L’Iran sert d’intermédiaire entre la Russie et les Houthis pour les armer – sources

NATIONS UNIES – L’Iran a servi d’intermédiaire dans les négociations confidentielles en cours entre la Russie et les Houthis du Yémen pour transférer des missiles anti-navires au groupe terroriste, ont déclaré trois sources occidentales et régionales, un développement qui met en évidence les liens de plus en plus étroits entre Téhéran et Moscou.

Sept sources ont déclaré que la Russie n’avait pas encore décidé de transférer les missiles Yakhont – également connus sous le nom de P-800 Oniks – qui, selon les experts, permettraient au groupe terroriste de frapper avec plus de précision les navires commerciaux en mer Rouge et d’accroître la menace pour les navires de guerre américains et européens qui les défendent.

Le Wall Street Journal avait rapporté en juillet que la Russie envisageait d’envoyer ces missiles. Le rôle de l’Iran en tant qu’intermédiaire n’avait pas été signalé auparavant.

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Depuis novembre, les Houthis ont lancé des attaques répétées de drones et de missiles sur des navires empruntant les canaux de navigation cruciaux de la mer Rouge, en guise, selon eux, de solidarité avec les Palestiniens dans le cadre de la guerre menée par Israël contre le Hamas à Gaza, à la suite du pogrom du 7 octobre perpétré par le groupe terroriste palestinien, au cours duquel quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges, et commis de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.

Ils ont coulé au moins deux navires et en ont saisi un autre, perturbant le commerce maritime mondial en obligeant les compagnies maritimes à détourner des cargaisons et, selon des sources industrielles, en augmentant de façon nette les coûts d’assurance pour les navires naviguant en mer Rouge.

En réponse, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont frappé les positions des Houthis, mais n’ont pas réussi à mettre fin aux attaques du groupe terroriste.

Un avion de chasse américain décollant du pont du porte-avions USS Eisenhower en mer Rouge lors d’opérations contre des cibles houthies, sur cette photo publiée le 24 février 2024. (Crédit : CENTCOM/AFP)

Deux responsables régionaux au fait des négociations ont déclaré que les Houthis et les Russes s’étaient rencontrés à Téhéran au moins deux fois cette année et que les pourparlers visant à fournir des dizaines de missiles, d’une portée d’environ 300 kilomètres, se poursuivaient, d’autres rencontres étant prévues à Téhéran dans les semaines à venir.

La Russie a déjà fourni le missile Yakhont au groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, également soutenu par l’Iran, au Liban.

L’une des sources a indiqué que les négociations avaient débuté sous la présidence d’Ebrahim Raissi, qui a péri dans un accident d’hélicoptère en mai.

« La Russie négocie avec les Houthis le transfert de missiles anti-navires supersoniques Yakhont », a déclaré une source de renseignement occidentale.

« Les Iraniens servent d’intermédiaires dans ces négociations, mais ne veulent pas y apposer leur signature. »

Ni la mission iranienne auprès des Nations unies ni le ministère russe de la Défense n’ont répondu aux demandes de commentaires.

« Nous n’avons aucune connaissance de ce que vous avez mentionné », a déclaré Mohamed Abdel-Salam, porte-parole officiel des Houthis du Yémen.

Un haut fonctionnaire américain a refusé de nommer les systèmes spécifiques qui pourraient être transférés, mais a confirmé que la Russie avait discuté de la fourniture de missiles aux Houthis, qualifiant ce développement de « très inquiétant ».

Des Yéménites armés brandissant des pancartes et des drapeaux lors d’un rassemblement en solidarité avec les Palestiniens dans le cadre de la guerre à Gaza, à Sanaa, la capitale contrôlée par les Houthis, le 16 août 2024. (Crédit : Abdallah Adel/AFP)

Un responsable du ministère américain de la Défense a déclaré que tout effort visant à renforcer les capacités des Houthis « nuirait à l’intérêt international partagé pour la liberté de navigation et la stabilité en mer Rouge et dans le Moyen-Orient au sens large ».

La Russie et l’Iran ont resserré leurs liens militaires dans le contexte de la guerre en Ukraine. Téhéran aurait transféré des missiles balistiques à Moscou pour les utiliser contre l’Ukraine, avaient indiqué les Etats-Unis au début du mois.

Selon trois sources, l’une des motivations de Moscou pour armer les Houthis est la possibilité que les États occidentaux décident d’autoriser l’Ukraine à utiliser leurs armes pour frapper le territoire russe plus en profondeur.

Le haut fonctionnaire américain a déclaré que les discussions entre la Russie et les Houthis « semblent être liées à notre position en Ukraine et à ce que nous sommes prêts ou non à faire » concernant les demandes de Kiev de lever les restrictions sur l’utilisation d’armes à longue portée fournies par les Etats-Unis pour frapper des cibles à l’intérieur de la Russie.

Le président russe Vladimir Poutine s’entretenant avec des employés de l’usine Uralvagonzavod, à Nizhny Tagil, en Russie, le 15 février 2024. (Crédit : Ramil Sitdikov, Sputnik, Kremlin Pool Photo via AP)

Le président russe Vladimir Poutine avait averti en juin que Moscou pourrait envoyer des armes de longue portée avancées – semblables à celles que les Etats-Unis et leurs alliés fournissent à l’Ukraine – aux adversaires de l’Occident dans le monde entier.

Le Yakhont est considéré comme l’un des missiles anti-navires les plus avancés au monde. Il est conçu pour frôler la surface de la mer afin d’éviter d’être détecté à plus de deux fois la vitesse du son, ce qui le rend difficile à intercepter.

Fabian Hinz, expert en missiles balistiques à l’Institut international d’études stratégiques, a déclaré que le transfert de missiles Yakhont par la Russie aux Houthis changerait la donne pour la sécurité régionale.

« Le P-800 est un système bien plus performant que les missiles balistiques et de croisière anti-navires utilisés jusqu’à présent par les Houthis », a expliqué Hinz.

Non seulement les Houthis pourraient les tirer sur les navires de guerre américains, britanniques et autres qui protègent les navires commerciaux en mer Rouge contre les attaques de drones et de missiles des Houthis, mais ils pourraient également les utiliser comme armes d’attaque terrestre que l’Arabie saoudite considérerait comme une menace, a poursuivi Hinz.

Le haut fonctionnaire américain a déclaré qu’une délégation de fonctionnaires américains avait discuté des négociations entre la Russie et les Houthis avec leurs homologues saoudiens lors d’une visite en Arabie saoudite cet été, et que Washington avait soulevé la question avec Moscou.

Les Saoudiens ont également fait part de leurs préoccupations directement aux Russes, ont indiqué trois sources à Reuters. Le gouvernement saoudien n’a pas répondu à une demande de commentaire.

Hinz a estimé que la Russie devrait apporter son aide pour les aspects techniques d’une livraison de missiles, notamment la manière de les transférer et de les rendre opérationnels sans que les Etats-Unis ne les détectent et ne les détruisent. Les Houthis auraient également besoin d’une formation sur ce système.

Le haut fonctionnaire américain a mis en garde contre les conséquences désastreuses d’un tel transfert.

« Les Saoudiens sont inquiets. Nous sommes inquiets, ainsi que d’autres partenaires régionaux », a déclaré le haut fonctionnaire.

« Les Houthis causent déjà suffisamment de dégâts en mer Rouge, et ce transfert leur permettrait d’en faire davantage. »