L’ex-Premier ministre belge accusé d’antisémitisme envers les juifs d’Anvers
Elio di Rupo a utilisé une expression que beaucoup considèrent comme désobligeante pour l'importante population juive de la ville
L’ancien Premier ministre belge a été accusé d’antisémitisme après s’être plaint dans une interview que le royaume est devenu le pays des « marchands de diamants d’Anvers ».
Elio di Rupo, un politicien socialiste qui a été Premier ministre belge de 2011 à 2014, a été accusé d’avoir fait allusion à la théorie du complot juif dans une interview publiée vendredi dans le journal L’Echo.
« La Belgique ne peut pas être gouvernée comme elle l’est aujourd’hui : uniquement pour les plus riches et les plus puissants », a dit Di Rupo. « C’est une Belgique de diamantaires anversois que nous avons aujourd’hui alors que nous avons besoin d’une Belgique beaucoup plus pluraliste. C’est une politique de droite impitoyable qui présume tout savoir, mais qui est démentie par les statistiques. »
Pendant des décennies, le quartier du diamant de la ville belge d’Anvers a été dominé par les Juifs. Cependant, depuis les années 1980, les commerçants juifs ont été progressivement remplacés par des Sud-Asiatiques, dont on estime aujourd’hui qu’ils sont plus nombreux que les Juifs.
Dans un éditorial sur le site d’information « Juif », un journaliste a accusé di Rupo d’utiliser la théorie du complot juif. Mais même si ce n’était pas son intention, poursuit le rédacteur, « il aurait pu formuler autrement ce qu’il voulait dire au lieu de verser de l’huile sur le feu avec une certaine forme d’antisémitisme ». L’éditorial est paru à l’origine sur le blog « Philosemitism ».
Di Rupo n’a pas souhaité répondre à la demande de réaction de JTA.
En 2015, di Rupo avait fait l’objet de critiques cinglantes de la part des Juifs lorsqu’il a écrit sur Twitter : « Je suis Charlie, je suis juif, je suis palestinien » à la suite du meurtre de quatre Juifs à Paris par un islamiste qui a invoqué les actions d’Israël pour justifier les meurtres.
Les propos de Di Rupo sur les diamantaires d’Anvers interviennent au milieu d’un débat en Belgique sur l’attribution d’un doctorat honorifique par une université bruxelloise à un réalisateur qui a rejeté les accusations d’antisémitisme au sein du Parti travailliste britannique en les qualifiant de « coups bas ».
Ken Loach, qui soutient la campagne de boycott d’Israël qui compare les actions d’Israël à celles de l’Allemagne nazie, a reçu cette distinction la semaine dernière de l’Université libre de Bruxelles malgré l’opposition du Premier ministre belge Charles Michel, selon le radiodiffuseur de la RTBF.
Plus tôt ce mois-ci, Loach a demandé que les parlementaires travaillistes qui ont manifesté contre l’antisémitisme sur la place du Parlement de Londres soient expulsés du parti.
« Vous ne pouvez pas travailler avec des gens qui viennent saper le plus grand défi que nous avons eu – nous n’avons jamais eu un leader comme Corbyn auparavant dans toute l’histoire du Parti travailliste… et c’est pourquoi les coups bas vont faire surface ».
Jeremy Corbyn a été élu chef du Parti travailliste en 2015. Il a qualifié le Hamas d’organisation « dédiée au bien du peuple palestinien et à l’instauration de la paix, de la justice sociale et de la justice politique ». Il a qualifié ce groupe et le Hezbollah d’“amis”.
Les détracteurs de Corbyn affirment qu’il est responsable de la multiplication des discours antisémites dans les rangs du Parti travailliste, qui a vu des milliers de ses partisans se joindre à lui. En 2016, il a été accusé de laxisme à l’égard de l’antisémitisme par une commission d’enquête interparlementaire sur le problème, qui comprenait des membres travaillistes.
Interrogé sur la négation de l’Holocauste par un militant de Corbyn, Loach a déclaré en 2017 : « Je pense que c’est à nous tous de discuter de l’histoire. La création de l’État d’Israël, par exemple, fondée sur le nettoyage ethnique, est une question dont nous devons tous discuter, alors n’essayez pas de renverser cela par de fausses histoires d’antisémitisme ».
Il a déclaré plus tard qu’il ne remettait pas en question le bilan historique de l’Holocauste.