L’Iran est impliqué dans les attaques des Houthis en mer Rouge, dénonce Washington
La Maison Blanche monte le ton et révèle des renseignements qui lient Téhéran aux attaques menées contre des navires commerciaux - des frappes qui perturbent le trafic maritime mondial
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
L’Iran est « profondément impliqué » dans la planification des attaques actuellement perpétrées par les Houthis du Yémen, contre des navires commerciaux en mer Rouge, a fait savoir l’administration Biden vendredi. La Maison Blanche intensifie actuellement sa rhétorique à l’encontre de Téhéran dans un contexte de crise croissante qui touche le trafic maritime dans le monde entier.
Citant des informations qui viennent d’être déclassifiées par les services américains de renseignement, Adrienne Watson, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, a indiqué que la république islamique fournissait des armes, des financements et « des renseignements tactiques » pour permettre ces attaques qui surviennent dans un couloir maritime de premier plan.
« Le soutien iranien, pendant toute la crise de Gaza, permet aux Houthis de lancer des attaques contre Israël et contre des cibles maritimes même si l’Iran a souvent délégué la prise de décision ultime aux Houthis », a dit Watson.
« Depuis 2015, l’Iran a transféré des systèmes avancés d’armement aux Houthis, notamment des systèmes de drone, des missiles de croisière et des missiles balistiques qui ont été utilisés lors des frappes contre les navires – et notamment contre des navires commerciaux sans lien connu avec Israël – ou lors d’attaques contre Israël depuis le mois d’octobre », a-t-elle révélé.
Sans soutien iranien, « les Houthis auraient des difficultés à traquer de manière efficace et à attaquer les navires commerciaux », a continué Watson.
L’Iran, qui soutient les rebelles yéménites depuis longtemps, est un fournisseur d’armes de longue date pour les Houthis, a rappelé l’évaluation qui a été faite par les États-Unis.
« Nous n’avons aucune raison de croire que l’Iran tente de dissuader les Houthis d’adopter ce comportement irresponsable », a poursuivi Watson.
Cette campagne des Houthis a amené un nombre toujours croissant d’entreprises à cesser d’emprunter cet itinéraire commercial majeur, augmentant considérablement les coûts de transport.
Les États-Unis ont établi une coalition navale chargée de protéger ce couloir maritime. Toutefois, l’administration Biden n’a pas encore pris l’initiative de revenir sur sa décision d’enlever les Houthis de sa liste noire des organisations terroristes – même si les officiels américains, à Washington, disent envisager cette possibilité.
Jeudi, la Grèce a annoncé qu’elle rejoignait cette coalition internationale placée sous la houlette des États-Unis.
Dans la même journée, l’Australie a également fait savoir qu’elle enverrait onze membres pour soutenir cette coalition – dans le cadre de la dite « Opération gardien de la prospérité » – notant toutefois qu’elle ne déléguerait ni avion, ni navire de guerre dans le secteur. Le ministre australien de la Défense, Richard Marles, a évoqué la nécessité, pour le pays, de se focaliser sur la région du Pacifique.
Lloyd Austin, le secrétaire à la Défense américain, avait initialement annoncé que cette task-force était constituée de la Grande-Bretagne, de Bahreïn, du Canada, de la France, de l’Italie, des Pays-Bas, de la Norvège, des Seychelles.
Les Houthis, soutenus par l’Iran, expliquent que leurs frappes au missile et au drone en direction des navires de transport commercial viennent en soutien aux Palestiniens de Gaza, où la guerre opposant Israël à ses alliés du Hamas fait rage depuis le 7 octobre. Le groupe yéménite a annoncé qu’il prendrait pour cible tous les bateaux qui se dirigent vers Israël ou qui sont liés, d’une manière ou d’une autre, à l’État juif, même si un certain nombre de navires sans connexion apparente avec Israël ont été attaqués.
Plusieurs autres pays ont aussi accepté de s’impliquer dans cette coalition mais ils préfèrent rester discrets, a noté un responsable américain, lundi, qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat pour discuter de détails de cette nouvelle mission qui n’ont pas été ouvertement révélés.
La guerre opposant Israël au Hamas dans la bande de Gaza a éclaté après l’assaut meurtrier qui a été commis par le groupe terroriste, le 7 octobre – des hommes armés avaient tué plus de 1 200 personnes, en majorité des civils, lors d’une attaque sans précédent et fait des milliers de blessés. 240 personnes avaient été enlevées et prises en otage au sein de l’enclave côtière.
Israël a répondu par une campagne militaire qui, selon l’État juif, vise à détruire le Hamas et à libérer les otages.
Les attaques perpétrées par les Houthis dans les eaux qui mènent au Canal de Suez, point d’étranglement pour environ 12 % du commerce mondial, a obligé de nombreuses compagnies à changer l’itinéraire suivi par leurs navires.
Elles ont ordonné à leurs bateaux de rester en place et de ne pas entrer dans le détroit de Bab el-Mandeb, à l’extrémité sud de la mer Rouge, jusqu’à ce que la situation sécuritaire soit rétablie.
Au lendemain de l’annonce de la formation de la coalition par Austin, les rebelles Houthis ont juré de continuer leurs attaques, disant qu’ils ne se laisseraient pas décourager par l’opération internationale.
Les Houthis ont aussi lancé des missiles et des drones en direction du sud d’Israël. Ils ont été interceptés par les systèmes de défense antiaérienne.