L’ONU appelle ses donateurs à apporter 1,2 milliard de dollars aux Palestiniens
Le dirigeant de l'UNRWA a déclaré que 42 pays et institutions avaient augmenté leur financement l'année dernière après les coupes dans l'aide américaine

Nations unies, New York — Vendredi, le chef du polémique Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), a affirmé qu’il espérait que les donateurs seraient aussi généreux cette année que l’année dernière, après que les Etats-Unis ont coupé tous leurs financements du programme à hauteur de 1,2 milliard de dollars à destination d’environ 5 millions de Palestiniens.
Pierre Krahenbuhl a déclaré lors d’une conférence de presse que 42 pays et institutions avaient augmenté leur financement à l’UNRWA l’année dernière. Il a affirmé qu’il s’agissait d’un mouvement sans précédent, ajoutant qu’il était aussi « très remarquable » que chaque promesse de 2018 avait été honorée.
Il a salué la forte mobilisation de la part de l’Europe, des pays du Golfe, de l’Asie, des Amériques et au-delà, ajoutant que « nous étions très inspirés par ce résultat ».
Krahenbuhl a affirmé que l’agence cherchait à obtenir autant pour cette année et espère que les donateurs promettront ce montant à la conférence de mardi au siège des Nations unies.

L’UNRWA a été fondé après la guerre qui a permis la création d’Israël en 1948 afin d’aider les 700 000 Palestiniens qui ont fui ou ont été forcés à fuir leurs maisons.
Des critiques aux Etats-Unis et en Israël ont accusé l’agence d’entretenir le conflit, en définissant le statut de réfugié différemment de la principale agence de réfugiés des Nations unies, et en promouvant une culture de dépendance qui entretient une population en croissance continue de personnes considérées comme réfugiés. Au lieu de travailler pour leur trouver un logement, comme cela se produit avec les autres populations de réfugiés dans le monde, des critiques ont affirmé que l’UNRWA autorisait que le statut de réfugié soit transmis sans fin aux prochaines générations, et ce afin de servir l’objectif politique palestinien d’un retour, même dans les cas où ils ont obtenu une citoyenneté dans un autre pays, comme en Jordanie.
Israël a également accusé les écoles de l’UNRWA de proposer des programmes incitant régulièrement à la haine contre l’Etat juif.
Des responsables israéliens ont appelé à faire fermer l’institution et à ce que les réfugiés soient inclus dans l’organisme qui s’occupe des autres réfugiés à travers le monde, le Haut Commissariat pour les réfugiés des Nations unies (UNHCR).
L’UNRWA affirme qu’il fournit simplement des services jusqu’à ce qu’une solution politique soit trouvée. Il rejette la critique, affirmant que les réfugiés d’autres conflits – qui sont pris en charge par l’UNHCR – gardent aussi leur statut. L’UNRWA affirme qu’il mène une mission mandatée par les Nations unies qui reflète la volonté politique de la communauté internationale. Selon l’institution, le meilleur moyen de résoudre le problème des réfugiés est de trouver une solution politique au conflit.

/ AFP PHOTO / SAID KHATIB
Aujourd’hui, l’UNRWA fournit une éducation à 500 000 étudiants palestiniens, des soins dans 144 centres de santé qui gèrent 8,5 millions de visites de patients chaque année, et des services sociaux pour environ 5 millions de Palestiniens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, mais aussi en Jordanie, en Syrie et au Liban. L’agence est aussi un employeur important dans les zones palestiniennes.
Krahenbuhl affirme que l’UNRWA a couvert ses dépenses pour les cinq premiers mois de 2019 « d’une manière équitable et stable… et que c’est positif ».
Mais, il a déclaré qu’en « juin, nous avons commencé à avoir des chiffres en déficit ».
Lors de la conférence de mardi, Krahenbuhl a déclaré « si chaque donateur pouvait préserver et maintenir le niveau de contribution atteint en 2018″, nous serions capables de couvrir tous les besoins financiers de l’UNRWA ».
Il a appelé à des financements immédiats afin d’éviter toute interruption des services.
Selon Krahenbuhl, la vraie question est de savoir s’il y aura assez d’argent pour que les écoles soient ouvertes à la rentrée scolaire, fin août ou début septembre.
Les gouvernement américain a contribué à hauteur de 360 millions de dollars à l’UNRWA, mais l’administration Trump a réduit son financement à 60 millions de dollars l’année dernière et ne va rien donner cette année.

(SAID KHATIB/AFP)
En annonçant la coupe totale dans le financement, l’administration Trump a qualifié l’UNRWA « d’institution irrémédiablement biaisée ». L’administration américaine a déclaré que les Etats-Unis ne paieront plus une « part vraiment disproportionnée » des coûts de l’UNRWA et a critiqué le « modèle de fonctionnement fondamental et les pratiques fiscales » de l’agence et « de la population en croissance continue et infinie des bénéficiaires d’aides ».
La conférence de l’UNRWA a lieu le même jour où les architectes du plan américain attendu de longue date pour une paix israélo-palestinienne – Jared Kushner, le beau-fils de Trump, et Jason Greenblatt, l’envoyé spécial du président pour les négociations internationales – présentent leur plan économique pour les Palestiniens à un atelier de travail au Bahreïn. Les Palestiniens boycottent la conférence.
Krahenbuhl a déclaré aux journalistes que « contrairement à ce que vous pouvez attendre, je ne vois aucun élément de tension entre une conférence et un atelier de travail qui est organisé au Bahreïn et notre propre objectif ».
« Notre objectif est très immédiat, a-t-il déclaré, en soulignant que l’UNRWA s’occupe de l’éducation, des soins de santé et de l’alimentation d’un million de Palestiniens à Gaza et dans d’autres services « pas dans deux ans, mais aujourd’hui et demain ».
Krahenbuhl a déclaré que l’UNRWA se focalise sur l’application immédiate de son mandat, alors que les discussions au Bahreïn « ont de la valeur » mais ne sont pas immédiates.
« Nous allons simplement être très, très concentrés sur notre événement… et nous cherchons à obtenir tout le soutien nécessaire », a-t-il dit.