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'Ce qu'ils aiment, c'est une France morte'

Lucas Belvaux : « Le FN est une formation raciste, antisémite »

"C'est un parti qui se dit patriote mais qui déteste la France telle qu'elle est", a déclaré le réalisateur de "Chez nous"

Lucas Belvaux, réalisateur belge, à Paris, le 13 février 2010. (Crédit : Pierre Verdy/AFP)
Lucas Belvaux, réalisateur belge, à Paris, le 13 février 2010. (Crédit : Pierre Verdy/AFP)

Le Front nationale (FN) est une formation « raciste, antisémite » qui « aime une France morte », a déclaré dans une interview à L’Humanité le cinéaste Lucas Belvaux, dont le film « Chez nous » qui sort mercredi est clairement inspiré du FN.

« C’est un parti qui se dit patriote mais qui déteste la France telle qu’elle est, avec ses identités multiples. Ce qu’ils aiment, c’est une France morte », a lancé le cinéaste, interrogé sur « la visée » du film.

Une infirmière dévouée instrumentalisée par un parti d’extrême droite pour s’implanter dans une ville ouvrière : avec le film « Chez nous », Lucas Belvaux veut influer sur la présidentielle en France, alors que Marine Le Pen caracole en tête des sondages à deux mois du scrutin.

« Nous avons tout fait pour le sortir juste avant l’élection présidentielle. ‘Chez nous’ s’adresse aux gens en colère et cherche à les représenter, avec leurs difficultés, leur impression d’avoir été trahis. Je veux que les électeurs comprennent ce qu’ils cautionnent exactement en votant FN », a expliqué le réalisateur belge, installé en France, dans un entretien à l’hebdomadaire Télérama.

https://youtu.be/CnzMWnTOnt8

Le film, qui sort en France mercredi, montre un parti d’extrême droite qui bombarde Pauline, une modeste infirmière appréciée de tous, candidate aux élections municipales d’une petite ville du nord de la France, aux côtés de la dirigeante du parti, dont les cheveux blonds et le verbe haut évoquent Marine Le Pen.

Le titre renvoie à un slogan, régulièrement scandé dans les meetings du Front national : « On est chez nous ».

Le récit s’ouvre sur des images de terril et de corons, ces petites maisons ouvrières en briques alignées, typiques du nord de la France, marqué par la désindustrialisation et un fort taux de chômage.

Ce fief traditionnel de la gauche est devenu le nouveau bastion du Front national : le parti, qui a longtemps prospéré dans le sud-est, y réalise depuis quelques années ses meilleurs scores électoraux.

« La révolution, vous avez fait qu’en parler, nous on va la faire », assène dans le film Pauline, femme de gauche qui ne croit plus en la politique, face à son père, vieux militant communiste choqué par son engagement.

‘Dédiabolisation’

Dans un premier temps, l’extrême droite a violemment attaqué le film, qualifié de « film de propagande anti-FN » réalisé par des « émules de Goebbels » par le député frontiste Gilbert Collard.

Florian Philippot lors de la présentation du programme présidentiel du FN, à Paris, le 19 novembre 2011. (Crédit : Gauthier Bouchet/CC BY-SA 3.0/WikiCommons)
Florian Philippot lors de la présentation du programme présidentiel du FN, à Paris, le 19 novembre 2011. (Crédit : Gauthier Bouchet/CC BY-SA 3.0/WikiCommons)

Mais lundi, le vice-président du Front national, Florian Philippot, a assuré « se réjouir de ce film », parce qu’il fait « gagner des voix » au parti, par son « mépris de classe ». Ce qui n’a pas stoppé le flux des tweets virulents.

Les partisans décrits par le film ne sont pas tous caricaturés comme des extrémistes : beaucoup sont des laissés pour compte de la société, victimes de la mondialisation, des services publics qui se délitent, de l’insécurité, hostiles aux manifestations extérieures de l’islam… et sensibles aux promesses de justice sociale et d’un Etat « fort et protecteur ».

C’est le terreau qui a permis au FN de devenir en 2014 le premier parti de France lors des élections européennes, avec près de 25 % des voix au premier tour.

Marine Le Pen, qui se qualifierait selon tous les sondages haut la main pour le second tour de la présidentielle d’avril-mai, où la gauche part divisée et la droite très affaiblie par un scandale financier, a réussi son pari d’adoucir son image et celle du parti fondé par son père, le sulfureux Jean-Marie Le Pen, aux diatribes antisémites et xénophobes.

C’est cette fameuse stratégie de « dédiabolisation » qu’a voulu dénoncer Lucas Belvaux : il veut « montrer comment le discours change en surface sans changer sur le fond » en confrontant un parti en quête de respectabilité à son passé, notamment aux dérives violentes de ses militants de la première heure, membres de groupuscules identitaires.

Dans le film, Pauline, mère célibataire, qui incarne le visage « présentable » du mouvement est ainsi sommée de choisir entre son engagement politique et son amant Stanko, exclu du parti parce qu’il n’a pas voulu renoncer aux méthodes musclées : il tabasse à l’occasion des voleurs roms.

Certains disent, dans le film et dans la réalité, que « le père et la fille, c’est pas la même chose », mais Lucas Belvaux insiste sur la continuité entre les générations.

Le docteur Berthier, notable affable et membre de longue date du parti, tance ainsi Stanko, adepte du treillis et de la matraque : « C’est pas se renier que mettre un costume, c’est changer de stratégie, pas changer d’objectif […]. On n’a jamais été aussi près du pouvoir. »

« Ce que l’on voit publiquement de Marine Le Pen est une fabrication, estime Lucas Belvaux. J’ai regardé d’autres dirigeants d’extrême droite en Europe. Ils sortent du même moule ». Le cinéaste belge parle dans l’interview du « besoin d’un vrai débat sur la nation », expliquant que « le récit national du FN est également une fiction ».

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