Liberman: le Hamas force Israël à entrer dans une guerre « lourde et douloureuse »
A Sdérot, le ministre de la Défense a attribué aux dirigeants terroristes la responsabilité de la situation et indiqué que l'Egypte et l'ONU oeuvrent pour un "retour au calme"
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

Le ministre de la Défense Avigdor Liberman a indiqué vendredi qu’Israël était prêt à entrer en guerre si la vague d’attaques aux cerfs-volants et ballons incendiaires et autres formes de violences depuis la bande de Gaza ne cessait pas.
« Nous voyons dans les journaux qu’on ne veut pas entrer en guerre seulement à cause des cerfs-volants et des incendies. Malgré tout, toute personne raisonnable voyant un verger naturel brûlé ou des milliers d’hectares de terres agricoles anéantis peut comprendre que cette situation n’est pas raisonnable », a expliqué Liberman lors d’une conférence de presse organisée dans la ville de Sdérot, aux abords de l’enclave côtière palestinienne.
Le ministre de la Défense a blâmé les chefs du groupe terroriste du Hamas, à la tête de la bande de Gaza, disant qu’ils endossaient la responsabilité des dernières semaines de violences et de la menace de guerre qui se profile à l’horizon.
« Nous tentons d’être réfléchis et responsables mais les chefs du Hamas nous mettent de force dans une situation où n’avons pas de choix, dans une situation dans laquelle nous devrons entrer dans une opération militaire lourde et douloureuse – il ne s’agit pas seulement de l’esbroufe mais bien d’une opération militaire majeure et douloureuse » a-t-il dit.

« Je pense que les responsables de cette situation sont les chefs du Hamas mais malheureusement, ce sont tous les résidents de Gaza qui devront en payer le prix », a ajouté Liberman.
Le ministre de la Défense a noté que l’Etat hébreu était prêt à « mener une opération qui serait de plus grande ampleur et plus douloureuse que l’opération Bordure protectrice » – le nom israélien pour la guerre de 2014 à Gaza.
Liberman a expliqué que le manque de moyens dissuasifs face au Hamas était à l’origine de la reprise des violences et des tensions, et qu’il fallait remettre en place ces moyens.
« Nous agissons de manière responsable et avec retenue en dépit du fait que le réel problème est l’érosion de la dissuasion, un changement d’équilibre et, bien sûr, du sentiment de sécurité – qui n’est pas moins important que la sécurité elle-même », a-t-il affirmé.
Les propos de Liberman ont été tenus alors que les militaires se préparent à une autre journée de violences le long de la barrière de sécurité avec Gaza. Vendredi dernier, les émeutes le long de la frontière ont fait un blessé modéré côté israélien – un officier de l’armée touché par une grenade lancé par un Palestinien – et un mort du côté gazaoui, un adolescent de 15 ans tué par les tirs des soldats.

En riposte à l’attaque qui a blessé l’officier, les avions israéliens ont mené un raid sur des cibles du Hamas, plus tard dans la soirée. Le Hamas, à son tour, a lancé un certain nombre de roquettes et de tirs de mortier vers le sud d’Israël. Dans les 24 heures qui ont suivi, le Hamas et d’autres groupes terroristes de l’enclave côtière ont lancé environ 200 projectiles vers Israël, blessant quatre personnes à Sdérot et endommageant des bâtiments de tout le secteur. L’armée israélienne a répondu en frappant encore des douzaines de positions du groupe terroriste dans la bande, tuant deux adolescents.
Le Hamas a accepté un cessez-le-feu négocié par l’Egypte dans la nuit de dimanche mais l’Etat juif n’a pas été impliqué dans les pourparlers et l’accord n’a pas inclus la fin des attaques aux dispositifs incendiaires ou des émeutes le long de la frontière – des éléments essentiels pour Israël, qui demande un terme de toutes les violences et de tous les actes de vandalisme depuis l’enclave côtière.
« Mais il y a eu ces roquettes qui sont tombées en Israël, ces sirènes, ces gens courant vers les abris anti-aériens. C’est une réalité inacceptable et nous ne la tolérerons pas », a dit le ministre de la Défense vendredi dernier.

Selon le ministre de la Défense, au cours des frappes aériennes de samedi dernier – parmi les plus extensives depuis la guerre de Gaza de 2014 – les avions chasseurs ont lâché « presque 50 tonnes d’explosifs sur des sites stratégiques du Hamas ».
Jeudi a été l’occasion d’une autre crise, de moindre ampleur toutefois, après la mort d’un membre de l’aile militaire du Hamas lors d’une frappe aérienne israélienne contre un groupe de Palestiniens qui lançaient des ballons incendiaires vers le sud d’Israël. En riposte, un certain nombre d’obus de mortier et de roquettes ont été tirés dans la région d’Eshkol, sans faire de victimes ou de dégâts, et le Hamas a promis des représailles.
Liberman a fait savoir que l’Etat juif n’était pas en contact direct avec le Hamas pour tenter de négocier un cessez-le-feu qui mettrait un terme aux tirs de roquette mais aussi aux ballons et aux cerfs-volants incendiaires. Il a néanmoins noté que Jérusalem communiquait indirectement avec le groupe par le biais d’intermédiaires.
« Il n’y a pas de communications avec le Hamas. Nous sommes en contact proche avec les instances concernées, qu’il s’agisse de l’Egypte ou du représentant des Nations unies », a dit le ministre de la Défense.

Liberman, comme il l’a déjà fait dans le passé à de nombreuses occasions, a appelé les résidents de la bande de Gaza à forcer le Hamas à mettre un terme à ses violences.
« Nous pouvons revenir à une réalité raisonnable et civile avec des incitations économiques contre une fin totale du terrorisme et des provocations le long de la clôture », a-t-il dit.
Vendredi, plus tard dans la journée, les Palestiniens devraient converger vers la clôture frontalière pour manifester contre le blocus israélien de la bande dans la journée de vendredi, un rassemblement considéré comme un test déterminant qui indiquera si les deux parties peuvent encore faire marche arrière face à une guerre qui paraît inévitable.
Il y a d’ores et déjà des signes qui montrent que l’accalmie espérée pourrait ne pas se maintenir sur le terrain.
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