Loi bioéthique: catholiques, protestants et juifs « vigilants » à l’Assemblée
Chacun a livré ses positions sur des sujets tels que l'extension de la procréation médicalement assistée (PMA) ou la réforme de la filiation et l'accès aux origines
Le projet de loi de bioéthique a été au centre de discussions informelles jeudi entre Emmanuel Macron et la Conférence des évêques de France (CEF), tandis que les représentants des cultes catholique, protestant et juif ont fait part devant l’Assemblée nationale de leur « vigilance » sur ce texte.
Le nouveau président de la CEF, Éric de Moulins Beaufort, a « pu dire au président les points clés de la position de l’Église catholique » sur ce projet de loi qui prévoit notamment l’extension de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes, a déclaré à l’AFP le secrétaire général de la CEF, Thierry Magnin, qui participait à l’entrevue.
« On a pu aborder la question de l’extension de la PMA, on a parlé de la GPA (gestation pour autrui, qui n’est pas dans le projet, ndlr), de l’embryon, des cellules souches et des autres sujets dans le projet », s’est-il félicité. M. Macron « a reconnu que les questions de fond qu’on posait étaient de vraies questions », même si « je ne pense pas qu’on l’ait fait changer », a ajouté M. Magnin.
Dans la journée, des représentants cultuels ont également fait part de leurs craintes sur ce texte lors d’auditions devant la commission spéciale bioéthique de l’Assemblée nationale.
Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, a fait valoir que « ce qui se concevait en matière de médecine », notamment pour soigner les maladies, ne peut « pas se concevoir de la même façon pour répondre à une demande ponctuelle » individuelle. Et souligné que l' »humanité s’est construite sur l’idée d’un père et d’une mère ».
Il a aussi critiqué le principe d' »une loi révisable sans arrêt » – comme c’est le cas des lois de bioéthique – car cela « dévalorise (sa) force », et il a suggéré la mise en place « d’une commission de suivi permanente ».
Responsable bioéthique à la Conférence des évêques de France, Mgr Pierre d’Ornellas a, lui, appelé à la « vigilance » en craignant de possibles « discriminations », par exemple entre « un enfant avec un père (et) un enfant sans la possibilité d’en avoir un », ou encore entre un enfant issu d’un don qui pourra connaître le père et celui qui ne le pourra pas.
Comme Haïm Korsia, il a mis en avant la nécessité de soigner « en priorité les personnes atteintes de maladie ». Il a également averti du risque d’accentuer la « précarité des femmes mères seules ».
De son côté, le président de la Fédération protestante de France, François Clavairoly, a rappelé « l’opinion très partagée » des protestants sur l’extension de la PMA », sur laquelle « il faut être vigilant ».
Pour lui, le « contexte européen » actuel (extension de la PMA existant depuis des années dans de nombreux pays, tels la Grèce, le Danemark, l’Espagne, les Pays-Bas…) oblige la France à « ne plus rester sans cadre juridique ».
« Vers quel développement de la médecine reproductive nous dirigeons-nous ? (…) Comment nous préparons-nous aux nouvelles formes de parentalité et de filiation ? », s’est-il interrogé.