Liberman dénonce le « spectacle » du vote de la Commission de sélection judiciaire
Le chef de'Yisrael Beytenu a dénoncé une mise en scène de Netanyahu réalisée avec l'aide de Gantz et Lapid, disant que ces derniers étaient prêts à laisser Deri revenir au pouvoir
Le chef du parti Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, a affirmé samedi que le chaos politique qui avait entouré le vote visant à désigner les deux députés siégeant au sein de la Commission de sélection judiciaire avait finalement été « un grand spectacle » offert par le Premier ministre Benjamin Netanyahu avec l’aide des leaders de l’opposition.
Citant des discussions avec « une série de hauts-responsables du Likud » qu’il a pu avoir depuis l’élection, mercredi, de la candidate de l’opposition Karine Elharrar au sein du panel, Liberman a affirmé que le leader de Yesh Atid, Yair Lapid, et Benny Gantz, chef de la formation HaMahane HaMamlahti, avaient coordonné le vote avec le Premier ministre et avec le responsable du Shas, Aryeh Deri.
« L’intérêt de Lapid et Gantz est de montrer ‘une prouesse’ à l’occasion du vote à la Knesset ; l’intérêt de Netanyahu est de geler le projet de réforme judiciaire de manière à pouvoir aller à Washington et à apaiser les manifestations et l’intérêt de Deri est que les négociations entamées à la résidence du président se poursuivent de manière à ce qu’il puisse revenir au gouvernement », a écrit Liberman sur Twitter.
Deri, dont le parti ultra-orthodoxe du Shas est étroitement aligné sur Netanyahu, avait été nommé ministre de la Santé et ministre de l’Intérieur après la victoire remportée aux élections de la coalition de droite, d’extrême-droite et religieuse. Il avait néanmoins été écarté de ses fonctions par la Haute-cour en raison de ses condamnations criminelles antérieures et de sa promesse faite – une promesse sur laquelle il est ensuite revenu – de quitter la vie politique.
Tandis que le projet de réforme de grande envergure du système israélien de la justice pourrait potentiellement permettre à Deri de retrouver sa place au cabinet, ce projet a été suspendu, au mois de mars, lorsque Netanyahu a voulu permettre le lancement de négociations dans un contexte de manifestations massives et d’opposition publique intense au plan de refonte très controversé.
Selon Liberman, Netanyahu et Deri s’inquiétaient du retour de bâton, dans le public, concernant la problématique de la non-sélection d’un représentant de l’opposition au sein de la Commission, préoccupés à l’idée « de tout ce qui pourrait exploser ». Il a déclaré que les deux hommes avaient donc décidé de travailler « en coordination totale » avec Gantz et Lapid, dont la décision d’interrompre les négociations judiciaires serait « un leurre », a-t-il ajouté.
« C’est du bluff », a accusé Liberman.
Il a aussi estimé que Lapid et Gantz « ont brandi le drapeau blanc et liquidé le public libéral ».
« C’est malheureusement la vérité qui se trouve à l’origine des négociations entreprises à la résidence du président et du vote à la Knesset », a-t-il déploré.
Lapid et Gantz n’ont pas répondu à ces propos – mais un député Yesh Atid a démenti avec force l’existence d’un accord tout en s’en prenant à Liberman qui était un allié, dans le passé, de Netanyahu et de Deri. Le président d’Yisrael Beytenu avait rompu les liens avec les deux hommes après les élections du mois d’avril 2019.
« Nous n’avons jamais conclu d’accord avec l’autre partie ; nous n’avons jamais siégé dans le même gouvernement que Deri et ses acolytes et nous n’avons jamais dévié de notre chemin. Nous n’avons besoin de l’estampille casher de personne », a écrit sur Twitter le député Vladimir Beliak.
Liberman avait renforcé d’un cran ses accusations contre les leaders des deux partis d’opposition lundi dernier, prédisant qu’ils céderaient à certaines demandes soumises par la coalition en échange d’un siège au sein de la Commission de sélection judiciaire et que l’annonce d’un accord était imminente.
Comme Liberman, le secrétaire de cabinet Yossi Fuchs avait brièvement affirmé que les représentants de l’opposition avaient convenu, dans le cadre des pourparlers, d’un mécanisme qui aurait autorisé Deri à reprendre sa place au cabinet.
Fuchs avait initialement déclaré que l’opposition avait accepté un projet de loi qui interdirait à la Cour suprême d’utiliser la notion juridique de « raisonnabilité » dans le cadre des nominations au cabinet – cela avait été sur la base de cette notion juridique que Deri avait été écarté de ses postes.
« Nous avons reçu de l’autre partie une réponse : celle que si nous voulons que l’accord que nous sommes en train de définir concernant la notion de ‘raisonnabilité’ porte aussi sur la nomination des ministres – ce qui signifierait qu’Aryeh Deri pourrait faire son retour au sein du gouvernement – ce serait accepté », avait dit Fuchs pendant une interview avec la chaîne publique Kan.
Des propos qui avaient immédiatement été démentis avec force par les partis d’opposition.
« C’est un mensonge total », avait déclaré un porte-parole de Yesh Atid tandis que HaMahane HaMamlahti avait déploré « un mensonge pathétique ».
« Le secrétaire de cabinet doit se souvenir qu’il est un fonctionnaire, il n’est pas un activiste politique qui peut se permettre de laisser se propager des infox », avait écrit HaMahane HaMamlahti dans un communiqué.
Fuchs avait rapidement rétropédalé, disant au micro de la station Galey Israel Radio qu’il n’y avait « aucun accord » conclu dans les discussions de compromis.
Et dans un post publié sur Twitter, Fuchs avait souligné que « les deux parties n’ont pas encore trouvé d’accord sur les clauses de la réforme judiciaire ».
Malgré cette volte-face, Liberman avait crié victoire après les paroles prononcées par le secrétaire de cabinet.
« Tout comme je l’ai dit, le seul accord trouvé à la résidence du président a été de faire revenir Aryeh Deri dans les rangs du gouvernement », avait écrit Liberman sur Twitter.