Un chef d’implantation déplore un ‘putsch’ lors de l’élection du chef du Conseil de Yesha
Hananel Dorani, qui avait soumis sa candidature quelques heures avant le vote, a reçu le feu vert pour diriger l'organisation-cadre
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
La victoire de Dorani a été garantie après que le seul candidat encore en lice, le président du conseil local de Karnei Shomron, Yigal Lahav, a décidé de se retirer de la course à la tête du conseil de Yesha jeudi en début de matinée.
Dans une lettre amère écrite aux membres de Yesha, Lahav a critiqué ce qui, a-t-il suggéré, lui a paru être un complot de dernière minute ourdi par un certain nombre de conseils locaux de Cisjordanie pour empêcher son élection en tant que président.
Il a clamé qu’un groupe d’opposants avait fait pression sur Dorani pour qu’il soumette sa candidature mercredi en fin de soirée, menaçant de boycotter le vote si Lahav devait rester le seul candidat.
« Je n’aurais jamais pu imaginer que la peur de l’autre » entraînerait de telles actions de la part des membres du conseil de Yesha, a écrit Lahav.
« Face à la triste réalité que j’ai rencontrée au cours des deux derniers mois [depuis la démission de Roeh], réalité qui a culminé la nuit dernière avec ma propre marginalisation de la part de certains présidents de conseils locaux, continuant par des déclarations scandaleuses et offensantes me concernant qui ont été tenues aujourd’hui, j’ai décidé de me retirer de cette organisation, qui ne respecte pas autrui ni ne désire ma présence », a-t-il conclu.
Parlant avec le Times of Israel, Lahav a refusé de détailler les « propos offensants » tenus à son encontre et n’a pas non plus expliqué ce qu’il voulait dire en parlant de « la peur de l’autre », mais le maire de Karnei Shomron s’était déjà distingué dans le passé en critiquant la représentation « inadéquate » des habitants d’implantations laïcs.
Le président du Conseil local d’Efrat et responsable des relations internationales de Yesha, Oded Revivi, s’est également retiré de la course à la présidence du conseil mercredi matin. Cet homme, qui parle couramment l’anglais et qui entretient des liens avec le bureau du Premier ministre, avait été considéré par un grand nombre d’électeurs comme le favori. Mais un porte-parole de Revivi a précisé au Times of Israel que ce dernier n’avait jamais officiellement soumis sa candidature et alors qu’il avait fortement envisagé se présenter, Revivi y avait finalement renoncé jeudi matin.
Le chef du conseil local de Beit Aryeh, Avi Naim, a fait une déclaration féroce critiquant la gestion par le conseil de Yesha du processus électoral. « Certains des chefs de Conseils de Cisjordanie ne sont pas autorisés à voter lors de ce ‘scrutin’, certains chefs de conseils locaux boycottent le vote pour protester contre les candidats. D’autres, plus rebelles, soumettent un nouveau candidat à l’aube de la journée du vote parce qu’ils redoutent les deux candidats encore en lice. C’est à cela que ressemble l’instance censée représenter le mouvement des implantations en Judée et Samarie », a-t-il dit, railleur.
S’exprimant sous couvert d’anonymat, un chef de conseil régional a confirmé la version des événements de Lahav et s’est référé à la manière dont Dorani a été choisi en disant qu’il ne s’agissait de « rien de moins qu’un putsch à la quatre-vingt-dixième minute ».
« Je suis allé me coucher hier soir en supposant que nous avions deux candidats – Yigal Lahav et Oded Revivi – et je me suis réveillé avec un scénario complètement différent », a-t-il dit.
Le chef d’implantation a expliqué qu’un certain nombre de militants et d’ONG avaient fait une campagne de dernière minute « frénétique », envoyant des centaines de courriels et de messages sur WhatsApp qui suggéraient que Lahav et Revivi ne pouvaient être les prochains leaders du conseil de Yesha en raison de leur soutien présumé à un état palestinien.
Lu par le Times of Israel, l’un de ces courriels a pour titre : « Le conseil de Yesha est-il favorable à un état palestinien ? », incluant des liens vers des articles et des vidéos dans lesquels Revivi et Lahav sont accusés de promouvoir des opinions de gauche.
« Revivi a compris que ses ‘partisans’ ne sont pas réellement à ses côtés », a expliqué le chef de conseil régional, suggérant qu’une campagne de diffamation avait été la raison pour laquelle Revivi – pour qui il avait l’intention de voter – avait décidé de se retirer.
« Hananel [Dorani] n’a pas été élu ! », s’est-il exclamé. « L’annonce que Yesha a faite ce matin [jeudi] était fausse. J’aurais attendu du Conseil qu’il se rapproche des membres et leur demande ce qu’ils pensaient du seul candidat avant de faire cette annonce ».
Pour sa part, Dorani a fait allusion à de récentes querelles dans un message vidéo transmis après son élection. « J’appelle les présidents des conseils locaux de se joindre à moi parce que c’est seulement ainsi que nous réussirons à mettre le mouvement pro-implantation à la place qui est la sienne », a-t-il dit.
Parlant avec le Times of Israel, le porte-parole de Yesha Yigal Dilmoni a rejeté toutes les affirmations de mauvaises conduites, indiquant que son organisation « regarde en avant, pas en arrière ».