Israël en guerre - Jour 532

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L’israélien RedHill espère que son médicament change la donne contre la CoVid-19

L’utilisation expérimentale d’Opaganib a eu des « résultats encourageants »; en inhibant l'enzyme, le médicament aide à réduire l'inflammation et empêche le virus de se multiplier

Illustration : une patiente âgée est traitée pour coronavirus. (iStock)
Illustration : une patiente âgée est traitée pour coronavirus. (iStock)

RedHill Biopharma Ltd. espère qu’un nouveau médicament, en cours de développement, va changer la donne dans la bataille mondiale contre la CoVid-19, a déclaré dans une interview Gilead Raday, le directeur des opérations de la compagnie biopharmaceutique israélienne.

La compagnie, dont l’activité principale se concentre sur les maladies gastro-intestinales, a développé une nouvelle molécule – une entité chimique qui stimule l’activité anti-inflammatoire et antivirale dans les cellules, qui s’était avérée efficace en 2016 dans des expériences in vitro contre le virus Ebola. Quand Ebola a diminué d’intensité, la compagnie a interrompu le développement de cette molécule.

À présent, les ravages provoqués par le nouveau coronavirus avec près de 24 millions de personnes infectées dans le monde et plus de 800 000 décès, la compagnie tel-avivienne fondée par deux kibboutzniks espère que le médicament qu’elle développe, Opaganib, se révélera efficace pour traiter les maladies mortelles causées par le virus.

RedHill pense que la molécule « pourrait être très efficace comme antiviral et comme anti-inflammatoire, et de ce fait protégerait les poumons. Son mécanisme à double-action est très prometteur », a déclaré Raday.

Le médicament Opaganib de RedHill. (Autorisation : RedHill)

L’Opaganib est actuellement en cours de développement pour le traitement des patients hospitalisés dans un état sévère mais qui ne sont pas intubés, a-t-il expliqué. Le médicament est administré par voie orale.

Plus tôt ce mois-ci, la société a déclaré qu’elle avait obtenu le feu vert du Comité fédéral pour la protection contre les risques sanitaires du Mexique pour commencer une étude de phase II / III pour l’évaluation du médicament sur des patients hospitalisés pour une infection sévère au SRAS-CoV-2, causée par la CoVid-19, et pour une pneumonie, qui nécessitent une hospitalisation et une oxygènothérapie.

Les sujets seront randomisés pour recevoir soit l’Opaganib, soit un placebo accompagné d’un traitement standard. L’objectif principal de l’étude est d’évaluer l’efficacité du médicament et la proportion de patients qui nécessiteront quand-même une intubation et une ventilation mécanique au jour 14.

L’étude de phase II / III a été approuvée au Mexique, au Royaume-Uni et en Russie, et est en cours d’examen en Italie, au Brésil et ailleurs. Une extension de l’étude à d’autres pays est également prévue, a déclaré Raday.

La compagnie a déjà commencé à recruter des patients pour une étude de phase II en cours – quoique d’échelle moindre – aux États-Unis ; si les deux études sont couronnées de succès, la compagnie envisagera alors de demander une autorisation pour une utilisation d’urgence du médicament dès le quatrième trimestre de cette année.

« Nous prévoyons d’inscrire 270 patients dans ces pays », a déclaré Raday dans l’interview, en référence à l’étude internationale à plus grande échelle. L’idée est de développer un médicament qui sera une cure pour la maladie, pas un vaccin pour la prévenir, a-t-il précisé.

Des données précliniques ont montré que le médicament possède à la fois des propriétés anti-inflammatoires et antivirales, avec le potentiel de réduire les troubles inflammatoires pulmonaires, tels que la pneumonie, et d’atténuer les dommages fibrotiques pulmonaires, a déclaré la compagnie.

Des personnes portent des masques faciaux par crainte du coronavirus dans la vieille ville de Jérusalem le 10 août 2020. Israël connaît un pic de nouveaux cas de CoVid-19 qui conduit les autorités à réimposer des restrictions pour arrêter la propagation du virus. (Olivier Fitoussi / Flash90)

L’utilisation compassionnelle et expérimentale de la drogue en Israël a eu « des résultats encourageants », a déclaré Raday. En effet, le médicament a été administré à sept patients dans un hôpital israélien qui étaient « en grand danger de mort », a-t-il dit. L’usage dit “compassionnel” se produit lorsque le personnel médical traite des patients avec des médicaments expérimentaux en dehors des essais cliniques, dans des circonstances particulières et avec l’approbation des autorités médicales.

Tous les patients du groupe traité à l’Opaganib sont sortis de l’hôpital sans avoir besoin de ventilation mécanique, alors que 33 % du groupe témoin ont nécessité une ventilation mécanique, a déclaré la compagnie dans un communiqué plus tôt ce mois-ci.

Les patients traités avec le médicament ont également été sevrés plus tôt d’une canule nasale à haut débit utilisée pour traiter les patients souffrant d’insuffisance respiratoire aiguë – le temps a été réduit à 10 jours dans le groupe traité à l’Opaganib, contre 15 jours dans les cas correspondants du groupe témoin.

« En plus des résultats cliniques, nous avons obtenu de très bons résultats sur les marqueurs inflammatoires et autres », a déclaré Raday. Le nombre de lymphocytes, par exemple – un type de globule blanc – était « très significativement » plus élevé dans le groupe traité, par opposition au groupe non-traité, ce qui est une bonne indication que l’infection virale est « en voie d’être surmontée », a-t-il déclaré. Les marqueurs indiquant une inflammation générale ont également diminué plus rapidement dans le groupe traité.

Raday a expliqué que le médicament cible une enzyme unique appelée la sphingosine kinase-2 (SK2) et inhibe son activité. Cette inhibition réduit les deux niveaux d’inflammation, et arrête également la multiplication du virus.

« Lorsqu’elle est déséquilibrée, cette enzyme augmente potentiellement les cytokines et l’inflammation, et en l’inhibant, vous créez une normalisation des niveaux de certaines de ces cytokines – elle les ramène à la normale », a déclaré Raday.

La recherche a montré que ce qu’on appelle la « tempête de cytokines » est une surproduction incontrôlée de marqueurs d’inflammation qui, à leur tour, provoquent une réponse inflammatoire systémique aberrante, un facteur majeur dans l’apparition du syndrome de détresse respiratoire aiguë en résultat de l’infection au CoVid-19.

De plus, une fois que les virus ont infecté une cellule, ils cherchent à se multiplier, mais ne peuvent pas le faire sans prendre « en otage » le mécanisme de la cellule, a expliqué Raday. L’enzyme SK2 qu’Opaganib inhibe, « est un composant nécessaire à la multiplication du virus dans la cellule », et si on l’inhibe, la multiplication ne peut pas se produire, a-t-il déclaré.

Raday a ajouté que les médicaments actuellement utilisés pour traiter les patients atteints de CoVid-19 – y compris le Remdevisir et la Dexaméthasone, un corticostéroïde utilisé pour ses effets anti-inflammatoires et immunosuppresseurs – se sont avérés efficaces pour traiter la maladie mortelle, mais il n’existe « malheureusement » pas de traitements révolutionnaires sur le marché en ce moment.

RedHill est à présent à plein régime pour essayer de recruter des patients pour son étude internationale de phase II / III, et espère obtenir les résultats de cette étude au quatrième trimestre de cette année.

« Si nous observions des résultats similaires à ceux que nous avons constatés lors de l’utilisation compassionnelle, ce serait des résultats vraiment exceptionnels, qui devraient promouvoir l’autorisation d’utilisation d’urgence », a déclaré Raday.

L’entreprise se prépare déjà à la fabrication et à la distribution commerciale d’ici la fin de l’année.

« Si nous le donnons aux patients hospitalisés et sous oxygène, et que seul un petit pourcentage évolue jusqu’à nécessiter une ventilation mécanique, et que leur condition s’améliore en quelques jours, alors le profil de la maladie deviendra totalement différent – ce sera une maladie gérable », a déclaré Raday. L’impact d’un tel médicament « va au-delà des patients et de leur vie », a-t-il ajouté, car il pourrait permettre, à l’échelle mondiale, d’éviter de futurs confinements ayant pour objectif de freiner la propagation du virus. « Cela rend tout le reste moins effrayant. »

Les actions de la société négociées sur le Nasdaq ont progressé de 11 % au cours des 12 derniers mois, ce qui a conduit à une valorisation de 284 millions de dollars.

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