Une première en 15 ans : Israël approuve de nouveaux logements à Hébron
L'initiative est considérée comme une réponse à l'inscription de cette ville de Cisjordanie de l'UNESCO sur la liste du patrimoine palestinien ; la municipalité palestinienne devrait déposer plainte contre ces 31 unités de logement
L’implantation juive de Hébron a reçu des permis de construire pour 31 unités de logement lundi. C’est la première fois en 15 ans que des constructions israéliennes sont approuvées dans cette ville sensible de Cisjordanie.
Cette initiative est considérée comme une réponse apportée par Israël à une décision récente prise par l’organisation pour l’éducation, la science et la Culture des Nations unies (UNESCO) d’inscrire la Vieille ville de Hébron sur la liste du patrimoine mondial palestinien en péril.
Hébron est une poudrière où quelque 800 juifs vivent sous haute protection militaire parmi 200 000 Palestiniens. La coexistence des Palestiniens et des juifs y est une source de tensions et de violences permanentes
Le sous-comité des permis de l’Administration civile – une instance du ministère de la Défense responsable de l’approbation des constructions au-delà de la Ligne verte – a accordé ce permis de construire sous un certain nombre de conditions et a précisé, de manière plus notable, que ces autorisations pourront faire l’objet d’un appel.
La municipalité palestinienne de Hébron devrait déposer une requête contre cette décision dans les semaines à venir, affirmant qu’elle est propriétaire du terrain concerné.
Samer Shiahih, qui représente la municipalité, a affirmé que ces permis de construire n’avaient pas été émis correctement. « Ces terrains n’ont jamais été alloués aux habitants d’implantations juives et ils n’ont donc aucun droit légal ne serait-ce, en premier lieu, que celui de demander un permis », a-t-il déclaré.
Les terrains en question sont situés au coeur de Beit Romano, l’un des quatre quartiers de l’implantation juive située dans la zone H2 de Hébron.
Sous les termes du protocole de Hébron signé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu au mois de janvier 1997 avec le président de l’Organisation de Libération de la Palestine Yasser Arafat, la ville la plus peuplée de Cisjordanie a été divisée en deux sections. Le secteur H1 couvre 80% de la ville et est placé sous le contrôle total des Palestiniens. Dans le secteur H2, qui se trouve sous contrôle militaire des Israéliens, 500 habitants juifs sont installés, entourés de 40 000 Palestiniens.
En raison de la nature sensible de cette ville ancienne, les habitants juifs se sont trouvés dans l’incapacité de recevoir des permis de construire de la part de l’administration civile depuis 2002, année où 10 unités de logement ont été approuvées pour le quartier Tel Romeida.
Les habitants appelent àla zone dans laquelle ils prévoient de construire un complexe d’appartement et différents établissements d’éducation « quartier de Hizkiya ». Il était une propriété juive avant l’établissement d’Israël en 1948 mais l’administration civile l’a plus tard loué à la municipalité palestinienne de Hébron pour l’établissement d’une gare routière qui a été construite puis déplacée.
Tandis que le terrain a été saisi des mains de la municipalité dans les années 1980 pour l’établissement d’une base militaire, le statut de location de protection des Palestiniens est resté intact.
Shiahih a expliqué que si la base militaire était déplacée pour le projet immobilier de l’implantation juive, ce statut de protection permettrait aux Palestiniens de reprendre le contrôle des lieux.
« Ce sont des points incontestables que l’administration civile sera dans l’incapacité d’ignorer », a dit Shiahih. Toutefois, a ajouté le juriste, un appel devant la Haute cour de justice est en cours de préparation au cas où le sous-comité chargé des permis rejette sa requête.
Au-delà d’un jugement en leur faveur lors de l’appel attendu, les habitants de l’implantation de Hébron devront également fournir des documents attestant que les terrains sont les leurs et qu’ils leur ont été alloués avant de pouvoir construire, un processus qui pourrait durer des mois.
De leur côté, les habitants de l’implantation de Hébron ont salué dimanche la décision prise par l’administration civile.
« En ce qui concerne la réception des permis de construire pour le quartier Hizkiya, nous remercions le Premier ministre, les ministres du gouvernement, les membres de la Knesset et toutes les personnalités publiques qui ont œuvré avec détermination et dévouement à nos côtés pour promouvoir ces constructions », a fait savoir l’implantation dans un communiqué émis lundi. « Nous demandons à tous de garantir que la construction sera menée sans délai ».
Le porte-parole de l’implantation à l’international, Yishai Fleisher, a estimé qu’il y avait un « lien général » entre les approbations et le vote du mois de juillet à l’UNESCO.
« La réponse au narratif qui suggère que nous sommes des étrangers ici n’est pas seulement de quitter l’UNESCO mais également de renforcer la présence des Juifs à Hébron », a commenté Fleisher.
L’observatoire des implantations La Paix Maintenant a âprement critiqué le feu vert accordé aux permis de construire. « Si quelque chose est préjudiciable à la réputation d’Israël dans le monde, c’est l’implantation à Hébron ».
« Le plan approuvé aujourd’hui à Hébron devrait augmenter le nombre d’habitants au sein de l’implantation de 20% et il a exigé des acrobaties légales considérables qui ne résisteront probablement pas à l’épreuve de la Haute cour de justice », a-t-il estimé.
« L implantation à Hébron représente le visage le plus laid de l’occupation », a ajouté l’organisation.
« En faisant tout ce qui est en son pouvoir pour faire plaisir à un petit groupe de colons, (le Premier ministre israélien Benjamin) Netanyahu attente non seulement à la moralité d’Israël et à son image internationale, mais foule au pied les valeurs fondamentales des droits de l’Homme et de la dignité », a poursuivi l’ONG.
S’alarmant de la portée de cette décision, Anat Ben Nun, une responsable de La Paix Maintenant, a également rappelé que l’approbation décernée lundi par l’autorité israélienne gouvernant en Cisjordanie est encore susceptible d’objections et de recours jusqu’à la Cour suprême israélienne.