L’Iran aurait mené des cyberattaques contre des responsables américains
Les responsables américains font le lien entre une série de piratage et la répression anti-normalisation de l'Iran
Les pirates informatiques du régime iranien auraient visé les responsables américains impliqués dans la formulation de la politique américaine envers Téhéran.
L’unité de cyberguerre du Corps des gardiens de la révolution iraniens, une force militaire iranienne distincte du Corps principal et proche du chef suprême du régime, l’ayatollah Ali Khamenei, s’est engagé dans une « avalanche » d’efforts de piratage contre les comptes des messageries et des médias sociaux des hauts fonctionnaires de l’administration Obama, a signalé le Wall Street Journal (WSJ) mercredi.
Cette vague a inclus les décideurs du Bureau des affaires du Proche-Orient et du Bureau des affaires iraniennes du Département d’Etat américain, selon l’article, citant des responsables américains anonymes.
Des universitaires et des journalistes liés aux questions iraniennes ont également été ciblés.
Le timing des piratages peut être lié à l’arrestation en octobre en Iran de l’Irano-américain, Siamak Namazi, un partisan de la normalisation, et à une bataille plus large, qui, selon les analystes se déroule au sein du régime iranien en raison de la crainte des conservateurs proches de Khamenei que l’accord nucléaire conclu avec les puissances mondiales en juillet pourrait annoncer la libéralisation et un réchauffement des liens avec l’Occident.
« Les responsables américains faisaient partie de ceux qui étaient la cible des récentes cyberattaques », a déclaré un responsable de l’administration cité par le WSJ.
Alors que tout lien avec l’arrestation de Namazi était toujours étudié, « les responsables américains pensent que certains des attentats les plus récents peuvent être liés à des rapports sur des citoyens ayant la double nationalité détenus et d’autres », a déclaré le responsable.
Namazi est le dernier Américain ou un citoyen ayant la double nationalité irano-américaine qui est retenu en Iran pour des accusations d’espionnage. Les gouvernements occidentaux ont considérés ces affirmations comme étant frauduleuses et destinées à justifier la répression de sécurité contre les partisans de la normalisation.
Le mois dernier, un tribunal iranien a condamné le journaliste du Washington Post, Jason Rezaian, pour espionnage sur des accusations selon lesquelles il était une figure clé dans une opération puissante d’espionnage américain dans la République islamique.
Les responsables américains et le Washington Post ont nié avec véhémence l’accusation et ont dénoncé le procès de Rezaian comme étant injuste.
Réagissant à l’article du Wall Street Journal, un responsable de l’administration a déclaré à Reuters que « nous sommes conscients de certains rapports impliquant l’Iran. Bien que je ne dois pas faire de commentaire sur les rapports spécifiques, nous sommes conscients que les pirates en Iran et ailleurs utilisent souvent des cyberattaques pour obtenir des informations ou faire des liens avec des cibles d’intérêt ».
L’arrestation de Namazi, ainsi que celle d’un citoyen libanais vivant aux Etats-Unis a conduit des membres du Congrès critiques de Téhéran à appeler à imposer de nouvelles sanctions à l’encontre du Corps des gardiens de la révolution iraniens, qui est considéré comme l’acteur de premier plan dans la répression contre les Américains.
« Les comportements menaçants de l’Iran va empirer si l’administration ne travaille pas avec le Congrès pour adopter des mesures plus énergiques pour lutter contre, qui comprend… la pression ciblée contre les Gardiens de la révolution de l’Iran », le sénateur Mark Kirk (R-Illinois) a été cité dans le journal.
Khamenei et d’autres hauts fonctionnaires ont mis en garde que l’hostilité de longue date du régime contre les Etats-Unis, auxquels les fonctionnaires iraniens se réfèrent toujours dans leurs discours publics comme le « Grand Satan », entre autres épithètes, se poursuivrait.
Khamenei a explicitement cité l’accord nucléaire conclu avec les six puissances mondiales en juillet et destiné à freiner le programme nucléaire du régime en échange d’un assouplissement massif de sanctions internationales, comme une tentative de l’Occident d’affaiblir son régime.
Il a récemment interdit l’importation de biens de consommation américains ou des entretiens bilatéraux avec les États-Unis dans le sillage de l’affaire.
Un porte-parole iranien à la mission de la nation de l’ONU a rejeté les allégations de cyberattaques, affirmant que son pays a été faussement accusé d’un tel comportement dans le passé et que « l’Iran lui-même était [la] cible de nombreuses cyberattaques ».