualifiant notamment le mouvement des droits des homosexuels de « diabolique ».
Sous la direction de Resnick, Jewish Press avait été critiquée par l’Anti-Defamation League en 2019, suite à la publication d’un éditorial intitulé « The Pride Parade: What Are They Proud Of », qui comparait les participants homosexuels à la Gay Pride New Yorkaise à des animaux, des adultères et des voleurs.
« Si les Noirs en veulent tant à l’Amérique [sic], qu’ils rejettent le christianisme (que l’homme blanc leur a donné) et qu’ils réadoptent les religions primitives qu’ils pratiquaient en Afrique », écrivait Resnick dans un tweet de 2019.
« Quelqu’un pourrait me donner une raison cohérente pour laquelle le blackface est raciste ? » écrivait-il dans un autre tweet la même année.
Resnick n’était pas le premier rédacteur en chef dans l’histoire de Jewish Press à épouser des opinions racistes.
Le journal a été édité dans les années 1960 par le rabbin Meir Kahane, ultranationaliste juif qui prônait la violence contre les Arabes et a été banni de la Knesset, le parlement israélien.
Bien que le journal ait pris ses distances avec Kahane en 1969, il figure toujours parmi les éminents rédacteurs en chef du journal sur son site Internet.
En 2015, Resnick avait fait une critique élogieuse d’une biographie de Kahane écrite par son épouse, évoquant son expérience de « quasi-transe » à la lecture de l’un des ouvrages de Kahane au lycée.
La JTA a contribué à la rédaction de cet article.