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L’Iran menace de fermer le détroit d’Ormuz

Les USA ont affirmé que bloquer l'accès à cette artère pétrolière de premier plan serait inacceptable ; la Turquie a fustigé la décision de Washington qui nuira au peuple iranien

Sur cette photo de l'agence de presse iranienne semi-officielle, les bateaux des gardiens de la révolution prennent d'assaut une réplique de navire porte-avions américain pendant des exercices à grande échelle près de l'entrée du Golfe persique, le 25 février 2015 (Crédit :  AP/Fars News Agency, Hamed Jafarnejad)
Sur cette photo de l'agence de presse iranienne semi-officielle, les bateaux des gardiens de la révolution prennent d'assaut une réplique de navire porte-avions américain pendant des exercices à grande échelle près de l'entrée du Golfe persique, le 25 février 2015 (Crédit : AP/Fars News Agency, Hamed Jafarnejad)

Un haut-commandant de la marine iranienne a menacé lundi de fermer le détroit stratégique d’Ormuz en réponse à une décision américaine de mettre un terme aux exemptions qui permettaient à différents pays de procéder à des importations de pétrole depuis la République islamique. Téhéran, pour sa part, a fustigé une initiative « illégale ».

« S’il nous est interdit de l’utiliser, alors nous le fermerons », a décrété le général Ali Reza Tangsiri, chef des forces navales des Gardiens de la Révolution iraniens, selon l’agence de presse semi-officielle Tasnim.

L’administration Trump a déclaré lundi qu’elle n’exempterait plus les pays d’éventuelles sanctions américaines s’ils continuaient à acheter du pétrole à l’Iran, renforçant leur pression sur la République islamique par une décision qui touche, en premier lieu, les principaux importateurs majeurs que sont la Chine et l’Inde aux côtés des alliés du traité américain : le Japon, la Corée du Sud et la Turquie.

Le président américain Donald Trump a pris cette décision dans le cadre d’une campagne de « pression maximale » exercée sur l’Iran qui a pour objectif d’éliminer tous ses revenus issus des exportations pétrolières qui, selon les Etats-Unis, servent à financer les activités de déstabilisation de la République islamique dans tout le Moyen-Orient et au-delà.

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien Abbas Mousavi a rejeté l’annonce faite lundi par les Etats-Unis, affirmant que les sanctions américaines comme les exemptions n’avaient « aucune valeur ».

« Dans la mesure où les sanctions sont, par principe, illégales, la République islamique d’Iran considère à la base les exemptions accordées pour les sanctions comme étant sans aucune valeur » aurait affirmé le responsable, selon l’agence de presse officielle Mehr.

(ARCHIVES) Photo prise le 12 mars 2017 : un navire militaire iranien patrouille pendant qu’un pétrolier s’apprête à accoster au large d’une plate-forme pétrolière. (Crédit : ATTA KENARE / AFP)

Une source non-identifiée au sein du ministère iranien du pétrole a indiqué à l’agence de presse semi-officielle Tasnim : « Que les exemptions continuent ou non, les exportations pétrolières iraniennes ne se trouveront jamais au niveau zéro, quelles que soient les circonstances, à moins que les autorités ne décident elles-mêmes d’y mettre un terme… une hypothèse qui n’a pas de pertinence pour le moment. »

« Depuis des années, nous avons appris à neutraliser les efforts de nos ennemis qui tentent de frapper notre pays », a continué la source, qui a ajouté que la République islamique était préparée à la décision américaine.

Dans le passé, l’Iran a déjà menacé de fermer le détroit d’Ormuz en réaction à des sanctions américaines ou autres, aggravant les tensions.

Un responsable américain a indiqué que toute initiative de fermeture du détroit serait inacceptable, a fait savoir Reuters.

Des membres de la marine iranienne se réjouissent après le tir réussi d’un missile Ghader depuis la zone portuaire de Jask sur les rives du Golfe d’Oman pendant un exercice à proximité du détroit d’Ormuz, le 1er janvier 2013. (Crédit : AP/Jamejam Online, Azin Haghighi/File)

Le détroit est situé à l’embouchure du Golfe persique. Il est crucial pour l’approvisionnement global en énergie : un tiers environ de tout le pétrole commercialisé le traverse.

« En cas de menace, il n’y a pas l’ombre d’un doute que nous protégerons et défendrons les eaux iraniennes », a affirmé Tangsiri, des forces navales des Gardiens de la Révolution.

L’Iran effectue régulièrement des manœuvres dans le détroit qui, à son point le plus étroit, est large de 33 kilomètres dans les eaux qui séparent l’Iran et Oman.

Le président Donald Trump lève le pouce au moment d’embarquer à bord d’Air Force One, sur la base aérienne d’Andrews, dans le Maryland, le 18 avril 2019. (Crédit : AP/Pablo Martinez Monsivais)

Malgré son étroitesse et sa situation entre les eaux territoriales de ces deux nations, le détroit est considéré comme un itinéraire international de transit. Les Américains le traversent souvent, malgré des rencontres parfois tendues avec les forces iraniennes.

Ces tensions sont particulièrement élevées depuis le retrait, au mois de mai, des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien qui avait été signé en 2015 et qui avait permis la levée des sanctions pour Téhéran, qui avait accepté de limiter ses travaux d’enrichissement de l’uranium.

Washington a réimposé depuis des sanctions économiques strictes à l’Iran, tandis que les autres parties signataires du pacte sur le nucléaire – le Royaume-Uni, la France, la Russie et l’Allemagne – tentent de maintenir l’accord en vie.

Les sanctions ont eu un impact sur l’économie iranienne, contribuant à l’inflation croissante et à la chute du Rial, la devise de la République islamique.

D’autres pays ont également réagi avec colère à la décision de Washington de mettre un terme aux exemptions.

Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a vivement critiqué l’annonce faite par le président Trump dans un tweet, affirmant que cette initiative « ne servira ni la paix ni la stabilité régionale mais nuira au peuple iranien ».

La Chine, l’un des plus grands consommateurs de pétrole iranien, a également critiqué la fin des exemptions, la qualifiant de preuve du caractère « unilatéral » des sanctions américaines. La Chine, qui compte sur ces importations pour la moitié de sa consommation pétrolière, pourrait représenter le défi diplomatique le plus dur que devront relever les Etats-Unis dans l’application de leurs sanctions.

Pour sa part, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dont le groupe terroriste est soutenu par l’Iran, a dénoncé la décision américaine dans un discours ce lundi.

Une raffinerie pétrolière à Téhéran (Crédit : AP/file)

« Nous affrontons l’arrogance et les agressions d’un Etat qui blesse 80 millions de personnes en Iran. Le grand Satan impose des sanctions contre l’Iran, la Syrie, la Russie et la Chine. Cette administration agit comme dans une jungle tandis que les Etats-Unis, en eux-mêmes, soutiennent le terrorisme. »

Défendant l’initiative, le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a indiqué que « l’objectif reste simple : priver le régime hors-la-loi des fonds qu’il utilise pour déstabiliser le Moyen-Orient depuis des décennies et inciter l’Iran à se comporter comme un pays normal. »

Pour sa part, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est félicité lundi de la décision du président américain de renforcer les sanctions contre la République islamique, que l’Etat juif considère comme une menace existentielle.

« La décision du président Trump et de l’administration américaine est d’une importance capitale pour renforcer la pression sur le régime terroriste iranien », a annoncé Netanyahu dans un communiqué.

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