L’inclassable Seu Jorge nous emmène dans un trip do Brasil à Tel Aviv en compagnie de David Bowie
Le chanteur-compositeur-interprète brésilien a chanté l'homme aux 1 000 visages lors d’un concert exceptionnel à l'Opéra de la ville blanche
L’un est noir, brésilien, cheveux afro-rasta à la voix suave et au style samba soul funk, l’autre est blanc, blond, anglais, icône androgyne pop rock à la voix hâve.
L’un a été acteur dans « La cité des Dieux », « La vie Aquatique » et « Pelée naissance d’une légende ». L’autre a joué dans « L’homme qui venait d’ailleurs », « Les prédateurs », « Furyo ».
L’un chante l’autre.
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Seu Jorge, Monsieur Jorge, reprend en portugais les titres de feu David Bowie, l’homme aux mille visages pour un concert exceptionnel qui s’est tenu le 22 mai à l’Opéra de Tel Aviv.
En 2004 Seu Jorge signe la BO du film « La vie Aquatique » de Wes Anderson (The Grand Budapest Hotel, Rushmore, La famille Tenenbaum), sur le commandant Cousteau, qui comprend une dizaine de reprises en portugais de morceaux de David Bowie.
Environ 10 ans plus tard, trois jours après la mort de Bowie, le père de Seu Jorge décède également.
Dévasté, le chanteur brésilien, sur les conseils de son ex-épouse, décide alors de chanter Bowie, pour son père. Et c’est ainsi que démarre son aventure, il s’embarque sur les routes interpréter en live la bande originale du film, pour une tournée inédite avec des classiques comme « Starman, Life on Mars ou Five years ».
Sur une petite estrade au milieu de l’immense scène de l’opéra de Tel Aviv, Seu Jorge, ressemble à un marin sur son radeau, entouré d’un kit de survie, à savoir deux-trois guitares, un tam-tam et quelques bougies allumées. Face à lui des rangs innombrables de spectateurs dessinent les vagues du large.
L’homme au bonnet rouge à la Cousteau prend son instrument et se met à jouer. Un filet de lumière, tel un rayon de soleil couchant, vient éclairer le marin sur son radeau ; Ground Control to Major Tom, sa version bossa nova de Space Oddity embarque le public dans le radeau devenu navire, fendant l’océan sur une voix de velours et profonde pour un spectacle d’une heure et demi.
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Bowie a dit en écoutant la bande son du film : « Si Seu Jorge n’avait pas enregistré mes chansons en portugais, je n’aurais jamais entendu ce nouveau niveau de beauté dont il les a imprégnées. »
Probablement car la voix du chanteur brésilien, qui à la fin du concert se superpose à des images projetées du film de Wes Anderson, illustre si bien ce sentiment typiquement brésilien et décrit par le mot intraduisible saudade : une mélancolie emprunte de nostalgie.
Jorge a grandi dans une favela autour de Rio, dans une région connue sous le nom de Belford Roxo. Mais c’est sur les plages de Rio de Janeiro que le chanteur s’est retrouvé sans abri à l’âge de 19 ans en 1989.
La vie s’accélère quand il rejoint un groupe local nommé d’après un plat brésilien, Farofa Carioca, ensemble ils sortent un unique album Moro No Brasil, puis Seu Jorge poursuit une carrière solo avec, en 2001, Samba Esporte Fino, un album pop influencé par les airs de Jorge Ben Jor, Gilbert Gil et Milton Nascimento.
Cru, son second album solo sorti en 2005 est salué par la critique. Depuis, Seu Jorge est considéré comme le renouveau du son samba pop brésilien.
Mais il doit sa célébrité première au rôle de Manu Galinha que lui a donné le rôle de Fernando Meirelles dans « La Cité de Dieu » (Cidade de Deus, 2002 – sélection hors-compétition à Cannes, la même année), celui d’un jeune Noir qui veut devenir photographe, et dont le destin bascule sous l’effet de la violence. On l’aura ensuite vu (et entendu) dans « La Vie aquatique » (The Life Aquatic with Steve Zissou, 2004), de Wes Anderson, et plus récemment dans « Pelée, naissance d’une légende » d’Andrucha Waddington.
Monsieur Jorge devint ainsi chanteur compositeur-interprète et acteur. Tout comme le fut Monsieur David Bowie.
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