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L’ONU exhorte Damas à autoriser l’aide après l’extension de la trêve

"On ne veut pas juste l'arrêt des bombes. On veut des légumes et de carburant", a déclaré un habitant d'Alep

Un garçon syrien sert du jus de fruit au troisième jour de l'Aïd al-Adha, dans la ville contrôlée par les rebelles de Hamouria, près de Damas, au deuxième jour d'un cessez-le-feu, le 14 septembre 2016. (Crédit : AFP/Abd Doumany)
Un garçon syrien sert du jus de fruit au troisième jour de l'Aïd al-Adha, dans la ville contrôlée par les rebelles de Hamouria, près de Damas, au deuxième jour d'un cessez-le-feu, le 14 septembre 2016. (Crédit : AFP/Abd Doumany)

L’ONU a exhorté jeudi Damas à autoriser « immédiatement » la distribution de l’aide humanitaire aux villes syriennes assiégées, qui reste bloquée malgré la prolongation de la trêve des combats pour 48 heures.

L’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a exprimé sa frustration jeudi face à l’impossibilité de distribuer la nourriture aux centaines de milliers de Syriens qui l’attendent.

« Nous avons besoin de la permission finale. C’est quelque chose qui est nécessaire immédiatement », a déclaré M. de Mistura devant la presse à Genève. « C’est particulièrement regrettable, nous perdons du temps. La Russie est d’accord avec nous sur ce point », a-t-il ajouté.

Cet appel fait suite à celui du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, qui avait demandé mercredi à Washington et Moscou de contribuer à débloquer la livraison de l’aide humanitaire.

Le blocage concerne en particulier Alep, la grande ville divisée du nord, où l’impatience croît chez les 250 000 habitants qui y sont assiégés dans les quartiers rebelles depuis deux mois et qui manquent de tout.

Des enfants syriens jouent dans la rue au troisième jour de l'Aïd al-Adha, dans la ville contrôlée par les rebelles de Hamouria, près de Damas, au deuxième jour d'un cessez-le-feu, le 14 septembre 2016. (Crédit : AFP/Abd Doumany)
Des enfants syriens jouent dans la rue au troisième jour de l’Aïd al-Adha, dans la ville contrôlée par les rebelles de Hamouria, près de Damas, au deuxième jour d’un cessez-le-feu, le 14 septembre 2016. (Crédit : AFP/Abd Doumany)

« A quoi sert le prolongement de la trêve si nous restons assiégés? », s’écrie Abou Ibrahim, un habitant du secteur qui n’a pas reçu d’aide internationale depuis le 7 juillet. « Avant, nous mourrions des bombardements, aujourd’hui nous allons mourir de faim », se lamente cet homme de 53 ans.

Les armes se sont pourtant tues à Alep comme sur les autres fronts depuis l’entrée en vigueur, lundi soir, de la trêve décidée par les Etats-Unis et la Russie.

D’après l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), « aucun mort parmi les civils ou les combattants n’étaient à déplorer depuis lundi » dans les zones concernées par la trêve, c’est-à-dire excluant celles où sont actifs les groupes jihadistes.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry (à gauche) et le ministre russe des Affaires étrangères Serguei Lavrov (à droite) pendant une conférence de presse sur la crise syrienne à Genève, le 9 septembre 2016. (Crédit : AFP/Fabrice Coffrini)
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry (à gauche) et le ministre russe des Affaires étrangères Serguei Lavrov (à droite) pendant une conférence de presse sur la crise syrienne à Genève, le 9 septembre 2016. (Crédit : AFP/Fabrice Coffrini)

Constatant la baisse notable des violences, le secrétaire d’Etat américain John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov se sont mis d’accord mercredi pour renouveler le cessez-le-feu pour 48 heures supplémentaires, jusqu’à vendredi soir, comme le préconise l’accord qu’ils ont négocié.

L’armée russe a cependant accusé jeudi les États-Unis de ne pas remplir leur part des engagements prévus par l’accord en ne faisant pas assez pression sur les rebelles pour qu’ils prennent leurs distances avec les jihadistes.

« Il semble que l’objectif d »écran de fumée verbal’ de Washington soit de cacher le fait qu’il ne remplit pas sa part des engagements, en premier lieu sur la séparation des rebelles modérés d’avec les terroristes », a accusé le porte-parole du ministère de la Défense.

‘On veut du carburant’

Une vingtaine de camions devant acheminer de l’aide humanitaire de l’ONU dans l’est d’Alep ont « franchi la frontière » turque et attendent dans une « zone tampon » située entre la Turquie et la Syrie, a annoncé jeudi l’ONU qui espère une distribution vendredi.

« Les 20 camions ont franchi la frontière turque, ils sont dans une zone tampon entre la Turquie et la frontière syrienne », a déclaré aux médias un haut responsable des Nations unies, Jan Egeland, exprimant l’espoir que l’aide soit distribuée vendredi dans les quartiers rebelles assiégés de l’est d’Alep.

Ces camions « sont prêts à prendre la route immédiatement », a-t-il ajouté.

Staffan de Mistura a toutefois expliqué que le convoi ne pouvait pas partir tant que les conditions de sécurité sur la route de Castello, axe principal menant à l’est d’Alep, n’étaient pas garanties.

Concrètement, les Nations unies attendent que la démilitarisation de cette route, prévue dans l’accord conclu entre Washington et Moscou, soit mise en œuvre pour acheminer de l’aide dans l’est d’Alep, a-t-il dit.

Une fois la démilitarisation de la route de Castello effectuée, l’ONU enverra une « simple notification » au gouvernement syrien donnant des détails sur l’aide se trouvant dans les camions qui seront « scellés », a expliqué Mistura, soulignant que l’acheminement de l’aide à Alep bénéficiait d’un « statut spécial ».

Les autorités syriennes n’auront ainsi pas le droit de vérifier ce qui se trouve dans les camions. Une fois la distribution effectuée, les Nations unies enverront une nouvelle « notification » à Damas précisant les quantités d’aide remises, a précisé l’envoyé spécial.

Moscou, allié du régime, a par ailleurs prévenu que des obus de mortier lancés par les rebelles sur la route faisaient peser une menace sur le retrait des troupes syriennes.

Jean-Marc Ayrault lors des cérémonies du 11 novembre 2012 (Crédit : Remi Jouan/Wikimedia Commons)
Jean-Marc Ayrault lors des cérémonies du 11 novembre 2012 (Crédit : Remi Jouan/Wikimedia Commons)

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, a signalé que l’arrivée de l’aide était un « test » clé de la solidité de l’accord russo-américain. « Sinon l’annonce d’un cessez-le-feu ne sera pas crédible », a-t-il prévenu.

« On ne veut pas juste l’arrêt des bombes. On veut des légumes et de carburant », a déclaré à l’AFP Moustapha Morjane, un habitant de 30 ans du quartier rebelle d’Alep de Zabdiyé. « Comment cuisiner pour nos enfants si nous n’avons pas de carburant? ».

La trêve a été obtenue après des semaines de discussions entre Washington et Moscou, soutiens respectifs de la rébellion et du régime. Elle vise à favoriser une reprise du processus de négociation pour mettre fin au conflit qui a fait plus de 300 000 morts et des millions de déplacés et de réfugiés depuis mars 2011, selon l’OSDH.

La rébellion, affaiblie sur le terrain, n’a pas donné son accord formel à la trêve.

Comme lors de la précédente trêve fin février, les groupes jihadistes comme l’organisation Etat islamique (EI) et Front Fateh al-Cham (ex-Front Al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaïda) sont exclus du cessez-le-feu.

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