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L’Iran pend un Irano-Britannique pour espionnage

Ancien haut responsable de la défense iranienne, Alireza Akbari a été condamné pour "corruption sur Terre et pour atteinte à la sécurité intérieure et extérieure du pays pour avoir transmis des renseignements" au Royaume-Uni

Ali Reza Akbari (Crédit : Twitter/utilisé conformément à l'article 27a de la loi sur le droit d'auteur)
Ali Reza Akbari (Crédit : Twitter/utilisé conformément à l'article 27a de la loi sur le droit d'auteur)

Téhéran a annoncé samedi l’exécution par pendaison d’un Irano-Britannique condamné à mort pour espionnage pour le compte des services de renseignements britanniques, provoquant la colère et le « dégoût » de Londres.

Ancien haut responsable de la défense iranienne, Alireza Akbari, 61 ans, a été condamné pour « corruption sur Terre et pour atteinte à la sécurité intérieure et extérieure du pays pour avoir transmis des renseignements » au Royaume-Uni, selon l’agence de l’Autorité judiciaire iranienne Mizan Online.

Son exécution est intervenue trois jours après l’annonce de la condamnation à mort de cet homme présenté comme ayant été un « espion clé » pour le « Secret intelligence service » britannique (SIS), connu aussi comme MI6, en raison de « l’importance de sa position ».

Dans un tweet, le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, a dénoncé une condamnation « impitoyable et lâche ».

Il s’agit d’un « acte barbare » qui « ne restera pas sans réponse », a réagi le chef de la diplomatie britannique, James Cleverly, ajoutant que « Londres allait convoquer le chargé d’affaires iranien pour lui faire part de notre dégoût ».

Il a ensuite fait savoir que le procureur général d’Iran, Mohammad Jafar Montazeri, avait été placé sous sanctions, sans toutefois en préciser la nature. « Nous demandons au régime (iranien) de rendre des comptes pour ses effroyables violations des droits humains », a-t-il ajouté dans un tweet.

James Cleverly devant le 10 Downing Street à Londres, le 7 juillet 2022. (Crédit : AP Photo/Frank Augstein)

Le ministère iranien des Affaires étrangères a annoncé pour sa part avoir convoqué samedi l’ambassadeur de Royaume-Uni à Téhéran, dénonçant le « soutien malicieux » que Londres a apporté à un « espion ».

« Le gouvernement britannique doit être tenu pour responsable d’avoir établi des contacts non conventionnels » ayant représenté « une atteinte à la sécurité nationale de la République islamique d’Iran », a ajouté le ministère iranien.

Alireza Akbari a été pendu quelques heures seulement après que les Etats-Unis se sont joints à leur allié britannique pour demander à l’Iran de ne pas procéder à son exécution.

« Faux aveux »

La France a également condamné « avec la plus grande fermeté » l’exécution d’Akbari, un acte qui « ne pourra rester sans réponse », et convoqué « une nouvelle fois » le chargé d’affaires de l’ambassade d’Iran ».

Le diplomate américain Vedant Patel avait fait part vendredi de « fortes préoccupations » de Washington après des informations selon lesquelles Akbari aurait été « drogué, torturé pendant sa garde à vue, interrogé pendant des milliers d’heures et contraint de faire de faux aveux ».

Sur cette photo publiée par l’agence de presse KhabarOnline le 18 septembre 2019, Ali Reza Akbari s’exprime dans une interview. (Crédit : Agence de presse KhabarOnline via AP, fichier)

Sur Twitter, Amnesty International a qualifié samedi l’exécution d’Akbari « d’attaque odieuse » contre « le droit à la vie », l’ONG appelant le gouvernement britannique à « enquêter pleinement » sur les accusations de torture dont il aurait été victime.

« Le fait que l’Iran ait procédé à cette exécution alors que le Royaume-Uni et l’UE envisagent d’inscrire le CGRI (Corps des gardiens de la révolution islamique d’Iran) sur des listes terroristes montre que cela fait partie de la politique diplomatique de prise d’otages de la République islamique », a déclaré à l’AFP le directeur du groupe Iran Human Rights basé à Oslo, Mahmood Amiry-Moghaddam.

Ancien combattant de la guerre entre l’Iran et l’Irak (1980-1988), Alireza Akbari a été notamment vice-ministre de la Défense pour les Affaires étrangères, chef d’une unité dans un centre de recherche ministériel et conseiller pour le commandant de la Marine, selon l’agence officielle Irna.

En février 2019, le journal officiel du gouvernement Iran avait publié un entretien avec Alireza Akbari en le présentant comme « ancien vice-ministre de la Défense » sous la présidence de Mohammad Khatami (1997-2005).

Le ministre de la Défense était alors Ali Shamkhani, actuel secrétaire du Conseil national suprême de la sécurité.

Arrestations régulières

Akbari a été arrêté entre mars 2019 et mars 2020, selon l’agence Irna, tandis que Mizan a indiqué qu’il avait reçu des paiements de plus de deux millions de dollars pour ses services.

Des médias iraniens ont diffusé une vidéo le montrant en train d’expliquer comment il avait été approché par le MI6, qui l’a notamment interrogé sur le père du nucléaire iranien Mohsen Fakhrizadeh, tué près de Téhéran en 2020 lors d’une attaque contre son convoi que l’Iran a imputée à Israël.

Le père du nucléaire iranien Mohsen Fakhrizadeh. (Autorisation)

L’Iran annonce régulièrement l’arrestation d’agents soupçonnés de travailler pour des services de renseignements étrangers. Quatre personnes accusées de coopérer avec les services de renseignement israéliens ont été exécutées début décembre.

L’exécution d’Akbari intervient alors que l’Iran est secoué par des manifestations déclenchées par la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, après avoir été arrêtée pour avoir enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique pour les femmes.

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