Liban: nouvelle chute de la livre face au dollar
Selon le Programme alimentaire mondial, le tiers de la population du pays est en situation d'insécurité alimentaire, soit 1,29 million de Libanais et de 700 000 réfugiés syriens
La monnaie libanaise a atteint jeudi le seuil psychologique des 50 000 livres pour un dollar américain sur le marché parallèle, dans un pays en plein effondrement économique et où les députés ne sont à nouveau pas parvenus à élire un président.
Depuis le début de la crise économique sans précédent qui secoue le Liban depuis fin 2019, la monnaie nationale a perdu plus de 95 % de sa valeur par rapport au billet vert.
Selon des sites surveillant le taux de change et des cambistes, la livre s’échangeait à 50 000 pour un billet vert sur le marché parallèle, alors qu’elle est toujours officiellement fixée au taux de 1 500 livres libanaises (LL) pour un dollar.
Depuis 2019, le Liban est plongé dans une crise socio-économique sans précédent, largement imputée à la corruption et l’incurie de la classe dirigeante.
Selon une nouvelle étude du Programme alimentaire mondial, le tiers de la population du pays est désormais en situation d’insécurité alimentaire, soit 1,29 million de Libanais et de 700 000 réfugiés syriens.
Dans le même temps, la crise politique s’aggrave dans le pays, sans président de la République depuis l’expiration, le 31 octobre 2020, du mandat de Michel Aoun, et qui est dirigé par un gouvernement démissionnaire.
Jeudi, les députés se sont réunis pour la 11e fois sans parvenir à élire un chef de l’Etat en raison de leurs profondes divisions entre le camp du puissant Hezbollah pro-iranien et de ses alliés, et celui de leurs opposants.
Deux élus issus du mouvement de contestation de l’automne 2019, l’écologiste Najat Saliba et l’ancien bâtonnier de Beyrouth Melhem Khalaf (BIEN: Khalaf), ont annoncé jeudi qu’ils allaient observer un sit-in au Parlement jusqu’à l’élection d’un président.
« Nous ne sortirons pas, nous dormirons au Parlement », a affirmé M. Khalaf à la presse.
« Nous appelons les autres députés à nous rejoindre pour élire un président au plus vite, le pays s’effondre (…) », a tweeté Mme Saliba.
Mais l’élection d’un président pourrait prendre des mois, comme cela s’était produit lors de l’élection de Michel Aoun en 2016, après une vacance de 29 mois au sommet de l’Etat.