Loin de son village bédouin, une Israélienne lutte pour les femmes et la paix
Titulaire d'un doctorat, Amal Elsana-Alh’jooj se bat pour une plus grande égalité entre les hommes, les femmes, les Juifs et les Arabes dans sa patrie
MONTRÉAL — Loin des élevages de moutons en Terre Sainte, où elle est devenue une éminente féministe bédouine israélienne, Amal Elsana-Alh’jooj dirige aujourd’hui le Réseau d’action communautaire international (ICAN) à l’Université McGill de Montréal.
Son chemin vers la ville québecoise est un voyage personnel improbable : après avoir été bergère dès l’âge de cinq ans aux abords de son village bédouin délabré et brûlé par le soleil irradiant le désert du Néguev, elle a finalement obtenu son doctorat en travail social à McGill et s’exprime désormais dans les forums internationaux tout en poursuivant un post-doctorat à l’université de Harvard.
« Quand j’étais bergère au début de ma vie, c’était à cause de mon grand-père… Ma mère disait qu’elle n’avait pas besoin de moi dans la cuisine, alors mon grand-père a dit : ‘nous avons besoin d’elle pour garder les moutons’. Donc ma première carrière, en fait, je dirais que c’est comme organisatrice de la communauté, comme quelqu’un qui organise et prend des responsabilités, c’est comme être un berger », relatait Elsana-Alh’jooj au Times of Israel dans une récente interview dans un café du quartier montréalais de Notre-Dame-de-Grâce, où elle vit avec son mari et leurs jumeaux de 17 ans.
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« Je me souviens des réveils aux aurores, prenant les 50 moutons, trois vaches et un âne, et j’avais l’habitude d’avoir Loksie le chien, et d’aller pieds nus le matin quand il y avait de la rosée. Le matin, c’est encore humide et puis après ça, tous les kotzim [épines] durcissaient et on marchait dessus et c’est tellement horrible. Ce n’est pas facile », s’est-elle souvenue.
Mais bien qu’elle vive hors d’Israël depuis 2012, Elsana-Alh’jooj reste fidèle à son engagement pour la cause bédouine du pays, la défense des droits de la minorité arabe et en faveur d’une plus grande coopération arabo-juive.
« Je suis peut-être physiquement séparée d’Israël, mais mentalement, je suis vraiment très attachée à ce pays », assure Elsana-Alh’jooj, 47 ans.
« Il n’y a pas un jour où je ne suis pas les nouvelles d’Israël et où je ne discute pas sur Skype avec des ONG israéliennes afin d’élaborer la meilleure stratégie pour aborder un problème, qu’il s’agisse de questions relatives aux femmes, de construire des sociétés et des espaces communs, de promouvoir un système scolaire bilingue en Israël et de donner aux citoyens israéliens le choix d’envoyer leurs enfants dans des écoles juives ou arabes ou des écoles communes », a-t-elle dit.
ICAN, l’organisation dont elle est aujourd’hui la directrice exécutive, a été fondée en 1994 par Jim Torczyner, fils de survivants de la Shoah, et s’appelait à l’origine « programme de McGill pour le Moyen-Orient en matière de société civile et de construction de la paix ». Elle rassemble des Israéliens, des Palestiniens, des Jordaniens et des Syriens qui viennent étudier à la McGill’s School of Social Work, avant de retourner pendant un an dans leurs communautés respectives afin de travailler sur le terrain avec les populations à risque. Un des projets en cours implique des Israéliens juifs et arabes de la ville mixte de Lod, qui collaborent pour améliorer la vie des deux communautés.
Ayant longtemps combattu pour son peuple, Elsana-Alh’jooj est considérée comme un leader dans la communauté bédouine d’Israël et une figure d’autorité en ce qui concerne le statut de la minorité arabe et des femmes en Israël. Elle a milité pour l’émancipation des femmes dans une société bédouine dominée par les hommes, a créé la première organisation de femmes bédouines, est la directrice fondatrice du Centre judéo-arabe pour l’Egalité, l’Autonomisation et la Coopération, a reçu de nombreux prix humanitaires internationaux et a fait partie d’un groupe de 1 000 femmes distinguées nommées collectivement pour le prix Nobel de la paix 2005.
Même à l’étranger, Elsana-Alh’jooj fait d’Israël une grande partie de sa réalité, y compris dans son post-doctorat à Harvard. Elle se concentre sur la violence sexiste, en particulier contre les femmes arabo-israéliennes assassinées par leur mari ou d’autres proches et sur la réaction du gouvernement et des organisations de femmes arabes face à ce problème.
Elsana-Alh’jooj dit qu’elle se rend en Israël plusieurs fois par an.
« Chaque fois que vous quittez Israël et que vous prenez un peu de hauteur, vous voyez les choses différemment », explique Elsana-Alh’jooj. « Mais ma vision reste inchangée. Elle a toujours porté et portera toujours sur la création d’un espace commun pour que Palestiniens et Juifs israéliens puissent vivre ensemble en Israël sur une base d’égalité et de compréhension mutuelle ». (Tout au long de notre entretien, elle a souvent utilisé les termes « Palestinien », « Arabe israélien » et même « Israélien palestinien » de manière interchangeable).
En 1997, lors de son premier séjour à l’étranger, Elsana-Alh’jooj a passé un an à Montréal après avoir été sélectionnée comme boursière pour le programme ICAN. La vie sur le campus et en dehors du campus a eu un grand impact sur elle.
Elsana-Alh’jooj se souvient que peu de temps après son arrivée dans cette ville majoritairement francophone, elle est montée pour la première fois dans un bus, a montré au chauffeur l’adresse de sa destination et lui a demandé de lui dire quand elle devait descendre.
« Le chauffeur m’a regardée et m’a dit : ‘français !' », raconte-t-elle. « Je l’ai regardé et j’ai dit ‘anglais’ parce que je ne parlais pas français. J’étais très stressée parce que mon anglais était si rudimentaire à l’époque, j’étais seule et c’était la première fois que je quittais Israël ».
« J’essayais de communiquer mais il n’était pas prêt à m’aider », continue Alma Elsana-Alh’jooj. « Il a vraiment insisté, en disant ‘français’ et j’ai répondu ‘je ne parle pas français’. Puis, soudain, ne sachant pas quoi faire, j’ai entendu au fond du bus une jeune fille dire quelque chose à sa mère en hébreu ».
Jamais le son de l’hébreu n’avait autant chanté aux oreilles d’Elsana-Alh’jooj.
« J’ai sauté sur cette femme et lui ai demandé en hébreu si elle pouvait m’aider », poursuit-elle. « C’était la première fois que j’ai senti que l’hébreu, que je parlais couramment après l’avoir étudié depuis l’école primaire, était une langue à laquelle j’appartenais, qui faisait partie de ma culture, de ma société et de tout le reste. Donc, pour moi, c’était une expérience intéressante. »
Et d’autant plus, compte tenu de ce que cela a entraîné.
« Cette femme m’a emmené à la bonne adresse et m’a invité dans sa synagogue », a rapporté Elsana-Alh’jooj. « Elle m’a fait me poser une question importante : pourquoi ai-je dû parcourir 9 000 kilomètres pour rencontrer une personne de la communauté juive qui est prête à m’emmener chez elle et à me conduire dans sa synagogue, alors qu’en Israël, parce que nous vivons dans une situation de ségrégation, je n’ai jamais eu l’occasion de visiter une synagogue ? ».
« Ce n’est pas quelque chose qui se fait », a-t-elle dit. « Nous vivons dans nos villages, les Juifs vivent dans leurs villes. Les trois principaux endroits où nous pourrions avoir l’occasion de nous rencontrer en tant que citoyens de l’État sont l’université, le lieu de travail et les espaces publics. Mais même dans les espaces publics, vous ne nous verrez pas nous mélanger. »
Aujourd’hui, Elsana-Alh’jooj se sent extrêmement à l’aise avec les Juifs. Nombre de ses amis et des personnes qu’elle fréquente à Montréal sont Juifs. À plusieurs reprises, les synagogues locales l’ont invitée à s’adresser à leurs congrégations.
Née dans un camp bédouin temporaire près d’Arad en 1972, Elsana-Alh’jooj a grandi dans le village de Laqiya, dans le nord du Néguev. Comme il n’était pas reconnu par l’État à l’époque, le camp n’était pas approvisionné en électricité ni en eau courante. Comme d’autres communautés bédouines traditionnelles, c’était une société patriarcale dans laquelle les femmes étaient victimes de discrimination et où la polygamie était de rigueur.
Aujourd’hui, des décennies plus tard, Elsana-Alh’jooj se plaît à raconter son arrivée dans ce monde en tant que cinquième de 13 enfants. Après quatre naissances de filles consécutives, les parents comptaient sur la prochaine grossesse pour enfin engendrer un fils, ce que la tradition bédouine encense.
« Quand je suis née, le fait que je sois une fille a été une catastrophe pour mes parents, mais pour des raisons différentes », dit Elsana-Alh’jooj. « Si vous demandiez à ma mère, elle vous répondrait qu’elle craignait que mon père n’épouse une deuxième femme, car ils ont toujours reproché aux femmes de donner naissance à une fille. L’inquiétude de mon père était que plus vous avez de filles, moins vous avez de statut dans la tribu, car ils mesurent votre pouvoir en fonction du nombre de mâles que vous avez dans la famille. Mon père avait le sentiment qu’avec ma venue au monde, il devenait une personne plus faible en termes de statut. »
Ses parents l’ont appelée Amal (espoir en arabe), espérant que Dieu leur amènerait un garçon la prochaine fois. Bien sûr, ils ont eu cinq garçons après elle.
En grandissant, Elsana-Alh’jooj était beaucoup plus proche de son père que de sa mère, qui était dure avec elle, car elle était plus sauvage et plus rebelle que ses sœurs.
« J’ai vécu de nombreux moments privilégiés avec mon père qui me traitait de telle manière que je faisais beaucoup de choses que mes sœurs ne faisaient pas », indique la docteure. « Je me souviens que nous avions ces cagettes en bois contenant des oranges de Jaffa et qu’il me mettait dessus en me disant : ‘maintenant, fais-moi un discours sur n’importe quoi’. J’inventais des discours et quand je les faisais, il riait ».
Cet exercice s’est avéré être un bon terrain d’entraînement. Depuis, elle a donné d’innombrables discours, conférences et ateliers en Israël et à l’étranger dans le cadre de son travail de militante, d’organisatrice communautaire, d’oratrice et d’éducatrice. Parfaitement trilingue, en arabe, hébreu et anglais, Elsana-Alh’jooj est de nature gaie, son sourire est lumineux et son rire facile.
Dès son plus jeune âge, elle a été frappée par le contraste entre les conditions de vie dans son village et celles de Beer Sheva, où ses parents l’emmenaient quand elle avait besoin de consulter un médecin.
« On voyait un tout autre paysage », se souvient Elsana-Alh’jooj. « On voyait des bâtiments, des parcs verts et toutes ces belles choses. Puis vous retourniez dans votre village et vous ne voyiez que des chemins de terre et aucune infrastructure. Enfant, je l’acceptais, mais très tôt dans ma jeunesse, j’ai commencé à me poser des questions sur ces choses ».
Cela la conduira à sa quête de changement.
« Très tôt, j’ai pris conscience de deux choses, qui allaient devenir les deux principaux combats de ma vie », dit Elsana-Alh’jooj. « La première était d’être une fille dans un système patriarcal et ma décision de ne pas jouer le rôle de la victime. J’ai aussi pris conscience de mon statut de citoyen de seconde zone en Israël et j’ai voulu me rebeller. Je me souviens avoir pensé : si je me dresse déjà contre ma mère, pourquoi ne pas me dresser contre l’État ? Le fait que je n’ai pas accès à l’électricité et à l’eau uniquement parce que je suis bédouine ou palestinienne est une injustice. »
« Le fait que je n’ai pas l’électricité et l’eau uniquement parce que je suis bédouine ou palestinienne est une injustice ».
« La justice est la justice », ajoute-t-elle. « Je me suis levée, sachant exactement quels étaient mes combats à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de ma communauté. Je les ai toujours combinés, mais parfois, après avoir mené des manifestations et avoir eu le sentiment de réussir sur le plan politique, je retournais dans ma communauté et je sentais qu’il n’y avait aucun moyen d’y apporter des changements ».
« C’est tellement ancré dans la façon dont la communauté bédouine traite les femmes », dit-elle. « Je me suis souvent demandée ce qui était le plus difficile – la lutte politique en Israël, ou la lutte sociale dans ma communauté, le changement du système politique du pays pour m’accepter comme une personne égale ou le changement du système patriarcal pour m’accepter comme un être humain égal dans ma maison. J’ai toujours senti que je devais mener les deux luttes en parallèle. »
Au lycée, Elsana-Alh’jooj a tenu tête à ses parents parce qu’ils avaient accordé des privilèges à ses frères, mais pas à elle. Elle est également devenue de plus en plus active sur le plan politique, de plus en plus extrême dans sa façon de penser et se décrivant comme une « fauteuse de troubles », au grand désarroi de sa mère.
« Quand j’organisais des manifestations à l’adolescence », raconte Elsana-Alh’jooj, « ma mère disait à mon père : ‘elle est folle. C’est la seule fille parmi tous ces hommes qui va là-bas. Tu dois l’arrêter’. Mon père me regardait et me disait : ‘Ne fais pas ça. Tu écoutes ta mère’, mais il me murmurait ensuite ‘Vas-y, vas-y, vas-y’. J’ai toujours senti son soutien. »
Sa tribu bédouine, celle des Elsana, est l’une des 16 tribus du Néguev. Contrairement aux Bédouins plus intégrés dans la société israélienne, dont certains servent dans l’armée israélienne, les Elsana sont très politisés et rejettent le service militaire.
« Je me souviens qu’en 1982, j’ai fait mon premier discours politique », raconte l’universitaire. « J’étais en deuxième année quand nous avons fait une marche, à la fin de laquelle ils m’ont mise sur l’estrade et j’ai lu un discours contre la violence et la guerre, et en faveur de la paix. Après cela, quand il y avait une manifestation contre la démolition des maisons du gouvernement ou le déracinement des arbres de notre village, c’est moi qui prononçais le discours ».
A 15 ans, elle a passé une nuit en prison après avoir été arrêtée pour avoir protesté contre la politique d’Israël envers les Palestiniens dans son lycée, où elle a trafiqué la serrure d’une porte de classe pour que les autres ne puissent pas entrer.
À la prison, deux agents de sécurité l’ont interrogée. Décrivant la situation comme une dynamique bon flic-mauvais flic, l’un d’eux a adopté une approche plus douce tandis que l’autre l’a pressée avec des questions hostiles sur le militantisme politique dans son village.
« Écoutez, vous êtes une fille belle et intelligente », avait dit le policier le plus gentil. ‘Nous savons que vous êtes la meilleure de votre classe. Pourquoi gâcher votre avenir avec ce genre de militantisme ? Je veux que tu aies une éducation. Vous pouvez aider votre communauté davantage de cette façon’. Il était vraiment gentil ».
Utilisant le terme hébraïque pour désigner les Juifs du Moyen-Orient, elle a expliqué que le policier le plus dur était séfarade, tandis que l’autre était ashkénaze. Elle a ajouté que cela a influencé sa perception des Juifs israéliens et de leurs tendances politiques.
« Je ne blâme pas les Juifs séfarades d’être de droite », a-t-elle dit. « Je reproche à l’ensemble du système d’avoir créé une situation où les Juifs séfarades se sont coupés de leur culture arabe et sont durs avec nous parce qu’ils veulent montrer au système ashkénaze qui a établi Israël qu’ils sont égaux, que même s’ils ne sont pas les fondateurs de l’État, ils le protègent ».
Pour en revenir à cette nuit de prison, Elsana-Alh’jooj fait l’éloge du « gentil » flic qui l’a beaucoup marquée.
« Il m’a montré qu’il y a d’autres façons de gérer sa colère, de façon douce », dit-elle. « Cela m’est resté. Je pense que si je n’avais eu qu’un seul gars dur qui me traitait de façon dégoûtante, je serais devenue une terroriste après ça. Mais quelqu’un m’a montré une autre voie, en me disant : ‘tu es intelligente. Tu peux aider ton peuple’. Il a présenté une perspective différente. »
A cette époque, déjà inspirée par le courage et le soutien de sa grand-mère, Amal Elsana-Alh’jooj enseignait aux filles et aux femmes de son village comment lire et écrire afin de leur donner plus de pouvoir. À 17 ans, elle a créé la première organisation de femmes bédouines.
Quatre ans plus tard, en 1993, alors qu’elle vivait toujours à Laqiya, Elsana-Alh’jooj est devenue la première femme de sa tribu à fréquenter l’université, en suivant des études de travail social à l’université Ben-Gurion de Beer Sheva. Elle a été à la tête de l’Union des étudiants arabes, a participé à de nombreuses organisations étudiantes, a interagi avec des Juifs, a eu son premier ordinateur et a considérablement élargi ses horizons avant d’obtenir son diplôme en 1996. À ce moment-là, elle vivait à Beer Sheva dans une résidence étudiante, déterminée à se libérer des limites de son village.
Aujourd’hui, elle est la seule de ses 12 frères et sœurs à vivre en dehors d’Israël, mais elle reste proche d’eux grâce à un contact quotidien via WhatsApp.
Elle dit qu’ils respectent son travail et sont fiers de la reconnaissance internationale qu’elle a acquise. En plus de recevoir de nombreux prix, elle a été sélectionnée comme l’une des 100 leaders d’opinion dans différents domaines pour Genius : 100 Visions. Fondée par un Israélien basé à Toronto, Rami Kleinmann, il s’agit d’une communauté mondiale qui se concentre sur les solutions aux problèmes majeurs.
Comme beaucoup d’Israéliens vivant à l’étranger, Elsana-Alh’jooj insiste sur le fait que sa vie d’expatriée est temporaire. Néanmoins, elle a demandé la citoyenneté canadienne avec son mari, Anwar, ancien avocat en Israël. Originaire d’un village bédouin non reconnu dans le Néguev, il travaille comme organisateur communautaire à Montréal.
« Je vois mon avenir en Israël dans quelques années », affirme l’exilée, qui prévoit de vivre à nouveau à Beer Sheva. « J’ai des rêves et des projets à réaliser là-bas et le fait d’être loin me fait croire que c’est possible, surtout quand je regarde la société canadienne et que je vois comment le multiculturalisme et la diversité peuvent être pratiqués et valorisés ».
Elsana-Alh’jooj reconnaît que la situation des 250 000 bédouins d’Israël, une minorité au sein de la minorité arabe du pays, s’est considérablement améliorée depuis sa jeunesse, mais qu’il reste encore beaucoup à faire. Bien que le nombre de villes bédouines reconnues par l’État ait considérablement augmenté, elle affirme que 82 000 Bédouins vivent toujours dans des villages non reconnus, sans électricité. Elsana-Alh’jooj est encouragée par l’augmentation du nombre de femmes bédouines qui étudient à l’université, ce qui reflète l’importance que les Bédouins accordent désormais à l’enseignement supérieur.
Elle est passionnée par son pays d’origine et aime en parler, en particulier de ses problèmes sociaux et politiques. Bien qu’elle déplore l’évolution inquiétante de la société israélienne, elle est optimiste quant à la possibilité d’un changement positif.
« Lorsque je pense à la façon dont le racisme devient un discours légitime en Israël de la part de la droite, j’ai l’impression que ce que nous avons construit au cours des 20 dernières années de création d’une citoyenneté partagée en Israël en est affecté », regrette-telle.
« Mais je me rappelle aussi que le moment le plus sombre est généralement celui qui précède le lever du soleil », a-t-elle dit. « Donc, je regarde toujours ce qui se passe en Israël en ce moment entre la minorité arabe et la majorité juive et le gouvernement, et je me dis que ce sont peut-être les moments les plus sombres qui amèneront l’aube, qui apporteront bientôt des changements positifs. Parce qu’il y a beaucoup de gens en Israël qui croient vraiment que nous devrions vivre ensemble dans des espaces égaux et partagés. »
Tout en soutenant fermement l’idée d’un État palestinien, Elsana-Alh’jooj a été victime d’abus de la part d’Arabes de Montréal pour avoir défendu le droit d’Israël à exister.
« Souvent, je me suis retrouvée à me battre pour les droits du peuple juif à leur patrie alors que les Palestiniens ou d’autres disent qu’Israël ne devrait pas exister », a-t-elle dit. « Si je crois au droit des Palestiniens à avoir une patrie, je crois absolument au droit du peuple juif à avoir sa patrie. »
« Oui, je critique quel genre de patrie et certaines politiques, mais je défends le droit des Juifs à leur patrie », soutient-elle. « Certains m’ont qualifiée de traître à cause de cela. Mais c’est ce qui arriverait à un Israélien juif qui se battrait pour les droits des Palestiniens. Beaucoup le traiteraient de traître, n’est-ce pas ? Donc, je n’ai pas peur d’être taxée de traître si je crois aux droits humains et aux droits des gens ».
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