Liberman fustige les députés qui “attaquent les soldats, affaiblissent l’armée”
Le ministre de la Défense demande aux élus de lui adresser leurs critiques, et pas aux officiers “qui ne sont même pas autorisés à répondre”
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël

Le ministre de la Défense Avigdor Liberman a attaqué lundi les députés dont il a affirmé qu’ils « nuisaient » à l’armée en critiquant publiquement l’armée israélienne, appelant les députés à se plaindre plutôt directement auprès de lui.
Devant la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, quelques heures avant l’ouverture officielle de la session d’hiver du Parlement, Liberman a déclaré qu’il était inacceptable que des députés remettent en cause l’armée ou ses officiers.
« Nous ne pouvons pas accepter une situation où des officiers en uniforme sont une cible pour être attaqués ou fustigés, particulièrement par des députés, a déclaré Liberman à la commission. Je ne veux pas accepter cela, et il n’importe pas que vous soyez d’accord avec le Coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires [COGAT] ou pas, ou que vous pensiez que le commandant de la région centre a pris la bonne décision ou pas, ou tout autre exemple. »
Le COGAT est l’organe administratif israélien des activités civiles en Cisjordanie.

Il n’était pas évident de savoir si le ministre faisait référence à des exemples de critiques en particulier.
Liberman a déclaré que les députés avaient le droit d’ « attaquer le ministre, ou le vice-ministre, ou qui que ce soit d’autre au niveau politique, mais pas les représentants de l’armée israélienne, qui ne sont même pas autorisés à répondre. »
« Si vous avez des critiques, adressez-les à l’échelon politique, attaquez moi, pas l’armée, et pas les officiers, a-t-il déclaré. La responsabilité revient au gouvernement et au ministre de la Défense. Si vous avez des plaintes, venez nous voir. »
Alors que la plupart de ses remarques semblaient faire référence à des critiques directes d’officiers de l’armée israélienne, Liberman a également raillé le récent débat public sur la préparation de l’armée à la menace des tunnels d’attaque du Hamas pendant la guerre de 2014 dans la bande de Gaza.
Un rapport interne de l’armée israélienne, qui a récemment fuité et a été écrit après la guerre, a montré que l’armée savait que des tunnels étaient utilisés par le Hamas, mais que les unités combattantes sur le terrain n’étaient pas suffisamment préparées à cette menace, selon la radio militaire.
Nombre de tunnels ont été utilisés par les terroristes du Hamas pour s’infiltrer en Israël et mener des attaques mortelles contre les troupes pendant le conflit de l’été 2014. Pendant cette campagne, surnommée opération « Bordure protectrice » en Israël, les forces israéliennes ont découvert et détruit au moins 34 tunnels, dont beaucoup entraient en territoire israélien.

« L’armée a exécuté les instructions du cabinet, et dans ce cas il n’y a pas non plus besoin d’entraîner l’armée dans un débat politique inutile », a déclaré Liberman à la commission.
Il a ajouté que les récentes critiques s’inscrivaient dans un effort pour nuire « au plus large dénominateur commun de la société israélienne : Tsahal. »
Les critiques de Liberman à l’encontre de ses collègues ont eu lieu un mois après qu’il a fustigé les médias pour ce qu’il a appelé des condamnations injustes d’Elor Azaria, un soldat israélien jugé pour homicide après avoir abattu un terroriste palestinien neutralisé à Hébron, en mars dernier.
Liberman a déclaré qu’Israël doit soutenir ses soldats en toutes circonstances, même si leurs actions s’avèrent incorrectes.
« Nous devons nous rappeler, chacun d’entre nous, y compris les membres des médias, les personnages publics et les politiques, que tant que vous n’êtes pas condamnés par la cour, vous êtes innocents », avait-il déclaré à l’époque.
Le procès d’Azaria saisit Israël depuis des mois, les partisans du soldat, principalement de droite, affirmant qu’il est un héros, alors que ses détracteurs voient son tir comme une exécution extrajudiciaire.
Liberman a déclaré que les attaques contre l’armée elle-même devraient être considérées comme hors des limites du débat public.