L’intelligence artificielle, alliée d’Israël pour traquer le Hamas à Gaza
Ces nouveaux outils sont un espoir bienvenu pour l'industrie technologique israélienne qui subit le contrecoup de la guerre
L’armée israélienne a déployé pour la première fois dans son offensive à Gaza une nouvelle technologie militaire basée sur l’intelligence artificielle (IA), qui lui sert notamment à déjouer les attaques et repérer les tunnels du Hamas palestinien. L’IA l’aide notamment à cartographier le vaste réseau de tunnels des terroristes à Gaza, a précisé à l’AFP un haut responsable de la défense.
Ces nouveaux outils sont un espoir bienvenu pour l’industrie technologique israélienne qui subit le contrecoup de la guerre. En 2022, le secteur représentait 18 % du PIB. Mais depuis le début de la guerre le 7 octobre, environ 8 % de sa main-d’œuvre a été mobilisée pour combattre.
« La guerre à Gaza est en général porteuse de menaces, mais aussi d’opportunités de tester les technologies émergentes sur le terrain », note Avi Hasson, directeur général de Startup Nation Central, un incubateur technologique israélien. « Sur le champ de bataille comme dans les hôpitaux, certaines technologies utilisées dans cette guerre ne l’avaient jamais été auparavant », dit-il.
Mais elles n’ont pas empêché des dizaines de milliers de civils de mourir à Gaza, relativise Mary Wareham, experte en armement à l’ONG Human Rights Watch. En décembre dernier, plus de 150 pays ont ainsi soutenu une résolution de l’ONU identifiant « de sérieux défis et préoccupations » dans les nouvelles technologies militaires, y compris « l’intelligence artificielle et l’autonomie dans les systèmes d’armes ».
Traqueur de drones
Comme beaucoup d’autres conflits modernes, cette guerre a été marquée par la prolifération de drones peu coûteux, qui ont rendu les attaques aériennes plus faciles. Le Hamas en a utilisé beaucoup, y compris le 7 octobre pour larguer des explosifs.
Israël, dont le système du Dôme de fer intercepte roquettes et missiles, s’est tourné vers une nouvelle technologie pour les abattre : un viseur optique doté d’une IA, fabriqué par la start-up israélienne Smart Shooter et placé sur des fusils ou des mitrailleuses. « Il aide nos forces à intercepter les drones » car « il fait de chaque soldat ordinaire, même aveugle, un tireur d’élite », estime le haut fonctionnaire de la défense.
L’IA est également utilisée pour une des priorités du plan israélien visant à « anéantir » le Hamas : cartographier les innombrables tunnels où, selon Israël, les combattants du groupe terroriste palestinien se cachent et retiennent des otages.
Ce réseau souterrain est si vaste qu’il est surnommé « le métro de Gaza » par l’armée israélienne : au moins 1 300 tunnels courent sur plus de 500 kilomètres, selon une récente étude de l’académie militaire américaine de West Point.
Pour les cartographier, Israël utilise des drones munis d’IA qui peuvent aller sous terre, notamment un modèle fabriqué par la startup israélienne Robotican, encapsulé dans un boîtier robotisé. Il est utilisé à Gaza « pour pénétrer dans les tunnels et voir aussi loin que le permettent les communications », selon le haut responsable israélien de la défense. Avant la guerre, la technologie ne permettait pas aux drones d’opérer sous terre en raison de problèmes de transmission d’images, ajoute-t-il.
Le conflit a également renforcé le statut d’Israël de leader mondial dans la fabrication de systèmes de défense de pointe. Le Wall Street Journal a ainsi rapporté le mois dernier que les États-Unis, principaux alliés d’Israël et qui lui fournissent chaque année des milliards de dollars d’aide militaire, formaient leurs soldats à abattre des drones à l’aide de la technologie Smart Shooter.