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Analyse

L’heure tourne pour les otages et la contestation monte contre Netanyahu

L'intensification des tensions dans la région accroît le désespoir des familles et des proches des 111 personnes encore captives dans la bande de Gaza

Les familles et les sympathisants des otages israéliens détenus par le groupe militant palestinien Hamas dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre manifestent à l'aéroport international Ben Gurion, près de Tel Aviv, le 21 juillet 2024, pour tenter de faire pression sur le Premier ministre israélien afin qu'il conclue un accord pour libérer leurs proches, avant qu'il ne s'envole le 22 juillet pour les États-Unis afin de s'adresser au Congrès. (Crédit : Menahem Kahana / AFP)
Les familles et les sympathisants des otages israéliens détenus par le groupe militant palestinien Hamas dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre manifestent à l'aéroport international Ben Gurion, près de Tel Aviv, le 21 juillet 2024, pour tenter de faire pression sur le Premier ministre israélien afin qu'il conclue un accord pour libérer leurs proches, avant qu'il ne s'envole le 22 juillet pour les États-Unis afin de s'adresser au Congrès. (Crédit : Menahem Kahana / AFP)

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, réitère ses promesses de faire libérer les otages retenus depuis quasiment dix mois à Gaza, mais il fait face à une contestation croissante de sceptiques estimant qu’il n’est pas intéressé par un accord avec le Hamas, selon des experts.

L’intensification des tensions dans la région accroît le désespoir des familles et des proches des 111 personnes encore captives dans la bande de Gaza, dont 39 ont été annoncées mortes par l’armée israélienne.

Les otages avaient été enlevés lors de l’attaque sanglante du groupe terroriste islamiste palestinien du Hamas le 7 octobre, qui a couté la vie à près de 1 200 personnes, essentiellement des civils. Israël a réagi en lançant une campagne militaire dont l’objectif vise à détruire le Hamas, à l’écarter du pouvoir à Gaza et à libérer les otages.

Les détracteurs de M. Netanyahu, qui fait l’objet d’un procès pour corruption, estiment que le Premier ministre est davantage enclin à faire durer la guerre qu’à conclure un accord indirect avec le Hamas pour la libération des otages, les partenaires d’extrême droite de sa coalition gouvernementale y étant farouchement opposés.

Israël est désormais confronté à un risque très élevé d’escalade militaire après deux attaques qui ont ravivé les craintes d’un élargissement de la guerre en cours à Gaza à l’ensemble du Moyen-Orient, entre Israël d’une part, l’Iran et les groupes qu’il soutient au Liban, en Syrie, en Irak et au Yémen d’autre part.

L’Iran et ses alliés du Hezbollah et du Hamas avaient annoncé une riposte après l’assassinat le 31 juillet à Téhéran du chef du Hamas palestinien, Ismaïl Haniyeh, attribué à Israël par ces derniers, et après une frappe israélienne le soir du 30 juillet, qui a tué le chef militaire du Hezbollah libanais, Fouad Shukr, près de Beyrouth.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu dirigeant une réunion du cabinet aux quartiers généraux de l’armée de la Kirya, à Tel Aviv, le 7 janvier 2024. (Crédit : Yariv Katz/Pool)

Du « théâtre »

« Nous sommes en fait très inquiets et préoccupés par le manque de temps », a déclaré à l’AFP Gil Dickman, dont la cousine Carmel Gat fait partie des otages à Gaza. « Les otages n’ont pas le temps et il semble que certaines personnes en Israël, y compris le Premier ministre, prennent leur temps », a-t-il ajouté.

M. Netanyahu répète qu’il fait preuve d’un « engagement sans faille » pour sauver les otages. « Je suis prêt à aller très loin pour libérer tous nos otages, tout en maintenant la sécurité d’Israël », a-t-il déclaré dimanche.

Deux jours après l’élimination du chef politique du Hamas et du chef militaire du Hezbollah, M. Netanyahu a envoyé une équipe de négociateurs au Caire, du « théâtre » aux yeux de Mairav Zonszein, analyste au groupe de réflexion International Crisis Group.

Le Premier ministre du Qatar, figure de proue des négociations menées sous la médiation de Doha et de l’Egypte, s’est demandé si les pourparlers avec le Hamas avaient désormais encore une quelconque chance d’aboutir.

« Comment une médiation peut-elle réussir lorsqu’une partie assassine le négociateur de l’autre partie ? » a interrogé le cheikh Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani sur son compte X, en référence au chef du Hamas tué à Téhéran.

Les images des otages sont omniprésentes en Israël, placardées sur les murs, les clôtures et les arrêts de bus, souvent accompagnées des mots #BringThemHome (Ramenez-les à la maison).

Des personnes brandissant des photos de cinq jeunes soldates prises en otage à Gaza, encadrées dans les cinq anneaux olympiques, lors d’une manifestation à Tel Aviv, le 27 juillet 2024. (Crédit : Ronaldo Schemidt/AFP)

La place des otages de Tel-Aviv est un monument permanent à la mémoire des captifs. Jérusalem en possède une version plus petite, avec des tentes et des banderoles devant la résidence officielle de M. Netanyahu.

Il fait « le contraire »

Ironie du sort, lors des manifestations et discours hebdomadaires devant sa résidence, le Premier ministre ne s’y trouve pas car le bâtiment fait l’objet de travaux de rénovation et il est logé ailleurs.

Les proches des otages « le détestent », dit à l’AFP Yael, une femme qui n’a pas voulu donner son nom de famille, lors d’une manifestation à Jérusalem. « Nous nous sentons tellement désespérés », dit-elle.

Malgré les critiques à l’encontre de M. Netanyahu, il est impossible de connaître sa véritable stratégie et ses intentions concernant les otages.

Pour Mme Zonszein, si M. Netanyahu « était intéressé par un accord sur les otages et voulait éviter une guerre régionale, il le dirait. Cela enverrait un signal très clair, mais ce n’est pas ce qu’il fait. Il fait plutôt le contraire », observe-t-elle.

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