Liberman : Le ministre de la Défense des implantations qui ne l’aimaient pas
Bien qu'il ait lancé plus d'appels d'offres pour des logements au-delà de la Ligne verte que tout autre de ses prédécesseurs, le chef d'Yisrael Beytenu était peu apprécié
Au cours des 28 mois qu’il a passés au 14e étage du quartier général de Tsahal à Tel Aviv, Avigdor Liberman a signé des appels d’offres pour 6 363 logements – le nombre le plus élevé jamais enregistré dans un tel laps de temps par un ministre de la Défense.
Avant ces permis de construire, le bureau de M. Liberman diffusait régulièrement des communiqués de presse vantant les contributions du ministre à la présence israélienne au-delà de la Ligne verte. « Renforcer les implantations juives en Judée et en Samarie par des actes, et non par des mots », concluaient souvent ces communiqués.
Liberman, ouvertement très à droite, habite lui-même dans une implantation, à Nokdim, au sud-est de Bethléem.
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Et parmi les principaux motifs de sa démission mercredi, le chef du parti Yisrael Beytenu a cité le refus du Premier ministre Benjamin Netanyahu à accélérer la démolition du campement bédouin de Khan al-Ahmar en Cisjordanie – action pour laquelle les dirigeants des implantations ont fait campagne avec détermination.
Sur le papier, Liberman semble être l’un des meilleurs ministres de la Défense que le mouvement des implantations aurait pu espérer.
Pourtant, pas un seul des dirigeants des conseils locaux au-delà de la Ligne verte n’a profité de l’occasion mercredi pour le remercier publiquement de ses bons offices ou même pour évoquer son court mandat, quoique fructueux, d’une manière positive.
Deux de ces dirigeants – David Elhayani, président du Conseil régional de la vallée du Jourdain, et Avi Naim, président sortant du Conseil régional de Beit Aryeh – n’ont pas hésité à déclarer publiquement dans leurs entretiens avec le Times of Israel qu’ils « étaient incapables de trouver une seule chose positive qu’il aurait faite pour nous ».
Quatre autres dirigeants d’implantations contactés n’ont pas été aussi sévères dans leurs critiques du chef de Yisrael Beytenu, mais même ceux qui ont parlé positivement de lui se sont abstenus de le faire publiquement.
Alors, où Liberman s’est-il trompé dans ses rapports avec les dirigeants des implantations ? Et pourquoi aucun d’eux ne semble triste de le voir partir ?
Ce n’est pas vous, c’est lui (le Premier ministre).
Bien que le ministre de la Défense soit celui qui approuve officiellement la construction en Cisjordanie sous contrôle militaire, c’est souvent le Premier ministre qui décide quels projets seront présentés, du fait de leurs sensibilités politiques.
« Netanyahu était responsable de tout le développement de la Judée et de la Samarie », a affirmé Elhayani. « Chaque fois que j’avais besoin d’un projet, je savais que Liberman n’était pas la bonne adresse. »
Naim est d’accord avec son collègue, affirmant que Liberman aurait « embelli » ses communiqués de presse pour se faire passer comme le responsable des permis de construire, quand cela avait plus à voir avec « Netanyahu obtenant le consentement d’une Maison Blanche désormais plus amicale ».
Le bureau de Liberman n’a pas répondu à la demande de commentaires du Times of Israel.
Bien que le ministre de la Défense ait toujours eu la possibilité d’agir de façon indépendante en ce qui concerne les implantations, la question dépend du degré de confiance accordé par le Premier ministre à l’égard de ce dernier.
« Dans le cas de Liberman et de Netanyahu, le degré de confiance était minime », a expliqué Yoaz Hendel, ancien conseiller de Netanyahu et actuel directeur de l’Institut des stratégies sionistes.
Dans le cas du prédécesseur de Liberman, Moshe Yaalon, Netanyahu se sentait beaucoup moins inquiet de se voir « piégé par une annonce concernant les implantations en pleine visite des Américains », a affirmé Hendel. « On ne pouvait pas en dire autant de Liberman. »
Aucun d’entre nous
Malgré le fait que Liberman habite dans le bloc d’implantations du Gush Etzion, l’immigrant russe laïc s’est fait passer pour un étranger auprès des présidents des conseils de Cisjordanie, qui représentent le camp sioniste religieux dans une très large mesure.
Au début de son mandat, Liberman s’est battu avec l’académie prémilitaire Eli – l’institution très prisée du camp sioniste religieux situé au centre de la Cisjordanie – à la suite des commentaires de ses rabbins qui condamnaient le service féminin dans Tsahal. Il a demandé le renvoi des rabbins d’Eli et a même menacé de faire fermer l’académie.
Bien que du même côté de l’échiquier politique, la base électorale naturelle du président de Yisrael Beytenu n’a jamais vraiment été celle des résidents des implantations et de leurs dirigeants, qui ont eu tendance à voter pour le Likud et le parti HaBayit HaYehudi.
« Il se vantait d’habiter à Nokdim, mais c’était simplement par commodité. Il n’était pas des nôtres sur le plan idéologique », a déclaré un président du conseil local qui a requis l’anonymat.
« Il n’est jamais venu une seule fois dans ma ville, contrairement aux précédents ministres de la Défense », a déclaré un président du conseil régional qui a également demandé à ne pas être identifié. « Bien que Liberman ait parfois œuvré en faveur des implantations, il l’a fait sans jamais nous consulter. »
Hendel a souligné que le manque d’expérience militaire de Liberman avant d’entrer à la Kirya l’a encore davantage ostracisé parmi les dirigeants des implantations.
« Yaalon et Ehud Barak avaient tous deux eu de nombreux contacts avec le Gush Emounim (le mouvement des implantations) pendant leur vie militaire avant de devenir ministres de la Défense, » a-t-il dit des prédécesseurs de Liberman.
Ils savaient comment travailler avec les présidents des conseils, même si leur politique était moins en phase, a-t-il expliqué.
L’un des maires des implantations qui était prêt à faire publiquement l’éloge de Liberman était Yigal Lahav.
Le président du conseil local de Karnei Shomron a salué le ministre sortant de la Défense comme un « homme d’action » qui a débloqué des projets de construction pour sa communauté du nord de Cisjordanie qui avaient été placée depuis des années au bas des priorités du gouvernement.
« Au cours de son mandat, on a assisté ici à un développement sans précédent depuis 40 ans », explique-t-il.
Cependant, Lahav lui-même est aussi un peu à l’écart parmi les dirigeants des implantations, faisant partie de la petite poignée de ceux qui ne sont pas religieux. Le président du conseil local de Karnei Shomron aurait dû devenir le prochain chef du conseil de Yesha l’année dernière avant d’être mis sur la touche dans ce qu’il a qualifié de putch.
On ne sait pas ce qu’on aura tant qu’il ne sera pas parti.
Pour Hagit Ofran, de l’ONG de gauche La Paix maintenant, les présidents des conseils de Cisjordanie ne reconnaissent pas tout le travail que Liberman a accompli en leur nom.
« Il leur a offert de sérieux cadeaux à Hébron », dit-elle.
Au cours de la dernière année, M. Liberman a activement défendu un projet qui permettra de construire des maisons dans la ville de Cisjordanie pour la première fois en 16 ans. Le projet comprendra 31 logements, deux jardins d’enfants, une garderie et un parc public.
Plus tôt ce mois-ci, Liberman a annoncé qu’il avait ordonné à son bureau de faire avancer un autre projet – la construction d’un immeuble de logements pour les résidents de Hébron.
Mme Ofran a fait remarquer que M. Liberman avait également donné son feu vert à un « accord tacite » avec les résidents juifs de la ville en mars dernier, dans lequel ils consentaient à évacuer pacifiquement le complexe Beit Hamachpela, en échange de quoi le gouvernement fermerait les yeux sur leur future entrée dans les Maisons Rachel et Leah, dont la propriété est encore en cours de détermination par les tribunaux.
« Il n’avait pas besoin de demander la permission de Netanyahu pour chaque décision qu’il prenait et il a donc pu faire beaucoup pour les résidents des implantations », précise Ofran.
« Nous avons apprécié ces actions », a déclaré un président de conseil local.
Lorsqu’on lui a demandé si nous pouvions le nommer en faisant l’éloge du ministre de la Défense sortant, il a refusé.
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