L’ex-« Première dame de l’EI » aime les Juifs réformés et se rendra à Jérusalem
Pendant 12 ans, Tania Joya fut la femme du leader américain de l'État islamique. Elle vit au Texas, a renoncé à l'islam et a parlé de déradicalisation dans une synagogue
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).
Il y a moins de six ans, la musulmane d’origine britannique Tania Joya vivait en Syrie avec son mari, un Américain converti à l’islam qui devenait une figure de plus en plus influente dans les cercles de l’État islamique. Début janvier, elle a fait un discours sur « la lutte contre les forces de l’extrémisme violent » au Temple Shalom, une synagogue réformée de Dallas, au Texas.
Pour autant que Tania Joya le sache, son ex-mari, l’ancien chrétien grec-orthodoxe John Georgelas, qui s’appelle Yahya al-Bahrumi depuis 17 ans, est toujours actif en Syrie avec l’État islamique, où il dirigerait ses opérations de propagande en anglais et serait sa plus ancienne recrue américaine. Pour sa part, Tania Joya a renoncé à l’islam, est de plus en plus attirée par les coutumes et rituels juifs, a emmené ses fils pour décorer la souccah du Temple Shalom il y a quelques mois et dit avoir l’intention de se rendre à Jérusalem.
La transformation éclair de sa vie, passée du statut d’ex-jihadiste autoproclamée et épouse dévouée d’un extrémiste islamiste à celle de militante affirmée contre la radicalisation, est si abrupte et incroyable que beaucoup ont des doutes, reconnaît-t-elle.
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Lors d’une apparition à la télévision britannique il y a un an, ses hôtes ont interrompu son interview après avoir répondu qu’elle aimait encore son ex-mari : « Je ne l’aime pas comme si j’étais amoureuse de lui ; je l’aime car il m’a donné quatre beaux et adorables enfants… S’il est capturé, il doit aller en prison, évidemment… Je l’aime comme j’aime les gens… Tout le monde a un bon et un mauvais côté. » Son intervieweur, Piers Morgan, avait alors répondu de façon caustique : « Les terroristes de l’EI n’ont pas de bon côté, donc j’ai bien peur que nous mettions fin à l’interview sur le champ ».
La repentie estime que ce court extrait de l’interview, qui a fait l’objet de nombreuses controverses, est injuste ; ailleurs dans la conversation, elle a essayé d’expliquer comment et pourquoi elle avait été attirée par l’extrémisme islamique et a également qualifié le Coran de « livre terrible, » qui promeut le Jihad et la guerre.
Lorsque la femme de 34 ans résume les rebondissements de sa jeune vie lors d’une récente interview téléphonique, sa première avec un journaliste israélien, cela donne lieu à un récit très crédible. Et si sa fuite de Syrie, enceinte et trois enfants dans les bras, et sa renaissance improbable au Texas sont très spectaculaires, ce qui est le plus frappant et alarmant dans cette saga est la facilité avec laquelle Tania Joya fut endoctrinée par le radicalisme islamique et l’ardeur dont elle fit preuve pour défendre cette cause monstrueuse.
Je ne voulais pas être cette idiote qui a été endoctrinée. Mais les faits sont indéniables
Comment tout a commencé
Selon ses dires, elle était une adolescente musulmane britannique influençable, qui ne vivait pas dans un foyer musulman radical, avait une relation difficile avec ses parents, était physiquement malade, pensait que Dieu la punissait et qui se raccrochait à des convictions radicales, ce qu’elle considère aujourd’hui être un affreux système de soutien. « Je ne voulais pas être cette idiote qui a été endoctrinée. Mais les faits sont indéniables », confie-t-elle au téléphone depuis le Texas. Et, de façon plus constructive, « Si j’ai pu être transformée par la connaissance et les faits, d’autres le peuvent aussi. »
Tania Joya a grandi près de Londres, sous le nom de Joya Choudhury, fille de parents nés au Bangladesh, qu’elle décrit comme « de culture musulmane ». Quand on lui demande s’ils étaient extrémistes, elle rit et répond : « Oh, non, pas du tout. Je n’utiliserais pas ce mot. » Et pourtant, plus tard dans notre conversation, quand elle se pose la question de ce que sa vie aurait pu devenir si elle n’avait pas été musulmane, elle dit : « J’aurais probablement été plus heureuse au Royaume-Uni. J’aurais pu m’intégrer, alors que mes parents ne l’ont pas fait, parce que c’était culturellement honteux de s’intégrer dans les mœurs britanniques. Même de porter des vêtements occidentaux, se maquiller. C’était une honte de vouloir s’occidentaliser, pour la communauté musulmane dans laquelle j’ai grandi – mes parents, mes amis, les professeurs qui m’ont appris le Coran tous les jours pendant deux heures après l’école, ce qui était une perte de temps totale. Parce qu’en fait, ce temps aurait dû être utilisé pour mon éducation – pour m’aider à lire et à être une bonne élève à l’école. Je devais lire le Coran tous les jours quand je vivais avec mes parents, mais ils sont tout de même considérés comme modérés. Ces termes ne fonctionnent pas. Ils ne disent pas toute la vérité. »
La famille était pauvre, son père était violent verbalement, et sa mère, lorsqu’ils se disputaient, lui criait : « J’aurais aimé ne jamais t’avoir connue », a-t-elle raconté dans le Texas Monthly, dans un long article de novembre 2017. Elle fait référence à sa vie de famille dès que je lui demande ce qui l’a poussée à l’extrémisme : « Je suppose que cela a beaucoup à voir avec mon éducation, le fait de ne pas faire confiance à mes parents. Quand vous n’avez pas de bons modèles de conduite ou de figures d’autorité en qui vous pouvez avoir confiance, ce n’est pas bon pour un enfant ».
« J’étais une fille peu sûre de moi. J’avais de sérieux problèmes à la maison », explique-t-elle. « J’ai été attirée par l’idée de me trouver une autre maison, une autre famille. J’en avais besoin parce que j’avais l’impression d’avoir une communauté – des gens qui pouvaient me soutenir. J’avais besoin de soutien. De plus, je me remettais de la dépression et de la maladie. Cela m’a fait beaucoup songer à la mort et au fait que Dieu me détestait. Je voulais la rédemption pour des choses que je pensais être des péchés, mais qui n’étaient pas vraiment des péchés. J’étais une jeune fille naïve, crédule et superstitieuse, qui craignait la science parce qu’elle contredisait mes croyances et ma religion. »
C’est ainsi qu’à la fin de l’adolescence, « elle se drape d’un voile intégral, ou jilbab », écrit Graeme Wood dans un article de mars 2017 sur elle paru dans Atlantic, qui décrit son mari comme « l’Américain qui gravit les échelons de l’État islamique ». « Elle rêvait de placer une bombe dessous. »
« J’avais 19 ans, il n’en avait que 18 ».
Elle a rencontré John Georgelas/Yahya al-Bahrumi sur un site web matrimonial musulman en 2003. A l’époque, selon le Texas Monthly, il étudiait l’arabe à Damas. Il s’était converti à l’islam immédiatement après le 11 septembre et avait commencé à sombrer dans le radicalisme. Il l’a courtisée par courriel et est venu lui rendre visite en Angleterre. « Il portait des vêtements en loques. Il avait une barbe courte. J’ai trouvé qu’il ressemblait à un prophète de l’époque médiévale », a-t-elle dit à son interviewer du Texas Monthly. « Je ne l’ai pas trouvé attirant, mais je me suis senti obligée de l’aimer. Je me suis dit : ‘Il est venu de Syrie’ ; je me suis sentie obligée ».
Elle aimait son idée de vivre au Moyen-Orient. Elle était de plus en plus attirée par l’idée du djihad, qu’elle avait commencé à considérer comme « une solution ». Et ses parents, impressionnés par ses origines américaines relativement huppées, l’approuvaient. Ils se sont mariés presque immédiatement, lors d’une cérémonie secrète en mars 2003 – « J’avais 19 ans, il n’en avait que 18 », précise-t-elle – et deux mois après, lors d’une cérémonie officielle, elle revêtait sa robe et son voile islamique qui allaient devenir sa tenue de tous les jours.
Ils sont ensuite allés rendre visite à ses parents à Plano, au Texas, et ont vécu successivement à Londres, en Syrie avant la guerre civile, en Californie et à Dallas, où son mari a fourni un soutien technique pour un site de propagande djihadiste, alors qu’il travaillait chez Rackspace, une importante société de serveurs informatiques. En 2006, il a été arrêté et condamné à près de trois ans de prison pour avoir accédé aux mots de passe et préparé le piratage du site Internet du lobby pro-israélien AIPAC.
Il a toujours été pro-califat. Vraiment, de manière atavique. Nous l’étions tous les deux. On était des accros de l’histoire : nous pensions que si la société ne fonctionne pas, il fallait regarder en arrière dans l’histoire et la répéter
Atlantic décrit ainsi les premières années de leur mariage : « Yahya exerçait un contrôle à la Raspoutine sur elle. Il n’avait pas eu beaucoup de succès dans sa vie antérieure pour se forger une estime sociale, mais il a trouvé en sa femme sa première élève. Il l’hypnotisait par son assurance, et elle réprimait ses propres doutes chaque fois qu’elle se surprenait à le questionner. Elle souffre d’une légère dyslexie ; la lecture des textes islamiques par Yahya l’a convaincue, par son aisance, par sa mémoire et son étendue, qu’il pouvait donner une explication sans équivoque sur tout point sur lequel elle était en désaccord. Elle en a conclu que Yahya était un génie avec des dons que Dieu lui avait refusés et accepté de faire partie du monde du djihad : servir Yahya était son ticket pour le paradis. Elle a cautionné l’esclavage, l’apocalypse, la polygamie et le meurtre. Elle aspirait à élever sept garçons pour en faire des guerriers saints – un pour conquérir chaque continent. »
Leur mariage a commencé à s’effondrer quand il était en prison, alors qu’elle et leur premier fils vivaient d’abord à Londres, puis à Plano. Ils se disputèrent davantage après sa libération – il était devenu encore plus extrémiste ; elle avait pris une direction opposée mais ils sont restés ensemble. Dans le naufrage croissant de leur vie de couple, ils ont eu un deuxième fils pendant qu’il prenait une deuxième femme (une amie londonienne de Tania Joya, qu’il a épousée par téléphone, sans pouvoir venir la voir car il lui était interdit de quitter les Etats-Unis pendant sa liberté conditionnelle, et a ensuite divorcé).
Une fois libre de quitter les États-Unis, al-Bahrumi a déménagé avec sa famille en Égypte, au moment même où le printemps arabe éclatait, et devînt une figure de plus en plus importante dans les cercles de l’État islamique, assurant des séminaires en ligne en anglais et en arabe sur le projet de califat du groupe djihadiste, attirant des recrues d’Europe. « Sur les réseaux sociaux, Tania soutenait son point de vue, » écrit Wood dans Atlantic, « mais à chaque enfant qu’elle mettait au monde, son empressement à rejoindre le djihad en cours de route en Syrie s’est dissipé. »
Puis, en 2013, il l’emmène en Syrie avec leurs trois jeunes enfants.
Une histoire un peu compliquée.
« Il a toujours été pro-califat. Vraiment, de manière atavique. Nous l’étions tous les deux », se souvient Joya lors de notre entrevue. « Nous étions des accros de l’histoire : nous pensions que si la société ne fonctionne pas, il fallait regarder en arrière dans l’histoire et la répéter.
« Il a toujours été extrémiste, mais ça a évolué. Sa façon de penser a changé. Il s’est légèrement aggravé après notre séparation », ajoute-t-elle. « Durant son long séjour en Syrie, John est devenu de plus en plus salafiste, parce que c’est ce qui était au pouvoir. Il ne s’en tenait pas vraiment à ses principes. »
Elle dit qu’elle n’a « jamais voulu aller en Syrie » et qu’il l’a piégée – une mère, enceinte, avec des fils âgés de 8, 5 et 18 mois – pour la faire entrer au cœur d’un conflit chaotique et spectaculairement dangereux. « Il m’a mis dans un bus. J’ai compris ce qu’on faisait. Puis il m’a promis que ce ne serait que pour une semaine ou deux. Je me suis dit, ok, c’est bon, je suis capable de gérer une semaine ou deux. » L’idée générale, dit-elle, était qu’elle resterait en Turquie avec les enfants, et qu’il « pourrait aller et venir par la frontière, pas pour se battre, juste pour aider. C’était un intello. Il aimait les armes à feu, mais il aimait les jeux vidéo. Je ne l’ai jamais considéré comme un soldat. Il disait toujours que son arme était son clavier. Je ne l’imaginais pas devenir militant, violent, du genre soldat. J’ai toujours pensé qu’il ne serait que le cerveau derrière les choses et pas vraiment actif. »
Sauf qu’après trois semaines à Azaz, dans le nord-ouest de la Syrie, il lui annonce qu’il ne repart pas. Elle le supplie, en vain, dit-elle, et lui dit qu’elle ne pouvait plus le supporter. Il les conduit à la frontière tôt un matin, et elle et les enfants s’enfuient par un trou dans la clôture, direction une sécurité relative.
« Ce n’était pas la première fois qu’il m’emmenait dans un endroit où je ne voulais pas être. Il l’avait fait plusieurs fois pendant notre mariage », dit-elle aujourd’hui. « Je ne voulais pas aller en Egypte quand nous y étions. Je ne voulais pas aller vivre sur la côte nord près de la Libye. Il m’a forcé à y aller. Il gâchait toujours toutes les possibilités d’avoir un foyer stable. Partout où j’étais heureuse, il ne l’était pas. Chaque fois que je me sentais à l’aise et stable et que j’avais des amis, j’étais toujours heureuse, mais pas lui parce que ce n’était pas assez religieux pour lui. Ce n’était pas assez strict. »
N’oubliez pas, insiste-t-elle, qu’il me possédait pratiquement. J’étais un objet. Je n’étais pas un individu libre. Je n’ai jamais été élevée pour être une femme libre-penseuse. On m’a toujours dit que j’étais musulmane. Les hommes ont autorité sur les femmes. Vous ne pouvez pas voyager sans un mahram, un compagnon ou un parent. Toutes ces conditions sont imposées aux femmes. Quand j’étais jeune, je ne l’ai pas remis en question.
« Il m’a encore piégé, et cette fois c’était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Je n’en pouvais plus. En Syrie, quand j’ai dit : ‘Rentrons, il n’a pas voulu revenir’. Il a utilisé ce verset du Coran : si tu tournes le dos au djihad, tu es un hypocrite. J’ai dit que je préférais être hypocrite, merci beaucoup, et je m’en fiche. J’ai dit que j’allais y aller sans lui à ce moment-là, et il a accepté, parce que honnêtement, pendant longtemps, j’étais dans ce mariage et il ne voulait pas divorcer. Et je n’avais personne à qui m’adresser pour mes problèmes. Il en avait autant marre de moi que moi de lui. Je l’empêchais toujours de réaliser ses rêves enfantins de guerre et de jouer au cow-boy entre autres. La vie conjugale l’ennuyait. Il en avait assez de payer des factures pour survivre, de s’occuper [d’une famille]. Il ne pouvait pas assumer cette responsabilité, même s’il me l’a imposée et que je n’en voulais pas. Il était contre la contraception. Je n’avais aucun droit ».
« C’était donc, pour être honnête, une histoire un peu désagréable », dit-elle avec un euphémisme stupéfiant. « Une histoire un peu compliquée. »
Une nouvelle vie au Texas
Aujourd’hui Tania Joya vit au Texas, est divorcée de John/Yahya (en février 2015), et s’est remariée à Craig Burma (en juin 2018). Eux aussi se sont rencontrés en ligne, comme le rapporte le Texas Monthly. Elle avait écrit dans son profil en ligne que « son mari était parti pour être le prochain Oussama ben Laden », résultat : 1 300 réponses.
Elle est venue au Texas parce que, tout simplement, elle a quatre enfants de son ex-mari et avait besoin de l’aide que seuls ses parents pouvaient lui apporter. « Quand je l’ai quitté, je n’avais rien », dit-elle. « John m’a toujours rendu dépendante de lui. Je n’avais même pas mon propre compte bancaire. J’avais besoin d’aide avec mes enfants. J’étais enceinte. Mes beaux-parents, les parents de John, m’ont recueillie. Ils m’ont aidée à me relever. »
Aujourd’hui, ils ont la garde partagée. « John n’est plus là. Ce sont les parents qui sont les tuteurs légaux », précise-t-elle. Ses enfants sont avec elle les fins de semaine et les jours fériés, et avec leurs grands-parents le reste du temps.
Que pensent-ils des choix de vie de leur fils ? Ils ont dit à Atlantic qu’ils considéraient sa conversion à l’islam comme un cas de faiblesse mentale. « Toutes les villes universitaires de ce pays ont une mosquée pour une seule raison », dit son père, Timothy. « Les enfants sont loin de chez eux pour la première fois, vulnérables et soumis aux pressions. Ils entendent le message et ils deviennent accros, c’est ce qui est arrivé à John. »
Tania Joya raconte : « C’était toujours déchirant pour eux de voir leur fils changer. Sa mère était très proche de John et elle a perdu son fils, son fils unique. Ça été vraiment dévastateur. Ils l’ont vu descendre une pente sombre. Ils ont fait tout ce qu’ils ont pu pour l’aider. »
S’il est l’Américain le plus haut placé, c’est parce qu’il n’y a pas d’autres Américains dans l’État islamique qui possèdent les compétences qu’il possède, et cela ne me surprend pas du tout. C’est tout ce que je sais
Mais quand même, ajoute-t-elle, « j’aurais aimé qu’ils me croient quand je leur ai parlé de lui. Ce n’est qu’à mon retour de Syrie qu’ils ont réalisé que je n’inventais pas la façon dont il me traitait. Ils ne voulaient pas croire que leur fils était un monstre. Ils étaient dans le déni ».
Elle est restée en contact avec al-Bahrumi pendant plusieurs années après avoir fui la Syrie, dit-elle, par Telegram et Skype ; il a rompu le contact après la publication de l’article dans Atlantic il y a presque deux ans. « Tout, toutes les informations que j’ai reçues, je les ai transmises aux autorités », dit-elle. « C’est ce que j’ai fait volontairement, parce que j’étais très reconnaissante envers le gouvernement américain de m’avoir donné une seconde chance. »
Pour autant qu’elle sache, il est toujours en Syrie, toujours impliqué avec l’Etat islamique. « Il n’est pas le numéro deux de l’EI ou quoi que ce soit d’autre, » dit-elle fermement, rejetant une thèse avancée dans l’article d’Atlantic en 2017 selon laquelle il aurait pu succéder à Abu Muhammed al-Adnani, tué par un drone américain en 2016, comme deuxième personnage le plus puissant de l’Etat islamique, même si elle reconnaît qu’il a connu Adnani. « S’il est l’Américain le plus haut placé, c’est parce qu’il n’y a pas d’autres Américains dans l’ÉI qui possèdent les compétences qu’il possède, et cela ne me surprend pas du tout. C’est tout ce que je sais. »
L’auteur de l’article a décrit al-Bahrumi non pas comme une recrue bizarre et marginale, mais comme une figure très influente de l’État islamique. Sur la base d’une interview avec un compatriote converti, Musa Cerantonio, qui l’a qualifié d’enseignant et de leader. D’après l’article d’Atlantic, Al-Bahrumi « a fait beaucoup pour préparer les musulmans aux obligations religieuses qui s’imposeraient une fois le califat établi ».
Wood écrit : « Les djihadistes en Syrie le connaissaient de réputation et l’ont honoré quand ils l’ont rencontré. Cerantonio a déclaré qu’au début de 2014, Yahya avait fait pression sur les dirigeants de ce qui était alors l’État islamique d’Irak et al-Sham pour déclarer un califat. Il a commencé à prêcher que les conditions pour la déclaration d’un califat valide étaient remplies… Il a appelé à l’émigration vers des pays où la charia serait pleinement appliquée et a écrit que le choix de ne pas émigrer était une forme d’apostasie… Il a appelé les musulmans à haïr, combattre et tuer les infidèles – parmi lesquels, a-t-il dit, de nombreux soi-disant musulmans qui ont rendu leur foi nulle en négligeant la prière, s’écartant du littéralisme étroit de son interprétation des écritures ou, pour les dirigeants, n’instituant pas le système judiciaire cruel qui avait fait alors la réputation de l’État islamique ».
L’article d’Atlantic a également qualifié al-Bahrumi de « principal producteur de propagande haut de gamme de l’État islamique en anglais, en tant qu’auteur prolifique pour ses magazines phares, Dabiq et Rumiyah« . « Le premier article de Dabiq écrit par Yahya que j’ai pu trouver a été publié en avril 2016. Il portait sur les musulmans occidentaux qui, bien qu’ils se disent musulmans, sont des infidèles », écrit Wood. Le titre, ‘Kill the Imams of Kufr in the West’ [Tuez les imams kouffar [mécréants] en Occident », n’était que marginalement moins grotesque que le dessin qui l’accompagnait : un pointillé sur des images de Musulmans occidentaux importants ; une image d’un « apostât » accroupi et yeux bandés au moment où la lame du bourreau lui tranche la gorge. Dans l’article, Yahya raconte de nombreuses histoires de Mahomet et de ses compagnons qui traitaient cruellement les musulmans qui avaient failli à leur devoir. Les mains et les pieds étaient coupés, les yeux arrachés avec des clous, les corps piétinés à mort. »
Son ex-mari a-t-il tué des gens pour l’ÉI ? « Je n’en ai aucune idée, mais ça ne me surprendrait pas », dit Tania Joya. « Il s’est battu contre le Hezbollah il y a des années. Et puis il a été blessé par un mortier. Ça aurait pu arriver. Je ne sais pas, c’est tout. Il ne me l’a jamais dit ». Selon Atlantic, il a été touché par des éclats d’obus, « qui ont failli lui briser la colonne vertébrale », lors d’un tir de mortier pendant un combat avec un groupe affilié à l’Etat islamique, près d’Alep, en 2014. « Ses blessures l’ont empêché temporairement de marcher… mais il était content et fier… Pendant cette période, il a pris une nouvelle femme, une Syrienne, et a eu une fille avec elle environ un an après le départ de Tania, et une autre quelques temps plus tard. »
Il ressemblait en quelque sorte à ses compatriotes américains en Syrie : il est allé au combat et aurait accepté une mort sur le champ de bataille si Dieu l’avait voulu. Mais il n’était pas qu’un simple fantassin ; son érudition religieuse, ses relations et son standing le distinguaient… »
Je demande à son ex-femme ce qu’elle dirait ou ferait s’il la contactait aujourd’hui ? « Nous sommes divorcés. Il ne voudra pas me contacter », répond-elle rapidement. « Je pense qu’il contacterait sa mère. »
Comment, en pratique, divorce-t-on d’un mari à l’autre bout du monde qui se bat pour une organisation terroriste ? « J’ai dit qu’il y avait abandon », explique-t-elle. « Cela ne faisait pas plus de six mois que nous étions ensemble. Ils ont publié quelque chose dans le journal pour demander à John : « Est-ce que vous contestez le fait que Joya demande le divorce ? Dans la mesure où il n’a pas donné de nouvelles, le tribunal n’a pas eu de nouvelles de lui, ils vous autorisent à divorcer ».
La nouvelle Tania Joya est impliquée dans une initiative américaine de lutte contre l’extrémisme appelée Parents for Peace, donne des conférences sur la déradicalisation et prépare un livre – « des mémoires », dit-elle, avec un message « pour ceux qui veulent comprendre l’état d’esprit ou les émotions, les facteurs qui poussent et attirent les gens dans l’extrémisme et ce qu’est la vie. C’est obscur. Je veux simplement faire la lumière là-dessus, parce qu’il faut en parler plutôt que d’en faire un sujet tabou qui va continuer à se produire. Je veux expliquer comment je me suis déradicalisée – par l’éducation et la lecture de la littérature américaine. »
Elle n’est pas citoyenne américaine, mais espère le devenir. « Les valeurs de l’Amérique m’ont ouvert l’esprit, dit-elle, et m’ont aidée à sortir de cette sphère. La chose qui me contrôlait : cela m’a libérée de cela. J’ai enfin pu penser par moi-même. Je constate qu’il y a des femmes qui me parlent – ce sont des immigrées arrivées en Amérique, généralement d’Inde, et sont d’accord avec moi. Elles expliquent que lorsque nous sommes arrivés aux États-Unis, nos communautés n’exerçaient plus de pression sur nous pour que nous ayons une façon de penser collective, peu importe à quel point elle est mauvaise. Nous avions le droit de penser par nous-mêmes. C’est très libérateur et cela nous rend plus empathiques. »
Je préfère croire qu’il n’y a pas de dieu, parce que s’il y a un dieu, c’est le merdier. Je suis plutôt humaniste. Je pense que Dieu n’est pas utile. L’humanité doit juste se débrouiller toute seule
Comment décrit-elle sa religion aujourd’hui ? « Je suis une athée agnostique », dit-elle. « Je ne dis pas qu’il est impossible qu’il y ait un dieu. S’il y a un dieu, alors c’est un alien fou, bipolaire, qui ne se soucie pas vraiment de nous. Je préfère croire qu’il n’y a pas de dieu, parce que s’il y a un dieu, c’est le merdier. Je suis plutôt humaniste. Je pense que Dieu n’est pas utile. L’humanité doit juste se débrouiller toute seule. »
Et comment voit-elle sa vie maintenant ? « J’ai besoin de sens dans ma vie. Mes enfants m’en donnent. Ils représentent 50 % des raisons pour lesquelles j’ai changé et me suis déradicalisée », dit-elle. « Je les aime plus que ma religion, ce que je n’ai pas le droit de faire dans l’islam. Je veux les voir grandir et profiter du monde, pas le détruire. Je veux les voir s’épanouir et réussir. Cela allait à l’encontre de ma religion. Mais j’étais déjà en train de faiblir dans ma croyance ».
Il y a tellement de gens qui me soupçonnent encore de soutenir l’EI. Mais je reçois des messages de filles qui disent, nous comprenons votre histoire parce que nous nous trouvons dans cette situation – nous sommes coincées
« Aujourd’hui, ils sont chrétiens. Aujourd’hui, ils peuvent être ce qu’ils veulent. Tant qu’ils n’enfreignent pas la loi, je serai toujours une mère fière. »
Son travail de militante, dit-elle, « me donne un but. Il y a tant de filles musulmanes, de femmes musulmanes et de minorités, de gays, qui sont victimes d’abus de la part de fanatiques religieux, d’extrémistes. Je suis là pour eux. Je leur raconte mon histoire ».
« Il y a tellement de gens qui me soupçonnent encore de soutenir l’EI », dit-elle franchement. « Mais je reçois des messages de filles qui me disent, nous avons compris votre histoire parce que nous nous y retrouvons – nous sommes coincées. Mon expérience leur donne l’espoir qu’elles pourront fuir leur mariage abusif, leur communauté. Je leur dis, je suis là pour vous. Je reste en contact. C’est ce que je fais. Je suis ici pour d’autres personnes qui sont opprimées par l’islam. »
Tous ceux qui ont connu John dans le passé, avant qu’il ne devienne musulman, l’aimaient et disaient qu’il était vraiment un type bien
Parmi ceux qui n’ont apparemment pas été convaincus par l’ampleur de sa transformation : les intervieweurs de la télévision britannique qui ont brusquement mis fin à leur conversation avec elle en janvier de l’année dernière après qu’elle a dit que son ex-mari était un type bien.
Ça ne la décourage pas : « Tous ceux qui ont connu John dans le passé, avant qu’il ne devienne musulman, l’aimaient et disaient qu’il était vraiment un type bien. Il était apprécié des gens. Plus il devenait déprimé et plus il misait sur Dieu et l’islam, plus il empirait et plus il devenait quelqu’un d’autre. Quand il était enfant, avant ses 17 ans, il était adorable. Et je connais beaucoup de gens qui l’ont connu – toute sa famille et la communauté dans laquelle il a grandi ».
L’article d’Atlantic sur son ex-mari, paru dans l’édition papier et numérique de mars 2017 quelques semaines plus tôt, notait que Joya « a quitté le djihadisme, mais elle n’arrive pas à quitter complètement Yahya. Sur les réseaux sociaux, » note l’article, sans préciser la date, « elle a écrit à un parent de son mari : ‘Nous avons fait de très mauvais choix qui se sont retournés contre nous… Je suis un peu jalouse de l’amour et de la dévotion qu’il a pour l’islam plus que pour moi' ».
Dans un article et un documentaire ultérieurs consacrés à son histoire, Wood d’Atlantic conclut cependant que Tania Joya « s’est transformée aussi remarquablement que son mari, mais à l’inverse. John a échangé son patrimoine américain – argent, famille – contre le djihad. Tania a échangé le djihad contre l’Amérique ».
Le journaliste insiste : « Elle n’a jamais, dans mes conversations avec elle, préconisé la violence ou regretté sérieusement d’avoir laissé John à la frontière syrienne. Elle n’a jamais dit qu’elle souhaitait retourner en Syrie, mais elle a déploré que tant d’adeptes de l’État islamique soient bombardés ‘simplement parce qu’ils veulent juste vivre sous un califat…’ Des phrases comme celles-ci surgissent après des heures de conversation parfaitement normale. »
Le message promotionnel du film – qui s’intitule The First Lady of ISIS (La Première dame de l’EI) – dit : « Ensemble, ils ont parcouru le monde, se liant d’amitié avec des djihadistes et préparant leurs enfants à devenir des « assassins ». Mais après dix ans de cavale, Tania a commencé à craindre pour la sécurité de sa famille. »
« J’ai dit aux enfants : ‘Votre père a rejoint le côté obscur de la force' », dit Tania dans le film. « Je leur ai dit : ‘Maman faisait partie du côté obscur de la force, mais maintenant je suis un Jedi noir' ».
Après ses entretiens avec l’ex-djihadiste au Texas fin 2017, le journaliste notait : « D’après sa façon de s’habiller, on peut penser qu’elle a passé la dernière décennie à lire le Vogue italien, pas le Coran ».
Au cours de notre conversation téléphonique, Tania Joya nous fait part de certaines critiques mordantes et virulentes à l’endroit de la Grande-Bretagne, des journalistes britanniques, de l’attitude des Britanniques à l’égard de l’islam et de leur attitude envers elle : « Quand je parle à des gens au Royaume-Uni, je ne saurais dire d’après les journalistes si c’est un pays laïc ou un pays qui vit sous une dictature musulmane », déclare-t-elle. « Parce qu’ils détestent tellement ce que je dis. Même si ce que je dis est objectif : je n’ai jamais voulu que l’islam soit une fausse religion. Je ne voulais pas être cette idiote qui a été endoctrinée. Mais les faits sont indéniables. Si je peux être transformée par la connaissance et les faits, il y en a d’autres qui le peuvent. Et c’est arrivé. »
Il y a beaucoup d’autres personnes comme elle ? « Il y a une grande communauté ex-musulmane. Je ne m’en suis rendue compte qu’après avoir fait l’interview avec Piers Morgan. Ils ont aimé ce que j’ai dit. Regardez comme elle a été réduite au silence, même si elle dit quelque chose de vrai : l’islam n’est pas compatible avec les droits de l’Homme. C’est parce que c’est un mode de vie si ancien. Nous en savons tellement plus aujourd’hui. En tant qu’êtres humains, nous avons évolué. Nous avons grandi. Heureusement, nous avons des réponses qu’ils n’avaient pas à l’époque. Il leur faut donc des réponses superstitieuses pour expliquer le monde qui les entoure. Ce que je dis est logique, et pourtant cela a enflammé l’opinion publique britannique ».
« Je peux imaginer [que cela enflamme] l’Egypte parce qu’être athée en Egypte est illégal. Si au Royaume-Uni, les musulmans et les non-musulmans ne peuvent accepter une différence d’opinion ou la liberté d’expression, alors ils n’ont pas les valeurs humanistes et laïques qu’ils prétendent avoir. Ils ne sont pas vraiment modérés. »
« J’aime beaucoup les Juifs réformés »
Notre interview constitue la première fois, commente Joya, qu’elle parle à un journaliste israélien, mais certainement pas sa première fois avec des Juifs.
D’abord, sa sœur aînée a épousé un Britannique/Italien d’origine juive. « Il devait déclarer la Chahada » – la profession de foi de l’islam, c’est-à-dire la croyance en l’unité de Dieu et en Mohammed comme son dernier prophète, ou, comme elle le dit, « se convertir superficiellement à l’islam » – « avant d’épouser ma sœur ». Sinon, dit-elle, « ma famille aurait fait d’eux des parias. »
Et puis il y a sa relation naissante avec le Temple Shalom de Dallas. « J’aime vraiment les Juifs réformés. Je les aime beaucoup », dit-elle. Tout a commencé quand elle a prononcé un discours au Texas Monthly, ou une dame de cette congrégation, Jerri Grunewald, était présente. Elles se sont mises à parler et « elle m’a demandé si je voulais m’impliquer dans le travail interreligieux, ce que je lui ai dit que j’adorais faire. Une amitié s’est forgée à partir de là ».
La semaine prochaine, Tania Joya sera invitée comme conférencière principale du 16e « Intra-Faith Sisterhood Brunch » (« Brunch interregligieux entre femmes ») annuel au Temple, annoncé comme étant consacré cette année aux thèmes de la fuite et du triomphe.
« Tania parlera de ce passage d’un mariage à un membre de l’EI à celui d’une femme qui lutte contre les forces de l’extrémisme violent, et je crois que le public sera fasciné par elle », a déclaré Grunewald au Texas Jewish Post. « L’évolution de Tania en tant que femme, en tant qu’être humain et sa force à devenir un penseur indépendant et un modèle est une histoire à écouter. »
A-t-elle assisté à des événements au Temple ? ‘Oui, Souccot’, dit-elle joyeusement, ‘quand ils construisent une cabane à l’extérieur. J’y ai emmené mes enfants pour la décorer’
« Mon but est de protéger les autres jeunes du processus d’endoctrinement et de conditionnement auquel j’ai été vulnérable », a expliqué Tania Joya à son journal juif local. « Les programmes de prévention sont la clé pour protéger tous les jeunes Américains de la radicalisation… Le discours des djihadistes doit être compris, car si nous ne connaissons pas leurs arguments et si nous ne savons pas à quel point ils sont mauvais, nous ne pourrons pas les contrer ni les réfuter. »
A-t-elle assisté à des événements au Temple ? « Oui, Souccot », dit-elle joyeusement, « quand ils construisent une cabane à l’extérieur. J’y ai emmené mes enfants pour la décorer ». J’ai raté Hanoukka parce que tous mes fils étaient occupés. Ils vont m’inviter à de futurs événements. Cela me plaît. C’est très beau. Il n’y a pas de pression. »
Elle s’est fait des amis dans la communauté, dit-elle : « Je me mêle à eux et je me socialise avec eux. Ce sont des gens incroyablement ouverts d’esprit, que j’admire vraiment. »
« J’aime tellement la façon dont, dans le judaïsme, on peut encore être juif mais pas croyant », s’enthousiasme-t-elle. « Ce qui importe, c’est plutôt les coutumes que vous ne faites que pratiquer – les coutumes de vos ancêtres, qui sont de très belles coutumes et traditions à perpétuer – tant que personne n’est blessé, ni sacrifié ». (Elle rit.) « Je me console beaucoup dans cette communauté. »
Peut-être que si tous les Palestiniens se convertissent au judaïsme, il y aura peut-être la paix. C’est ma solution au problème israélo-palestinien. Très tirée par les cheveux
Et que pense-t-elle, qu’a-t-elle à dire sur Israël ? Comme souvent dans notre conversation téléphonique, elle répond instantanément, avec un flot de mots, certains d’entre eux tout à fait inattendus : « C’est drôle. John et moi pensions, avant qu’il ne parte, bien sûr : c’est le meilleur qui gagne dans une guerre. Ils étaient plus forts. Si les Palestiniens et les pays arabes avaient été plus islamiques, plus organisés et avaient des institutions qui fonctionnaient, ils auraient peut-être gagné. C’est ce que je pensais quand j’étais musulmane. »
« En tant que non-musulmane, je m’en fichais. Je veux dire, je me soucie de la souffrance des gens. Je me soucie des êtres humains partout. Mais ce n’était pas comme si mes frères et sœurs mouraient – les Palestiniens. Je veux dire, je me souciais de cela quand j’étais musulmane, mais en tant que non-musulmane, je ne sais pas – j’ai l’impression que c’est la guerre, c’est déjà arrivé. Peut-être que si tous les Palestiniens se convertissent au judaïsme, il y aura peut-être la paix. C’est ma solution au problème israélo-palestinien. Très tirée par les cheveux. Je suis une rêveuse. » (Encore une fois, elle rit.)
Oui, c’est assez tiré par les cheveux, ai-je répondu.
« Mais c’est un chemin vers la paix », rétorque-t-elle.
Avec son nouvel enthousiasme pour le judaïsme et les Juifs réformés, elle n’a pas l’intention de se convertir, n’est-ce pas ? « Je ne crois pas pouvoir me convertir », dit-elle. « J’ai l’impression que c’est génétique – avec les Ashkénazes et les Séfarades. je ferais semblant ». (Elle rit.)
« Je continuerai à participer aux fêtes et tout ça, et à être amis. Mais je ne crois pas aux conversions au judaïsme. Je sais que certaines personnes le font, mais j’aurais l’impression de faire semblant. Je sais que ça va vous paraître étrange. Beaucoup de choses que je dis me paraissent étranges. Mais j’ai eu une expérience de vie différente de la plupart des gens, je crois ».
Avant de raccrocher, je mentionne que ma femme est née au Texas, et Tania Joya dit gentiment que nous devrions la contacter si nous nous y rendons. Je lui suggère avec légèreté de faire de même si jamais elle vient à Jérusalem.
« Je le ferai », promet-elle. « Ça va arriver. J’ai besoin de voir la Terre sainte en conflit », dit-elle en riant.
Vraiment ? « Oui. Je suis si curieuse. J’adore l’histoire. J’ai besoin de savoir. J’ai besoin de voir ça ».
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