L’imam Chalghoumi a invité des familles d’otages franco-israéliens à son « Iftar de la Paix »
Comme chaque année, l'imam de Drancy, connu pour sa lutte contre l'antisémitisme et l'islamisme, organise un dîner de rupture du jeûne rassemblant représentants politiques et religieux pour appeler à la tolérance
Le président de la Conférence des imams de France, l’imam de la mosquée de Drancy (Seine-Saint-Denis) Hassen Chalghoumi, organisera son annuel « Iftar de la Paix » le 6 mars prochain à l’occasion du mois sacré de ramadan pour appeler à « construire un monde de paix et de tolérance », rapporte Ouest France qui s’est entretenu avec l’imam.
Le ramadan, dit-il, « c’est le moment d’aimer l’autre, de pardonner […] J’invite les musulmans à mettre en pratique l’esprit de paix propre à l’islam ».
L’imam Chalghoumi est connu pour ses prises de position en faveur de la paix au Proche-Orient et contre l’antisémitisme, comme d’ailleurs contre tout autre racisme ou manifestation d’intolérance. Il s’est notamment distingué en condamnant publiquement le pogrom du 7 octobre perpétré par le Hamas dans le sud d’Israël, qualifiant le « déluge d’al-Aqsa », du nom de l’attaque menée par le Hamas, de « déluge de sang et de destruction, qui a noyé les Palestiniens, et la population de Gaza en particulier, dans le sang, les tueries et les veuves ».
Au sujet de son dîner de rupture du jeûne du 6 mars, l’imam franco-tunisien précise que « quatre cents personnes vont participer à ce dîner de rupture du jeûne, seize ans après la première édition que nous avons organisée en Seine-Saint-Denis ».
« Des représentants de tous les cultes, du gouvernement français, d’Israël et du Vatican sont attendus », a-t-il poursuivi. Seront notamment présents le Grand rabbin de France Haïm Korsia, ainsi que des familles d’otages franco-israéliens du Hamas.
Dans ses vœux marquant le début du ramadan, vendredi 28 février, l’imam Chalghoumi a explicitement mentionné le conflit au Proche-Orient pour appeler une nouvelle fois à la paix. « Que Dieu accepte nos prières, nos efforts, et nous guide sur le chemin de la droiture, de la prospérité, et de la paix qui doit régner sur terre, notamment au Proche-Orient entre les Palestiniens et Israéliens », a-t-il écrit.
Mes Chers frères et sœurs en Islam, frères et sœurs de toutes confessions,
En ce mois béni de Ramadan, Qu’Allah enveloppe nos cœurs de miséricorde et de compassion. Que ce mois sacré soit un moment de réflexion profonde, de purification de l'âme et de rapprochement de notre… pic.twitter.com/J1G7fXoEbp
— IMAM CHALGHOUMI (@Imam1chalghoumi) February 28, 2025
Dans Ouest France, celui qui fait l’objet d’une protection policière renforcée a également appelé à une marche pour la paix à Paris, mardi 4 mars, estimant que « la masse de nos concitoyens aspire à la paix. C’est pour cela que nous préparons cette marche, sur les Champs-Élysées. Pour rallumer l’espoir ».
Depuis l’attaque terroriste du 7 octobre, a-t-il déclaré, « nos compatriotes juifs sont insultés, agressés, menacés. Nos compatriotes musulmans sont stigmatisés. On ne peut pas laisser cette haine être exploitée par une minorité. Il faut passer à autre chose ».
Il a par ailleurs fustigé l’organisation d’une « marche de nuit », le 7 mars prochain, par les collectifs « Urgence Palestine » et Samidoun, dont il estime qu’il « instrumentalise la cause, incite à la violence et contribue à importer un conflit étranger en Europe ». « Et on les a vus défiler sans problème, à Bruxelles, avec des drapeaux de Daesh, au nom de la démocratie et de la liberté d’expression », a-t-il ajouté.
Le réseau Samidoun de solidarité avec les prisonniers palestiniens fait l’objet, depuis octobre 2024, de sanctions de la part de l’administration américaine qui l’accuse d’être en réalité « une organisation caritative fictive qui sert de collecteur de fonds international » pour le groupe terroriste du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP).

Au sujet de son engagement contre l’antisémitisme, l’imam Chalghoumi a expliqué : « Je prêche à Drancy, la ville du mémorial de la Shoah, qui a été le point de départ de la déportation de 63 000 juifs vers les camps d’extermination. Si je n’étais pas l’imam engagé contre l’antisémitisme, qui d’autre pourrait l’être ? C’est mon combat ».
« C’est un honneur et cela fait de moi une cible. On me traite de sioniste, de serpillière, d’opportuniste. On a raconté qu’il ne fallait plus donner à la quête, à Drancy, parce que j’en ferai don aux institutions juives de France, qui elles-mêmes reverseraient les sommes à Israël pour financer la guerre… Qui peut croire cela ? »
Accusé par ses détracteurs d’être « l’imam des Juifs », et cible privilégiée du fait de son combat contre l’islamisme en France, Hassen Chalghoumi a fini par détailler les nombreuses mesures qui sont prises pour assurer sa protection, posant de sérieuses limites à sa vie privée.
« Je vis en cachette, sous protection policière permanente, éloigné de ma famille. Je change de logement plusieurs fois par semaine et je porte un gilet pare-balles. Mon épouse, mes deux fils ont été agressés. Je ne peux plus m’exposer autant à Drancy, mes prêches y sont limités, dans des endroits sécurisés. On m’a fait perdre le bonheur d’aller au marché le dimanche matin, avec mes enfants, au cinéma. Pire, j’ai dû mettre tout cela de côté, loin. »
« Lorsque je sors, le matin, je ne sais pas si je vais rentrer vivant. Malgré les menaces de mort, les insultes quotidiennes, les moqueries permanentes, j’avance car je crois en la paix », a-t-il conclu.