L’organisateur de la Gay Pride de Jérusalem rapporte à la police les menaces reçues
Son directeur a fait savoir que l’événement, programmé le 1er juin prochain, "aurait lieu" ; il demande aux forces de l’ordre de faire le nécessaire auprès des auteurs des menaces
Aux dires de son principal organisateur, la prochaine Gay Pride de Jérusalem fait d’ores et déjà l’objet de menaces de mort répétées.
L’organisateur de la « Journée portes ouvertes de Jérusalem pour la fierté et la tolérance » a déclaré, dimanche, avoir signalé à la police l’existence de menaces liées à l’événement, programmé le 1er juin dans la capitale israélienne.
« Nous sommes habitués à ce que la communauté LGBT fasse l’objet de manifestations de haine de la part d’organisations et d’individus extrémistes », a expliqué le directeur exécutif de la Journée portes ouvertes de Jérusalem, Alon Shachar, dans un communiqué.
« La Gay Pride aura lieu et il y aura de la place pour tout le monde, du moins tous ceux qui ont foi en l’amour, la tolérance, la liberté et l’égalité. »
Shachar a demandé à la police d’être prête à faire face à ces menaces « afin d’assurer la sécurité des manifestants et de permettre au défilé de se dérouler en toute sécurité ».
Contrairement à la version de Tel Aviv, la Gay Pride de Jérusalem est entourée d’importantes mesures de sécurité et de restrictions depuis qu’un extrémiste ultra-orthodoxe, Yishai Schlissel, a poignardé à mort l’adolescente Shira Banki lors du défilé de 2015.
Selon les responsables de la Journée portes ouvertes de Jérusalem, l’une des menaces disait : « J’espère que Yishai Schlissel sera là pour terminer le travail qu’il a commencé… Comment est-il possible de célébrer une maladie mentale ? »
Schlissel avait perpétré l’attaque en 2015, quelques semaines seulement après avoir purgé une peine de 10 ans de prison pour avoir poignardé et blessé des manifestants lors de la Gay Pride de 2005. Il purge actuellement une peine de prison à vie.
La Journée portes ouvertes de Jérusalem a également publié un courriel de menace reçu il y a peu, disant : « Votre place n’est pas sur le mur mais sur l’arbre, pendu au bout d’une corde très épaisse et hissé sur la place de la ville, pour que tout le monde puisse le voir. »
Des menaces similaires avaient été proférées avant le défilé de l’an dernier, et un suspect avait été interpelé avant l’événement. Une dizaine de personnes avaient par ailleurs été arrêtées durant la journée, soupçonnées de vouloir s’en prendre aux manifestants.
Programmé le 1er juin prochain, le défilé de cette année donnera le coup d’envoi d’une série d’événements à l’échelle du pays en l’honneur du Mois de la fierté LGBTQ.
À l’occasion de la Gay Pride 2022, Mickey Levy avait été le premier président de la Knesset à prendre la parole lors d’un tel événement. On ignore à ce stade si l’actuel président de la Knesset, Amir Ohana, le premier homosexuel à occuper cette fonction, y participera cette année. Il avait défilé dans la capitale lorsqu’il était ministre de la Justice, en 2019.
Le défilé de cette année devrait donner lieu à une petite contre-manifestation d’extrémistes, du même ordre que celle à laquelle ont, par le passé, pris part l’actuel ministre des Finances, Bezalel Smotrich, et le ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir. Smotrich a d’ailleurs été à l’origine d’une « parade des animaux » destinée à assimiler les membres de la communauté LGBTQ à des animaux, ce qu’il a dit, plus tard, regretter.
Le député anti-LGBTQ Avi Maoz a déclaré en 2022 qu’il « veillerait » à ce que la Gay Pride de Jérusalem soit annulée une fois qu’il entrerait au gouvernement, affirmation que le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait réfutée à l’époque.
Le mois dernier, Maoz – qui a fait de l’activisme anti-LGBTQ un des chevaux de bataille du programme électoral de son parti, Noam – s’est dit « gêné » par la présence du mari d’Ohana lors d’événements officiels, affirmant que chacune de leur apparition conjointe est une forme d’« endoctrinement » contre les lois juives.