L’ex-otage Keith Siegel dit avoir été forcé d’assister à l’agression sexuelle de captives
L'Israélo-américain Keith a appelé l'administration Trump, le gouvernement israélien et les parties médiatrices à revenir à la table des négociations : « chaque jour qui passe ne fait qu'accroître les souffrances et les risques de mort et de dévastation psychologique »
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Keith Siegel, l’otage récemment libéré, a déclaré qu’il avait été forcé de regarder ses codétenues être agressées sexuellement par leurs ravisseurs du Hamas pendant qu’il était détenu à Gaza.
« J’ai vu une jeune femme se faire torturer par le terroriste. Je veux dire littéralement torturer, pas seulement au sens figuré », a déclaré Siegel à l’émission « 60 Minutes » de la chaîne CBS.
Siegel, qui a été libéré des geôles du Hamas en février après 484 jours de captivité, a raconté avoir été forcé d’assister aux sévices. « J’ai vu des agressions sexuelles sur des femmes otages. »
Se souvenant du jour où il a été kidnappé par le Hamas, cet homme de 65 ans, qui possède la double nationalité américaine et israélienne, a indiqué que lui et sa femme Aviva avaient été « conduits à Gaza puis emmenés dans un tunnel – nous nous sentions en danger, menacés de mort, entourés de terroristes armés. »
Ils ont vécu sous terre dans des tunnels creusés par le Hamas où « nous étions à bout de souffle ».
Il a dit que les conditions de détention se sont considérablement détériorées après la fin du premier bref cessez-le-feu en novembre 2023, au cours duquel sa femme a été libérée.

« Les terroristes sont devenus très méchants, très cruels et violents. Bien plus. Ils me battaient et me privaient de nourriture », a dit Siegel. « Ils mangeaient souvent devant moi et ne me donnaient rien.
Une fois par mois, les otages étaient autorisés à prendre une douche avec un seau d’eau froide et une petite tasse.
Ses ravisseurs lui ont rasé la tête et les parties intimes. « Peut-être que ça les amusait… Je me sentais humilié », a dit Siegel.
Ses ravisseurs ont réussi à briser complètement son moral.
« J’avais l’impression d’être complètement dépendant des terroristes, que ma vie dépendait d’eux – qu’ils allaient me donner à manger, m’apporter de l’eau, me protéger des foules qui allaient me lyncher », a dit Siegel.
American citizen Keith Siegal, who was held hostage in Gaza, speaks about the harrowing conditions he endured in captivity.
“The terrorists became very mean and very cruel and violent… They were beating me and starving me.” pic.twitter.com/DAVe7BgFBz
— Oli London (@OliLondonTV) March 31, 2025
« J’ai été laissé seul plusieurs fois, et j’avais très, très peur qu’ils ne reviennent pas et que je sois abandonné là-bas. Et qu’est-ce que j’aurais fait alors ? » s’est-il souvenu.
« Peut-être que c’était une façon pour eux de me torturer psychologiquement, de me faire réfléchir : ‘Dois-je m’échapper ? Ne dois-je pas m’échapper ? Dois-je essayer de m’échapper ?’ »
« Mais je suis presque sûr qu’ils savaient que je n’oserais pas le faire parce que j’avais besoin d’eux », a dit Siegel.
Il a affirmé que même après sa libération, il passe la majeure partie de sa journée à s’inquiéter pour les otages encore à Gaza, dont 24 seraient encore en vie.
La caméra montre Siegel effondré, pleurant amèrement, enfouissant la tête dans ses mains puis sur la table devant lui.
L’émission a également montré les retrouvailles entre les anciens otages Keith et Aviva Siegel et l’ex-otage Agam Berger.
Tous les trois ont été détenus ensemble dans un tunnel exigu du Hamas, avec quatre autres otages. Aviva a été libérée après 50 jours, en novembre 2023, et ce même jour, Keith et Agam ont également été séparés.
« On ne pouvait pas se lever. Il n’y avait pas de place pour se déplacer. Nous n’avions le droit de sortir de cette niche que pour aller aux toilettes », a décrit Keith.
« Le premier jour, ils sont restés avec nous pendant quelques heures, puis ils nous ont quittés. Nous avons dit : ‘Si nous avons besoin d’aide, que faisons-nous ?’ Et ils ont répondu : ‘Venez dans les escaliers et criez notre nom, nous viendrons’ »
Keith a dit qu’il a été soulagé lorsque Aviva a été libérée en novembre 2023, mais qu’il a vu plus tard comment elle a été prise d’assaut par des Gazaouis hostiles pendant son transfert. « Je n’étais pas sûr qu’Aviva soit rentrée vivante à la maison… C’était très stressant. »
Lorsqu’il a finalement été libéré en février, Keith a dit que ses ravisseurs lui ont dit qu’il devait saluer et remercier le Hamas lors de sa cérémonie de libération.

« J’ai salué le public. Je n’ai pas dit ‘merci’ », a raconté Keith, ajoutant qu’il avait craint que quelque chose ne tourne mal à la dernière minute et qu’il ne soit pas libéré.
L’ex-captif a évoqué le lien fort qu’il a tissé avec les autres otages qui l’accompagnaient, et a déclaré qu’ils prenaient tous soin les uns des autres, physiquement et émotionnellement.
En serrant Berger dans ses bras, Aviva a dit qu’elle a gardé le sourire tout au long de leur captivité et que cela leur a donné à tous beaucoup de force. Elle a raconté qu’elle et Berger se tenaient par la main et se regardaient dans les yeux pour essayer d’atténuer leur peur commune.
Aviva a également parlé de la façon dont Berger et Liri Albag, une autre otage, ont remonté le moral de Keith pendant une période particulièrement sombre de leur captivité.
« La plupart du temps, c’était Keith qui nous remontait le moral », a souligné Berger.
« Quand l’un de nous avait du mal, tous les autres nous aidaient », a dit Keith.
« Il y a eu un bombardement très, très intense. Agam avait particulièrement peur. [Je lui ai demandé] si je pouvais lui tenir la main. Je lui ai tenu la main », s’est-il souvenu. « Elle m’a aidé, et je l’ai aidée. »
Keith a profité de l’interview pour appeler l’administration Trump, le gouvernement israélien et les parties médiatrices à revenir à la table des négociations afin de renouveler le cessez-le-feu et l’accord de libération des otages entre Israël et le Hamas.
« C’est urgent, et chaque jour qui passe ne fait qu’accroître les souffrances et les risques de mort et de dévastation psychologique », a-t-il dit.