L’UE condamne les démolitions israéliennes à Jérusalem-Est
En plus des démolitions au camp de réfugiés de Shuafat, l'Europe a condamné aussi la décision de construire des quartiers de la capitale au-delà de la Ligne verte
L’Union européenne (UE) a condamné samedi la démolition par Israël d’une vingtaine de structures commerciales dans le camp de réfugiés de Shuafat qui s’est déroulée mercredi, dans le cadre d’une nouvelle politique mise en oeuvre par la municipalité qui vise à élargir la portée de l’autorité municipale au-delà de la barrière de sécurité.
« L’Union européenne est fortement opposée à la politique israélienne d’implantations qui sont illégales selon le droit international, ainsi qu’aux actions entreprises dans ce contexte telles que les transferts forcés, les évictions et les démolitions », a affirmé un communiqué émis par le porte-parole des Affaires étrangères et de la Politique de sécurité au sein de l’Union européenne. L’UE attend des autorités israéliennes qu’elles reconsidèrent et reviennent sur leurs décisions ».
Le communiqué a également dénoncé les plans israéliens de construction de logements dans les quartiers de Ramat Shlomo et Ramot, à Jérusalem-Est.
« La politique de construction d’implantations et d’expansion à Jérusalem-Est continue à saper la possibilité d’une solution à deux Etats viable, avec Jérusalem comme future capitale des deux Etats, ce qui est la seule manière réaliste de conclure une paix juste et durable », a continué le communiqué.
La Commission de planification et de construction de Jérusalem a approuvé, au début du mois, 90 logements au sein du quartier Gilo et 150 à Ramat Shlomo.
Mercredi, la municipalité de Jérusalem a démoli 16 vitrines et trois stations-services sur la principale rue commerciale du camp de réfugiés de Shuafat, à Jérusalem-Est.
Les autorités israéliennes sont entrées dans le camp avec des pelleteuses tandis que la police formait un périmètre de sécurité, selon un journaliste de l’AFP.
Les magasins, construits sans permis dans une partie de la ville qui a été longtemps négligée, sans autorité municipale ou presque depuis des décennies, n’ont appris la démolition des structures que 12 heures avant.
Au cours de la démolition, la police a fermé la rue et empêché tout mouvement dans la zone, bloquant les résidents dans le quartier, a accusé un groupe des droits de l’Homme.
Selon la police, ces destructions ont été faites en raison de plaintes déposées par des habitants du camp de réfugiés. Elle a fait savoir qu’elles avaient ciblé « des magasins construits illégalement dans le centre du camp qui ont entraîné une circulation routière insupportable et une sur-affluence ».
« La municipalité continuera à mener des activités avec le soutien de la police contre les commerces illégaux dans les différents secteurs », a dit un communiqué des forces de l’ordre.
Ahmad Abu Holy, chef du département des réfugiés de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), a condamné ces démolitions auprès de l’agence officielle palestinienne WAFA, disant qu’elles avaient été faites « sous le prétexte illégal de constructions sans permis ».
Khader Dibs, responsable du camp de réfugiés, qui est entouré par la barrière de sécurité israélienne et qui est le seul camp de ce type dans Jérusalem, a également dénoncé ces destructions et a indiqué que les boutiques avaient été construites en 2007.
Cette initiative a été l’acte de démolition le plus significatif dans le secteur depuis la construction de la barrière de sécurité, il y a plus d’une décennie.
Le mois dernier, le maire sortant Nir Barkat a annoncé qu’il élargirait l’application des ordonnances municipales à Shuafat et à d’autres quartiers au-delà de la barrière de sécurité, et qu’il commencerait également à moderniser massivement l’accès aux services de la ville, comme la collecte des ordures, dans cette zone.
Au mois de mai dernier, la police de Jérusalem a ouvert son tout premier commissariat au camp de réfugiés de Shuafat lors d’une cérémonie à laquelle ont assisté le ministre de la Sécurité intérieure Gilad Erdan, le commissaire de la police Roni Alsheich et Barkat.
Malgré l’annexion officielle par Israël des quartiers de la ville situés au-delà de la Ligne verte – une initiative qui n’est pas reconnue par la communauté internationale – les quartiers arabes de Jérusalem-Est souffrent de négligence et d’infrastructures médiocres. Les résidents palestiniens refusent de voter lors des élections municipales de Jérusalem afin de ne pas reconnaître cette annexion de-facto des quartiers qui, espèrent-ils, deviendront la capitale future d’un Etat palestinien.
Le commissaire-adjoint Yoram Halevy, qui commande la police israélienne, a dirigé une restructuration et une expansion majeures des forces de l’ordre dans les quartiers Est de la ville au cours des deux dernières années.
L’AFP a contribué à cet article.