L’Israélien Artem Dolgopyat, un champion olympique désarmant
Celui qui a arraché la deuxième médaille d'or de toute l'Histoire olympique israélienne en gymnastique artistique garde fermement les pieds sur terre malgré l'euphorie nationale
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).
Artem Dolgopyat, premier médaillé d’or israélien de cette édition des Jeux olympiques à Tokyo – et second Israélien à remporter une médaille d’or olympique de toute l’Histoire de l’État juif – est assurément l’une des personnalités les plus humbles à s’être hissée sur la première marche du podium d’une Olympiade.
Lorsque le dernier de ses rivaux a terminé l’épreuve de sol dans la compétition de gymnastique artistique, dimanche, et qu’il a été clairement établi qu’il avait gagné l’or, Dolgopyat s’est enveloppé dans le drapeau israélien et il a levé le poing pour exprimer sa joie – mais il l’a fait avec douceur, presque embarrassé. Rien, dans ce geste, n’a semblé revendiquer cette réalité dont il serait facile de s’enorgueillir que oui, il avait été bien été le meilleur parmi tous ces athlètes venus du monde entier.
Pas de cri saluant la victoire, pas de danse célébrant cet accomplissement d’une vie – une victoire pour laquelle il a travaillé depuis qu’il a commencé la gymnastique à l’âge de 6 ans, poussé par son père lui-même gymnaste. Il est pourtant aujourd’hui le meilleur du monde – mais le sportif n’en tire aucune arrogance.
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Interviewé quelques minutes plus tard après avoir reçu sa médaille, après qu’ait été brandi le drapeau national israélien et qu’ait résonné la « Hatikvah », l’hymne de l’État juif, Dolgopyat, âgé de 24 ans, a encore fait preuve de son humilité. « Mon enchaînement a été bien meilleur lors de la série de qualification. J’ai vraiment eu peur de ne pas avoir été assez bon pour la médaille. Mais tous les concurrents étaient nerveux et tout le monde a fait des erreurs. Et la note a été finalement assez bonne, et je suis très heureux ».
Alors qu’il lui était demandé quel avait été son état d’esprit pendant toute la compétition, il s’est encore une fois montré désarmant : « Je n’ai pas regardé ceux qui sont passés avant moi. Quand j’ai constaté que ma note n’était pas si bonne que ça, je me suis senti très angoissé. Mais je n’aurais pas voulu que quelqu’un tombe, ou qu’il arrive quelque chose comme ça », a-t-il ajouté.
Une pluie de superlatifs et d’éloges s’est abattue sur l’athlète – de la part de son entourage mais pas seulement.
Le journaliste sportif de la Cinquième chaîne a demandé au nouveau médaillé – de manière somme toute très raisonnable – s’il réalisait qu’il venait de devenir brusquement « un héros national ». Le président Isaac Herzog lui a dit lors d’un appel téléphonique, depuis Jérusalem : « Artem, vous venez d’entrer dans l’Histoire. Réalisez-vous que vous êtes le numéro un dans le monde ? Nous sommes très émus. Je vous félicite du fond du cœur au nom de tous les Israéliens ». De son côté, le Premier ministre Naftali Bennett lui a dit au téléphone, peu après : « Nous avons interrompu la réunion du cabinet au beau milieu en apprenant cette merveilleuse nouvelle, cette médaille que nous gagnons grâce à vous ».
Dolgopyat, encore un peu hébété, a alterné sourires et remerciements polis. Originaire d’Ukraine (il est arrivé au sein de l’État juif à l’âge de douze ans), il a aussi souligné avec la même voix douce qu’il était fier de représenter Israël.
Cet état d’esprit honnête et terre à terre, l’athlète le partage avec son entraîneur, Sergei Vaisburg qui, devant la caméra et depuis Tokyo, a expliqué que « nous nous étions préparés pour une médaille mais bien sûr, nous n’avions pas rêvé à l’or. C’est vraiment un rêve. Et c’est l’apogée d’une vie ».
« Avez-vous déjà réalisé que vous avez remporté la médaille d’or ?, » a demandé un journaliste à Dolgopyat lors de la conférence de presse officielle, un peu plus tard. Fidèle à lui-même, l’athlète a d’abord gardé le silence avant de lâcher un « non » quelque peu piteux, provoquant les rires.
Ici, clairement, se trouve un athlète qui ne saurait se sentir mieux, qui ne saurait se sentir plus vivant et plus passionné que lorsqu’il s’adonne à son sport. Et dimanche, pour le plus grand plaisir des Israéliens – et pour le sien – il s’avère qu’il est aussi devenu le meilleur de sa discipline.
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