L’Iran dit qu’il ne peut exclure la possibilité d’une guerre avec Israël
Le ministre des Affaires étrangères Zarif accuse Jérusalem d'“aventurisme” avec ses frappes contre des cibles iraniennes en Syrie, et prévient : la situation pourrait se détériorer

Le ministre iranien des Affaires étrangères a accusé Israël d’“aventurisme” avec sa campagne de frappes aériennes menée contre des cibles iraniennes en Syrie, et a déclaré qu’il ne pouvait exclure la possibilité qu’elles puissent mener à une guerre entre les ennemis jurés du Moyen Orient.
S’adressant au journal allemand Sueddeutsche Zeitung, Mohammad Javad Zarif a déclaré qu’Israël violait constamment la souveraineté syrienne et libanaise, alors que l’Iran était en Syrie à l’invitation du gouvernement Assad.
Israël a mené des dizaines de frappes aériennes contre des cibles iraniennes en Syrie afin d’empêcher l’Iran de se retrancher dans le pays et de transférer des armes perfectionnées au groupe terroriste du Hezbollah, au Liban.
Zarif a dit que les frappes israéliennes pourraient mener à la guerre.
« Il y a de l’aventurisme du côté d’Israël, et l’aventurisme est toujours dangereux », a déclaré M. Zarif au journal dans une interview qui sera publiée jeudi, selon Reuters.
Lorsqu’on lui a demandé s’il voyait se profiler un conflit militaire entre l’Iran et Israël, Zarif a répondu : « Non, mais nous ne pouvons exclure cette possibilité ».
Dimanche, Zarif avait mis en garde contre le fait que Jérusalem « recherche la guerre » et que le comportement d’Israël et des Etats-Unis augmentait les perspectives d’un conflit.
« Manifestement, certaines personnes cherchent la guerre… Israël », a déclaré M. Zarif aux participants à la Conférence de Munich sur la sécurité, selon l’agence de presse Reuters.
M. Zarif a déclaré qu’Israël violait le droit international en effectuant des bombardements en Syrie et a appelé les puissances européennes et les États-Unis à demander des comptes à Israël pour ses actions.
« Le risque [de guerre] est grand. Le risque sera encore plus grand si vous continuez à fermer les yeux sur les violations graves du droit international ».
« Le comportement israélien met le droit international sur la sellette, le comportement américain met le droit international sur la sellette », a-t-il ajouté.
Le régime iranien considère Israël et les Etats-Unis comme ses ennemis politiques et spirituels, et ses dirigeants jurent régulièrement de détruire l’Etat juif.
Ces dernières années, Israël a mené des centaines de frappes aériennes en Syrie contre des cibles liées à l’Iran qui, aux côtés de ses mandataires et de la Russie, se bat au nom du régime du président syrien Bashar el-Assad.
Jusqu’à récemment, Israël s’abstenait généralement de commenter ses activités militaires contre l’Iran en Syrie, sans confirmer ni nier les frappes.
Au cours des deux derniers mois, toutefois, cette politique d’ambiguïté a été largement abandonnée par les responsables militaires et politiques israéliens, qui ont commencé à discuter plus ouvertement des opérations de l’armée israélienne en Syrie.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a été critiqué pour avoir enfreint la politique d’ambiguïté d’Israël concernant les attaques en Syrie, les critiques l’accusant de mettre la sécurité d’Israël en danger pour gagner des points auprès des électeurs.
Les propos de Zarif concernant la probabilité croissante d’un conflit militaire total avec Israël arrivent quelques jours après que Netanyahu a évoqué un intérêt commun dans la « guerre » dans le contexte de la lutte contre la République islamique.
Dans un message vidéo en hébreu enregistré avant son départ mercredi dernier pour l’ouverture d’une conférence sur le Moyen Orient à Varsovie, le Premier ministre a salué le fait qu’un dirigeant israélien était sur le point de s’asseoir avec de hauts responsables des « principaux pays arabes » afin de « promouvoir l’intérêt commun dans la guerre contre l’Iran ».
Une traduction officielle du message, fournie par le Bureau de presse du Gouvernement, a traduit l’expression hébraïque milhama b’Iran par « guerre avec l’Iran », alors qu’il n’était pas du tout évident que Netanyahu parlait d’une action militaire au sens propre.
Les comptes de réseaux sociaux du Premier ministre ont publié la déclaration, ce qui a conduit de nombreuses personnes, dont Zarif, à souligner son attitude belligérante ostensible.
Environ une heure après la publication du post du Premier ministre, alors que Netanyahu était déjà à la réception au château royal historique de Varsovie, son équipe a supprimé le premier tweet et l’a remplacé par une version plus adoucie, qui disait : « Ce qui est important à propos de cette réunion – et ce n’est pas un secret, parce qu’il y en a beaucoup – c’est qu’il s’agit d’une réunion qui se tient au grand jour avec des représentants des principaux pays arabes, qui se retrouvent avec Israël afin de promouvoir l’intérêt commun dans le combat contre l’Iran ».