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Nécrologie

L’ex-ministre et militant séfarade David Levy s’éteint à l’âge de 86 ans

Le succès du Likud dans la création d'une classe moyenne mizrahi a fait de cette communauté son principal électorat, une tendance électorale qui se poursuit à ce jour

  • L'ancien Premier ministre Yitzhak Shamir (à gauche) avec ses collègues du Likud David Levy (à droite) et Ariel Sharon lors d'une réunion du Likud en 1986. (Crédit : Moshe Shaï/FLASH90)
    L'ancien Premier ministre Yitzhak Shamir (à gauche) avec ses collègues du Likud David Levy (à droite) et Ariel Sharon lors d'une réunion du Likud en 1986. (Crédit : Moshe Shaï/FLASH90)
  • Les dirigeants du Likud, le parti au pouvoir en Israël, de gauche à droite, le ministre de la Défense Moshe Arens, le ministre du Logement Ariel Sharon, le ministre des Affaires étrangères David Levy et le Premier ministre Yitzhak Shamir assis lors de la première des trois conventions du parti Likud destinées à classer les candidats du Likud pour les prochaines élections israéliennes de juin, à Tel Aviv, le 10 février 1992. (Crédit : Nati Harnik/AP)
    Les dirigeants du Likud, le parti au pouvoir en Israël, de gauche à droite, le ministre de la Défense Moshe Arens, le ministre du Logement Ariel Sharon, le ministre des Affaires étrangères David Levy et le Premier ministre Yitzhak Shamir assis lors de la première des trois conventions du parti Likud destinées à classer les candidats du Likud pour les prochaines élections israéliennes de juin, à Tel Aviv, le 10 février 1992. (Crédit : Nati Harnik/AP)
  • Le ministre israélien des Affaires étrangères, David Levy, lors de sa rencontre avec le président Bush, dans le bureau ovale pour discuter des progrès des pourparlers de paix au Proche-Orient, à Washington, le 17 décembre 1991. (Crédit : Ron Edmonds/AP)
    Le ministre israélien des Affaires étrangères, David Levy, lors de sa rencontre avec le président Bush, dans le bureau ovale pour discuter des progrès des pourparlers de paix au Proche-Orient, à Washington, le 17 décembre 1991. (Crédit : Ron Edmonds/AP)

David Levy, un politicien du Likud de longue date connu pour avoir brisé le plafond de verre pour les Juifs séfarades – ou mizrahim – dans la politique israélienne, est décédé dimanche soir à l’âge de 86 ans.

Bien que les jeunes Israéliens ne connaissent peut-être pas son nom, David Levy a joué un rôle central dans l’élimination des barrières sociales et économiques à l’engagement politique des mizrahim (Juifs du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord) dans les années 1970 et 1980, en plus de solidifier la base d’électeurs séfarades de la classe ouvrière du Likud, qui subsiste jusqu’à aujourd’hui.

Il a accédé au poste de vice-Premier ministre, a été trois fois ministre des Affaires étrangères et a défié Benjamin Netanyahu pour la direction du Likud en 1993.

Né à Rabat, au Maroc, Levy a immigré avec sa famille en Israël en 1957, à l’âge de 20 ans. Ils se sont installés à Beit Shean, une ville en développement, où il a vécu jusqu’à sa mort.

Il s’est imposé dans la vie politique du pays au début des années 1970 comme dirigeant syndical, puis comme député à la Knesset, à partir de 1969, où il a siégé pendant 36 ans.

Levy a d’abord gagné sa vie en travaillant dans les kibboutzim à dominante ashkénaze de la région. Son entrée dans le monde politique est le résultat direct de ses activités d’organisation du travail, à commencer par une grève qu’il a organisée contre les dirigeants des kibboutzim jusqu’à ce qu’ils garantissent à leurs travailleurs de l’eau potable et froide à boire.

Après la grève, il a été interdit de travailler dans la région de Beit Shean. Il a donc cherché du travail ailleurs et a fini par obtenir un emploi d’ouvrier du bâtiment à Tel Aviv.

De gauche à droite : Menachem Begin, alors Premier ministre, Yosef Burg et David Levy, dans la salle du plénum de la Knesset, en 1983. (Crédit : Yossi Zamir/Flash90)

Levy s’ancre dans la politique syndicale pour les années à venir, rejoignant la faction de droite Tekhelet-Lavan (Bleu-Blanc) de l’organisation syndicale israélienne de la Histadrout.

En 1965, Levy remporte un siège au Conseil local de Beit Shean dans le cadre de l’alliance Gahal dirigée par Menachem Begin. Quatre ans plus tard, il se place en 24e position sur la liste de Begin et entre de justesse à la Knesset lors d’une victoire décisive de l’alliance après la Guerre des Six Jours.

Après une victoire écrasante en 1977 du parti Herout de Menachem Begin, l’actuel Likud, Levy a pu tirer parti de sa proximité avec la classe ouvrière mizrahi et servir d’intermédiaire entre celle-ci et le Premier ministre.

Précédé par des mouvements mizrahim plus radicaux tels que les Black Panthers israéliens, qui ont fait parler d’eux dans les années 1970 sans grand succès électoral, Levy a favorisé l’intégration dans l’establishment politique israélien.

Ses efforts pour obtenir des avantages économiques pour les communautés séfarades sont peut-être l’aspect le plus durable de son héritage. Le succès du Likud dans la création d’une classe moyenne mizrahi a fait de cette communauté son principal électorat, une tendance électorale qui se poursuit encore aujourd’hui.

« Les sondages montraient un soutien énorme aux Panthères, mais les gens n’étaient pas prêts à voter pour eux. La personne qui a identifié cela a été David Levy, qui était jusqu’alors presque inconnu », a expliqué Sami Shalom-Chetrit, spécialiste des mouvements sociaux mizrahim, au magazine Davar en 2021. « Il n’y a pas de David Levy sans les Panthères, il n’y a pas de Likud en tant que mouvement populaire sans les Panthères. »

Pendant son mandat de ministre du Logement et de la Construction dans le premier gouvernement de Begin, Levy a atténué la pénurie de logements dans les quartiers séfarades de Jérusalem en incitant les jeunes couples à s’installer dans les implantations en Cisjordanie.

Il a également accéléré la construction et le financement dans les quartiers économiquement défavorisés dans le cadre de l’ambitieuse initiative gouvernementale de « réhabilitation des quartiers ».

Le ministre israélien des Affaires étrangères, David Levy, lors de sa rencontre avec le président Bush, dans le bureau ovale pour discuter des progrès des pourparlers de paix au Proche-Orient, à Washington, le 17 décembre 1991. (Crédit : Ron Edmonds/AP)

En 1985, il a été le seul ministre du Likud du gouvernement d’union nationale à voter en faveur du retrait de l’armée israélienne du Liban.

Alors qu’il montait en puissance en tant que ministre dans les gouvernements de droite successifs, Levy a été confronté à un racisme considérable de la part des médias et de ses camarades de parti, considéré comme une « blague nationale » sur la seule base de ses origines marocaines.

La célèbre émission israélienne de satire politique des années 1990, « Harzufim », a réduit sa vie politique à une phrase d’accroche d’un seul mot, que son personnage répétait inlassablement : « moufleta », une crêpe traditionnellement consommée lors de la Mimouna, le repas qui marque la fin de Pessah chez les Juifs marocains.

« Dans la bouche de certains membres du Likud, j’étais comme un singe qui venait de descendre de son arbre », a déclaré Levy dans un discours emblématique de 1992, après sa défaite face à Yitzhak Shamir lors des primaires pour la direction du Likud.

De gauche à droite : Le ministre de la Justice Tzahi Hanegbi, le ministre des Affaires étrangères David Levy, le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le secrétaire du cabinet Danny Naveh, non identifié, le procureur général Elyakim Rubinstein, le ministre de la Santé Yehoshua Matza, l’assistant de Netanyahu Avigdor Liberman, avant une réunion du cabinet, à Jérusalem, le 18 avril 1997. (Crédit : Zoom 77/AP)

Un an plus tard, au milieu des primaires du Likud, l’opposant de Levy, l’actuel Premier ministre Netanyahu, l’a désigné comme le coupable d’un prétendu scandale de chantage. L’affaire concernait un appel anonyme que Netanyahu disait avoir reçu pour lui demander de se retirer de la course et menacer de divulguer à la presse une « Hot Tape » – une cassette vidéo le montrant en train de tromper sa femme s’il ne le faisait pas. (Aucun enregistrement de ce type n’a été découvert par la police au cours de l’enquête qui a suivi).

Netanyahu, laissant entendre que Levy avait orchestré l’appel, l’a qualifié « d’homme seul, entouré d’un groupe de criminels ».

Avec le recul, les analystes politiques ont compris qu’il s’agissait d’un stratagème de la part de Netanyahu pour salir son adversaire. « L’affaire de la Hot Tape », comme on l’a appelée, a mis Netanyahu sur la voie de la victoire au poste de Premier ministre et a porté un coup très dur à l’avenir politique de Levy.

Connu pour sa vision politique plus modérée que celle de nombreux « princes du Likud » – les politiciens de droite de la deuxième génération qui ont dominé le parti dans les années 1990 – Levy s’est opposé à ce qu’il a appelé le « déchaînement et le hooliganisme » de nombreux membres de la droite pendant la période qui a précédé l’assassinat du Premier ministre Yitzhak Rabin.

Les dirigeants du Likud, le parti au pouvoir en Israël, de gauche à droite, le ministre de la Défense Moshe Arens, le ministre du Logement Ariel Sharon, le ministre des Affaires étrangères David Levy et le Premier ministre Yitzhak Shamir assis lors de la première des trois conventions du parti Likud destinées à classer les candidats du Likud pour les prochaines élections israéliennes de juin, à Tel Aviv, le 10 février 1992. (Crédit : Nati Harnik/AP)

Lors du tristement célèbre rassemblement de 1995 contre Rabin sur la Place de Sion, Levy a été l’un des rares à quitter la scène après avoir vu les manifestants dépeindre Rabin comme un officier SS et appeler à sa mort.

Après sa défaite aux primaires de 1993, Levy s’est séparé du Likud et a fondé son propre parti, Gesher (« pont » en hébreu) , qu’il a uni au Likud entre 1996 et 2001.

À la suite d’une nouvelle brouille avec Netanyahu au sujet de la politique de son gouvernement à l’égard des classes défavorisées, Levy a démissionné de son poste de ministre des Affaires étrangères, avant de retrouver le même poste en 1999 sous Ehud Barak.

Il a également démissionné du gouvernement Barak, en opposition à ce qu’il considérait comme une approche trop conciliante du processus de paix.

Après 37 années consécutives à la Knesset, Levy a perdu son siège lors des élections législatives de 2006, mettant ainsi fin à sa carrière politique.

Il laisse derrière lui son épouse Rachel et douze enfants, dont la politicienne Orly Levy-Abekasis, qui était jusqu’à récemment membre de la Knesset pour le Likud, mais qui a depuis quitté la vie politique.

Netanyahu dernier a publié un message de condoléances, affirmant pleurer « profondément avec tous les citoyens israéliens la disparition de David Levy, serviteur dévoué au public pendant des décennies ».

« J’ai collaboré avec David dans les gouvernements du Likud […] nous n’étions pas toujours d’accord sur tout mais j’admirais son sens de la mission », a ajouté Netanyahu.

Pressenti pour être président après sa retraite politique, il ne s’était pas présenté et avait reçu, en 2018, le très prestigieux Prix Israël pour sa contribution à la société et à l’État d’Israël.

La classe politique israélienne, unanime, lui a rendu hommage dimanche soir.

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